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sur 10992 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il est des romans dont on se demande pour quelle raison on ne les a pas lus plus tôt... Cela a été le cas pour moi avec : Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur de Harper Lee. Pas étonnant que ce livre ait été un best-seller mondial, car il est porté par la grâce de son écriture, l'indéniable souveraineté des thèmes évoqués et la galerie de personnages dont la forte présence s'impose à nous.
C'est d'abord Scout, la narratrice qui fait vivre à nos yeux la petite fille qu'elle a été. Toujours en salopette, casse-cou, bagarreuse, elle est terriblement dérangeante en raison du regard acéré qu'elle porte sur le monde des adultes. Elle forme avec son frère Jem et Dill, un compagnon de vacances à l'imagination débordante, un trio infernal qui joue à se faire peur et n'hésite pas au prix de mille et une ruses, toutes plus drôles les unes que les autres à enfreindre les interdits formulés par leur avocat de père, Atticus et Calpurnia, la cuisinière noire, car le cadre du roman est la petite ville de Maycomb en Alabama. Je suis admirative de la façon avec laquelle Harper Lee a su retrouver la "voix de l'enfant" à travers de savoureux dialogues et des scènes inénarrables comme celles où Scout conte ses premiers jours d'école et où le monde des "petits Blancs" du Sud des Etats-Unis percute de plein fouet l'univers aseptisé et plein de bonnes intentions pédagogiques de leur institutrice Miss Caroline.
Car si le monde de l'enfance est largement évoqué dans ce roman,sont aussi abordés des thèmes très éloignés "du vert paradis des amours enfantines". Ce que Harper Lee évoque avec beaucoup de justesse et par petites touches, c'est le Sud profond, à l'époque de la Grande Dépression de 1929. Celui d'un communautarisme blanc, crispé sur ses privilèges pour certaines grandes familles déchues, comme celle à laquelle appartient Atticus Finch et ses enfants Scout et Jem, et qui ne remettent pas des conséquences politiques et sociales liées à la guerre de Sécession. C'est aussi le repli communautaire de celles et ceux qui vivent en marge, comme les Ewell, dans "ce qui était jadis une cabane de Noirs", derrière la décharge publique. Un univers où misère sociale, ignorance, animalité se côtoient et laissent peu d'espoir à qui voudrait briser ce cercle infernal, tant le rejet et la stigmatisation de l'autre, de l'étranger sont forts dans cette communauté très fermée de Maycomb. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'une autre famille celle des Radley est tenue à l'écart. Adeptes d'une forme très austère du courant évangélique baptiste, ils sont victimes des rumeurs les plus folles, surtout le fils Boo, que personne n'a vu sortir de sa maison depuis des années et qui alimente à ce titre des peurs superstitieuses dont les enfants sont les premiers colporteurs.
Un monde cloisonné, étriqué avec ses notables, ses exclus et dont le seul ciment, en dehors de la religion, est un racisme solidement ancré. Cette injustice fondamentale dont est victime la communauté noire, Harper Lee nous la fait vivre à travers le procès de Tom Robinson, accusé à tort d'avoir violé Mayella Ewell. Presque toute la deuxième partie du roman est centrée sur cet affrontement , par procès interposé,entre les communautés noire et blanche. C'est à ce moment que le personnage d'Atticus va prendre toute sa dimension, celle d'un homme profondément respectueux des droits de l'humain quelle que soit sa couleur de peau et il va se comporter comme un juste, avec une grande retenue dans les actes et les paroles et en même temps une détermination sans failles. Ce qui pourrait lui coûter cher mais je n'en dirai pas plus...
La fin du roman est superbe. On bascule, après des moments de très forte tension dramatique dans un univers onirique très proche du conte, où surgit sous un tout autre jour, un personnage, resté dans l'ombre jusque là.
Bref, un très beau et grand roman qui mérite bien le succès qui est le sien...
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Comme on savoure un bon sabayon, j'ai dégusté le récit de Scout Finch. Avec elle j'ai plongé dans l'Alabama des années 30, j'ai découvert ma première neige, le mystérieux voisin Boo Radley a hanté mes nuits, j'ai défendu l'honneur de mon vieux père Atticus ami des nègres.

