Pourquoi écrire une einième chronique sur ce best-seller international, après près de 1.000 critiques sur Babelio ? J'ai beaucoup hésité et puis je me suis décidée pour deux raisons : cela me permettait de reporter le moment où la lecture s'achève… et là, je ne peux guère faire plus ; j'ai fait durer le plaisir de ce livre un mois durant !!! ; la seconde raison, est que pour toute décision aussi tardive de découvrir un texte reporté depuis si longtemps dans sa découverte, il a fallu un « déclic »… et ce déclic fut la lecture du roman et le travail de recherches extraordinaires de Sep Sacey sur
Harper Lee, qui me décida enfin…Ses « Heures furieuses ou le manuscrit perdu de
Harper Lee » me permit de franchir le pas… et j'avais envie de mettre ce texte an avant, en parallèle avec ce roman !
Le plus grand mal à quitter les personnages… et surtout beaucoup de tristesse à quitter notre rebelle-garçon-manqué, Jean-Louise , surnommée Scout, qui m'évoque beaucoup son auteure, quand on regarde ses photographies, sa physionomie, aux cheveux très courts , au sourire et aux yeux débordants de malice !:
« le problème de mes vêtements rendait tante Alexandra fanatique. Je ne pourrais jamais être une dame si je portais des pantalons; quand j'objectais que je ne pourrais rien faire en robe, elle répliqua que je n'étais pas censée faire des choses nécessitant un pantalon. La conception qu'avait Tante Alexandra de mon maintien impliquait que je joue avec des fourneaux miniatures, des services à thé de poupées, que je porte le collier qu'elle m'avait offert à ma naissance-auquel on ajoutait peu à peu des perles; il fallait en outre que je sois le rayon de soleil qui éclairait la vie solitaire de mon père. Je fis valoir qu'on pouvait aussi être un rayon de soleil en pantalon, mais Tatie affirma qu'il fallait se comporter en rayon de soleil, or, malgré mon bon fond, je me conduisais de plus en plus mal d'année en année. Elle me blessait et me faisait constamment grincer des dents, mais, quand j'en parlais à Atticus, il me répondit qu'il y avait assez de rayons de soleil dans la famille et que je n'avais qu'à continuer à vivre à ma façon, peu lui importait la manière dont je m'y prenais.( p. 131)
Que dire de nouveau de ce livre incontournable dont le succès ne se dément pas depuis soixante ans… ?
Comme presque tous ses lecteurs, j'ai été sous le charme absolu des personnages, dont Atticus, homme de bien et Scout, digne fille de son père, auxquels on ne peut que s'attacher, et en faire nos « compagnons » le temps de ce roman captivant, émouvant, drôle, avec du suspens, le souhait très fort que l'avocat, Atticus réussisse à sauver son client noir ; dans ses descriptions des villageois, des voisins…des mentalités en Alabama , du poids terrible de la religion, de la bigoterie, de la ségrégation raciale!
Un frère, Jem, et une soeur, Jean-Louise, prénom bien choisi pour notre héroïne, garçon manqué fini, qui ne s'en laisse pas conter, hormis la parole d'un père adoré, qu'elle nomme jamais « papa » mais Atticus, avocat défendant tout un chacun, noirs compris, homme pondéré, bienveillant, aimant et enseignant à ses enfants, par sa manière d'être , de vivre avec les autres, la tolérance…envers chaque personne.
« - Tu défends les nègres, Atticus? lui demandais je le soir même.
- Bien sur. Ne dis pas "nègre", Scout, c'est vulgaire.
- Tout le monde dit ça, à l'école.
- Désormais, ce sera tout le monde sauf toi... »
« Vois-tu Scout,il se présente au moins une fois dans la vie d'un avocat une affaire qui le touche personnellement. Je crois que mon tour vient d'arriver. Tu entendras peut-être de vilaines choses dessus,à l'école, mais je te demande une faveur: garde la tête haute et ne te sers pas de tes poings. Quoi que l'on dise , ne te laisse pas emporter. Pour une fois,tâche de te battre avec ta tête...elle est bonne ,même si elle est un peu dure.
-On va gagner , Atticus?
-Non ,ma chérie.
-Alors pourquoi...
-Ce n'est pas parce qu'on est battu d'avance qu'il ne faut pas essayer de gagner. »
Et ce qui nous prend de plein fouet c'est le choix très ingénieux de
Harper Lee de donner la parole à cette petite fille de huit ans, Scout...qui apprend la vie, les injustices, le racisme, la méchanceté ...toutefois protégée par l'amour d'un père lumineux et d'un grand frère courageux et solidaire des causes et convictions paternelles... La vivacité et l'esprit curieux de cette gamine- garçon -manqué...transfigure la narration !
Cette édition en livre de poche est enrichie d'une postface d'
Isabelle Hausser, très éclairante sur le contexte, la personnalité et le parcours de Nell
Harper Lee.
“En 1961, le roman reçut le Prix Pulitzer. En 1962, le film, dans lequel Gregory Peck interprétait Atticus Finch, reçut trois oscars. Depuis, le roman de
Harper Lee n'a jamais quitté les rayons des librairies. Il s'en est vendu dans le monde entier plus de trente millions d'exemplaires à ce jour, il a été traduit en trente langues et est au programme de la plupart des lycées américains et anglais. Dans un sondage réalisé au début de ce siècle, les libraires américains l'ont placé en tête des romans américains qui ont marqué le XXe siècle. (p. 436)”
Voir ma chronique sur "les Heures furieuses..."
https://www.babelio.com/livres/Cep-Les-heures-furieuses/1272753/critiques/2786826