Quel homme exceptionnel que ce
Louis Lecoin qui jamais n'a dévié d'un iota de ses convictions, les assumant toujours et en tout lieu, et payant pour cela le prix fort : 12 années de prison pour son combat pacifiste et son refus de faire la guerre. Un acharnement de l'Etat et de l'institution militaire qu'on peine à imaginer de nos jours. Les objecteurs de conscience (on ne les appelait pas ainsi à l'époque) étaient jetés en prison où ils pourrissaient parfois pendant plus de 10 ans.
Lecoin, militant anarchiste, d'une origine paysanne misérable et qui avait vu ses parents (et lui-même) ployer sous le poids des inégalités et de l'oppression, a très jeune eu cette conscience politique, cette lucidité, cette honnêteté indéfectible aussi, et une confiance dans l'avenir qu'à l'aune des évolutions actuelles on jugera naïve ou utopique, mais tellement belle aussi.
Et, à plus de 70 ans, le voilà qui se lance dans son dernier combat, une grève de la faim qui le mènera au seuil de la mort pour faire plier le gouvernement de de Gaulle et forcer ce dernier a donner (enfin) un statut aux objecteurs de conscience qui leur épargnent la prison. Un nom à présent presque oublié et à qui, pourtant, on doit tant.
Quand on pense que des hommes comme Kissinger, Begin, Sadate,
Al Gore ou tant d'autres ont obtenu le prix Nobel de la paix. En voilà un, enfin, qui le méritait vraiment, et à qui l'institution norvégienne aurait dû le donner. Mais, consacrer de la sorte un simple militant anarchiste, allons donc, vous n'y pensez pas !