J'aime ce style sobre, racé, avec de fines touches d'humour mais un petit bémol pour la fin.
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Que dire de plus que toutes ces critiques déjà écrites... j'ai tout simplement ADORÉ ce roman, qui se lit d'une traite. Un roman vibrant, vivant, révoltant, touchant, émouvant et drôle, parfois. Un roman sur l'enfance, sur la condition des Noirs, sur le système de justice américain, un portrait de l'Amérique sombre, sur un pan de son Histoire très peu reluisante. Mais ça tombe jamais dans le pathos, c'est habillement écrit, la trame narrative par la jeune Scout est juste phénoménale. Elle nous fait vivre l'histoire d'un point de vue plus qu'intéressant, avec toutes ces questionnements et la naïveté d'un enfant sur un sujet aussi grave que la ségrégation raciale. Vous aurez compris, j'ai vraiment appréciée ma lecture, que je recommande à tout le monde !
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Ce que j'ai ressenti:…Une douce lecture qui tire au coeur…
•Il était une fois …une petite fille. Les petites filles, c'est souvent naïf mais perspicace. Scoot, est de cette trempe là: une mini sauvageonne, pleine d'effronterie touchante, à la langue bien pendue pour son age, et d'une intelligence fine. Une parfaite héroïne de conte en somme, une de celles qui nous inspire et qui ferait bien d'éblouir le Monde…
•Il était une fois…une petite ville. Les petites villes, c'est souvent bien, tout le monde se connaît. L'air de la campagne fait son grand effet. L'entraide et les mariages rapprochent tout son monde…
•Il était une fois…un Homme: un Père aimant, un Brave avocat, un Gentleman, un Modèle à suivre, un Combattant…Tant de mots peuvent définir ce personnage, et c'est juste un des plus beaux qu'il m'ait été de rencontrer au cours de mes lectures, Atticus Finch.

Ah mais vous aviez cru que je vous racontais une jolie histoire où tout va bien qui finit bien? Ben non!!! On est dans les années 30, aux Etats Unis durant la Grande Dépression, où les Noirs n'ont aucune espèce d'identité, où les gens sont rangés dans des cases prédestinées, ou les Mensonges sont pléthores…

Une voix d'enfant dans un monde sombre, une vision impertinente d'une gamine dans une société régie par des couleurs, une perception voilée par l'enfance des cruautés commises dans ses rues, une sonorité de valeurs candides dans une salle où l'air y est irrespirable.

Ce texte, c'est une invitation à penser mieux , à garder cette petite flamme de Justice, à revoir avec des yeux d'enfants les absurdités de notre société. Il prend son temps, ce texte, vous fait resurgir des souvenirs d'enfance, vous fait ressentir l'avancée d'un siècle d'intolérance, vous touche au coeur par ces jolies valeurs qui le définissent…

Classé comme chef d'oeuvre par certains, j'ai mis un peu de temps à l'apprivoiser, tout comme un oiseau qui ne se laisserait pas approcher si facilement…Et puis j'ai vu sa beauté, et je me suis émue de son chant…Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, ce serait péché…Il est un grand livre, qui marquera mon parcours de lectrice et n'a pas fini d'émouvoir le plus grand nombre, je l'espère…Un beau Classique!

Lien : https://fairystelphique.word..
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La lecture de ce livre a réveillé en moi cette sublime chanson de Barclay James Harvest que je fredonnais souvent étant plus jeune.

« There's a mocking bird
Singing songs in the trees
There's a mocking bird
Singing songs
Just for you and me »


Chanson qui fait bien sûr écho au titre de ce roman et dont on trouve l'explication dans cette citation :

« Les moqueurs ne font rien d'autre que de la musique pour notre plaisir. Ils ne viennent pas picorer dans les jardins des gens, ils ne font pas leurs nids dans les séchoirs à maïs, ils ne font que chanter pour nous de tout leur coeur. Voilà pourquoi c'est un péché de tuer un oiseau moqueur. »


Ainsi que l'explique Isabelle Hausser dans la postface, il semblerait que tout le roman soit construit autour de la métaphore de l'oiseau moqueur.
Sans nul doute, les deux « mockingbirds » de ce roman sont représentés par deux personnages, victimes de la méchanceté et des préjugés de la société sudiste : Tom Robinson,un Noir accusé à tort d'avoir violé une Blanche, risquant la peine de mort ainsi Arthur Radley, homme si craintif qu'il n'ose sortir de chez lui et sur lequel circule des tas de rumeurs, notamment celle de se transformer en fantôme à la nuit venue.


Nous sommes à Maycomb, petite ville de l'Alabama, où les mœurs et coutumes sudistes font loi : indolence, respect des traditions et des bonnes manières mais aussi des relations particulières entre Blancs et Noirs entachées de siècles d'esclavage...
Au milieu de tout cela, la narratrice. Scout Finch, petite fille qui nous raconte trois ans de son existence, qui nous expose les événements tels qu'elle les ressent, avec toute sa sensibilité et sa fraîcheur, avec intelligence et spontanéité. J'imagine que le succès du roman repose pour une grande part sur le personnage de Scout. Délurée, aux allures de garçon manqué, curieuse, franche et avec un cœur « gros comme ça », elle amène à ce roman toute la légèreté et la bonne humeur dont le lecteur se nourrit pour affronter l'univers ségrégationniste, les bigoteries, les idées toutes faites et la violence gratuite contre les gens de couleur mais également contre ceux qui osent les défendre.


Pour l'aider à grandir et à comprendre ce monde d'adultes parfois trop cruel, Scout peut compter sur son père, avocat commis d'office, personnage honnête et consciencieux mais également sur son frère aîné Jem qu'elle accompagne souvent pour faire les quatre cent coups avec leur ami Dill.
Néanmoins, la liste des personnages secondaires qui aideront Scout à gagner en maturité est loin d'être exhaustive. Harper Lee nous offre une galerie de personnages fouillés et dignes d'intérêt !


Voilà ! Je suis bien contente d'avoir lu ce roman ! Depuis le temps que j'en entends parler ou que je lis des romans qui en font référence. Je comprends maintenant l'engouement et y adhère complètement !
J'ajouterai aussi - même si je ne fais que répéter ce que des centaines d'autres ont dit avant moi - que cette histoire, ce n'est pas uniquement celle des habitants de Maycomb se situant dans les années trente, c'est aussi une histoire universelle. Elle nous touche parce que chacun peut s'y retrouver et qu'elle est malheureusement transposable partout et encore de nos jours.
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Mrs Nelle Harper LEE a créé un monde — ou plutôt mis au monde "son monde" — en un seul livre, en toute sa belle existence bien remplie !

Et ce roman est merveilleux... inoubliable... poignant... lyrique... sobre... charmant... poétique... stylé... unique. En un mot ? VRAI. Vrai comme une enfance "sans histoires" (?) dans le sud des Etats-Unis... car toujours pleine de dangers (ceux qu'on s'invente !), de trajets (à pied et très agités) jusqu'à l'école, de jeux innocents (mais pas tant que ça !), de virées nocturnes vers la cabane de Boo Radley (le supposé Croquemitaine du village !) et de ségrégation "banale" — et presque invisible — d'alentours... Maycomb, Alabama : années trente (Harper LEE est née en 1926 à Monroeville).

Fort heureusement, "papa Atticus" (Maître Finch, avocat et digne père de Scout & Jem : "leur héros") sera là et bien là quand l'injustice montrera sa vilaine trogne...

"To Kill a Mockingbird" (traduit en France sous le titre "Ne tirez pas sur l'oiseau-moqueur"), parait aux U.S.A. en 1960 et restera longtemps son seul livre publié...

Ne pas non plus négliger l'exceptionnelle adaptation cinématographique qu'en fit l'excellent Robert MULLIGAN en 1962 (*) dans un superbe noir-et-blanc expressionniste : "Du silence et des ombres" ("To kill a Mockingbird" de avec Gregory Peck jouant le rôle du papa avocat "'Atticus" (il y est exceptionnel d'humanité !) et la bande des trois gamins (la jeune Scout et son look de "garçon manqué" en tête, Jem son grand frangin grincheux et moqueur et Dill le p'tit voisin maigrichon plutôt pétochard, amoureux de Scout la meneuse... ) d'une vivacité et d'une spontanéité stupéfiante... Scènes inoubliables des "menées" nocturnes chez Boo Radley, de la "scène de lecture du soir" et des regards entre Scout et son père... et tant d'autres !

Bref, livre et film semblaient "presque" méconnus en France (... SAUF sur notre media "Babelio" où peuvent se lire, en date de ce 10 juin 2022 plus de 1.000 critiques du roman ) et à découvrir en DUO... d'urgence !

(a) le roman de Harper LEE est vendu à un prix très modique en "Livre de poche", superbement bien traduit par Isabelle Stoianov, avec une postface passionnante d'Isabelle Hausser .

(b) le DVD du film, lui, est à chercher à "Du silence et des ombres" ou "To kill a mockingbird" de Robert MULLIGAN : il est TRES facilement disponible, en V.O. avec ses sous-titres en toutes langues (in french, natürlich !) ; il dispose de plus d'un "bonus" comprenant un excellent reportage sur la genèse du "Maître-Livre" de Harper LEE et tout ce que l'on sait de son existence fort discrète (elle fut cependant l'amie d'enfance de Truman Capote, qui pourrait être le jeune "Dill" du livre et du film : l'auteur enfant, natif de la Nouvelle-Orléans, passait en effet ses vacances à Monroeville, tout comme "Dill" passe l'été chez sa tante, voisine de l'avocat Atticus... à "Maycomb" — ville mythique d'Alabama) ...

P.S. : insistons ici sur la qualité de cette adaptation par Mulligan, qui peut être une excellente introduction à la lecture de ce bon gros livre... et s'en montre tout à fait digne ! Robert MULLIGAN redonnera le meilleur de lui-même en explorant à nouveau les Territoires de l'Enfance en 1972 avec "The Other" ("L'Autre"), adaptation du terrifiant roman de Thomas TRYON, "Le visage de l'autre", ... puis le méconnu et très beau "The Nickel Ride" (1975) — réflexion contemplative et presque "nostalgique" sur le renouvellement des générations de la pègre urbaine — ... jusqu'à son oeuvre ultime qui sera ce film merveilleusement nostalgique, "joueur" et romantique : "The man in the Moon"/"Un été en Louisiane"(1991) — exploration incandescente des coeurs adolescents — où apparaît dans son premier rôle cette grande actrice (alors ado) qui est devenue la lumineuse Reese Witherspoon ("Walk the Line", "De l'eau pour les éléphants", ...).
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Magnifique roman qui évoque les événements qui ont marqué l'enfance de Jem et Scout dans une petite ville d'Alabama .
Scout est la narratrice,elle est drôle ,garçon manqué et attachante et raconte comment son frère Jem s'est cassé le coude. Pour ça elle remonte trois en arrière ,au moment où elle est intriguée par son voisin qui n'est jamais sorti de chez lui et où son père ,avocat, prend la défense d'un noir accusé du viol d'une blanche.
Ce livre traite de l'amitié ,de l'éducation que l'on veut inculquer à ses enfants et du racisme . J'ai trouvé la conclusion émouvante et je sors de cette lecture conquise !
A lire absolument .
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« Tom Jefferson a dit un jour que tous les hommes naissent égaux, phrase dont les Yankees et la dame de la Présidence à Washington (Eleanor Roosevelt) aiment à nous rabattre les oreilles. Certaines personnes ont tendance, en cet an de grâce de 1935, à utiliser cette phrase en la sortant de son contexte pour satisfaire tout le monde ». (Passage du plaidoyer d'Atticus dans le texte).

Dans les années 1930 en Alabama dans la ville de Maycomb, Atticus avocat, veuf et père de deux enfants Jem l'aîné et la p'tite Scout, se voit commis d'office pour défendre un jeune noir Tom Robinson accusé de viol sur une blanche.
Atticus, homme intègre d'une grande humanité inculque à ses enfants des valeurs morales telles que la tolérance, la justesse, le pardon et l'honnêteté aussi le procès dont le verdict est établi d'avance va bouleverser et marquer la vie de Jem et Scout ainsi que celle de la petite ville de Maycomb.

Une histoire bouleversante, pleine de mélancolie, de tendresse qui nous est contée à travers les yeux de Scout, une petite sauvageonne, candide, impulsive mais à l'esprit vif, dotée d'une intelligence précoce mais surtout d'un courage à faire pâlir les plus lâches.
Scout Finch la narratrice nous prend par la main et nous transporte dans son histoire, dans sa ville de Maycomb où règne la ségrégation raciale. Elle nous parle avec ses mots et nous présente son entourage proche mais aussi les habitants avec leurs ragots et leurs secrets. Elle nous fait partager son enfance, ses jeux d'été avec Dill son amoureux et Jem, elle nous fait ressentir ses joies, ses peines, ses colères, ses états d'âmes mais surtout son incompréhension face à la cruelle injustice des adultes.
Scout c'est le rayon de soleil qui illumine Maycomb, c'est la fraîcheur parmi la puanteur de l'immoralité, mais c'est aussi la petite fille fragile qui aime parfois se réfugier dans les bras d'Atticus, ce père qui à ses yeux a tout l'étoffe d'un héros.

Un roman sur l'intolérance à une époque où la ségrégation raciale prédomine au coeur d'une région rurale qui évolue dans la misère et l'ignorance, mais c'est également un roman qui par le biais d'Atticus porte un message profond celui de l'acceptation de l'autre avec ses différences. Tout simplement magnifique...
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On aura beau dire, on aura beau faire, les États-Unis d'Amérique demeurent pour beaucoup d'entre nous encore un paradoxe.
Ce Nouveau Monde se voulait une terre de liberté, quelque chose de neuf, de jeune, capable de tourner la page, loin des vieux démons, mais voilà, ce pays du soi-disant renouveau est entré de plein pied dès sa constitution dans la violence, les discriminations raciales, l'injustice et n'en est peut-être jamais sorti. Le rêve américain a été façonné dans le bruit, la haine et le sang.
Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est un livre profond et attachant qui nous rappelle cela. Nous entrons de plein pied dans l'Amérique des années 30 par les yeux d'une enfant, la jeune Scout, fille de l'avocat Atticus Finch. Justement, son père, outre qu'il est un homme de loi, est aussi un humaniste et peut-être aussi un utopiste. Il croit tout simplement dans le rêve américain tel qu'un rêve doit vivre et palpiter, donner sens à celles et ceux qui le portent dans leur cœur.
Sous les yeux candides de cette enfant, une ville américaine d'Alabama se dévoile, se déplie, palpite telle qu'elle est et vit dans ses paradoxes.
Les yeux de cette enfant avancent à petits pas dans une insouciance évidente pour elle et peu à peu, Scout découvre l'autre face du monde, du nouveau Monde peut-être, l'envers du décor, quelque chose d'indigne aux yeux d'un enfant, de sa conscience naissante, des songes qui sont encore frais dans ses yeux étonnés.
Il y a bien sûr ce fait divers qui va amener le père de Scout à être commis d'office pour prendre la défense d'un homme noir accusé d'avoir violé une femme blanche. Ce dernier risque la peine de mort. Et puis il y a l'histoire telle que la voit et la vit une enfant attachante, un brin rebelle et totalement impertinente.
Ce livre est un chemin. Nous l'empruntons dans les pas de Scout, dans ses yeux ébahis, dans ce récit qui se déroule entre ses six et neuf ans. Les pas de cette enfant sont légers, ils nous permettent d'entrer dans cette histoire violente sans faire de bruit.
Quel est ce drôle d'oiseau moqueur qu'on ne peut mettre en cage ? Quel est ce drôle d'oiseau prêt à battre des ailes, donner des coups de bec et des coups de griffes dans la bêtise humaine, l'éventrer, prendre son envol pour crier là-haut dans le ciel azuré des mots de liberté, réinventer la vie.
Scout ressemble à ce drôle d'oiseau dont parle si bien son père dans les histoires du soir pour l'endormir.
Les jeux d'enfants nous paraissent parfois anodins et agaçants. Puis ils nous entraînent par quelques biais vers les choses essentielles.
Scout peu à peu comprend. Comprend qu'il faut laisser battre et parler son coeur d'oiseau sauvage. Ne plus dire et faire comme la parole bien-pensante des adultes de cette ville américaine ordinaire. Scout comprend et en même temps ne comprend pas. C'est ce génial mécanisme de l'enfance qui opère à merveille : Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Ses yeux immenses et naïfs sont peuplés de pourquoi. C'est l'histoire d'une petite fille qui ne comprend pas pourquoi existe la haine, pourquoi existe la bêtise humaine, pourquoi existent l'injustice et le racisme. Dis comme cela, je deviens moi aussi comme elle un peu naïf, et bien tant mieux, alors même que dans ce récit, le sort d'un homme innocent est en jeu, qu'il va être jugé selon la loi des hommes de cette ville, de ce pays, qu'il va peut-être finir pendu à cause de cette drôle de justice aberrantle, là-bas en Alabama.
Mais les années 30 sont loin et le regard d'une enfant comme Scout manque aujourd'hui à l'Amérique. Et nous sommes presque aussi loin de l'Amérique des années 60 lorsque Harper Lee publie ce livre. Mais aujourd'hui, qu'en est-il de cette Amérique encore malmenée ?
J'ai été emporté par ce livre poétique, émouvant et essentiel. Les enfants ont des yeux qui nous protègent. Il faut aussi les protéger à notre tour, préserver leurs yeux posés sur notre monde parfois incompréhensible.
Ne tirez pas, ne tirez pas, ne tirez pas...
C'est comme une invitation, une injonction, un cri, un coup de canif au deuxième amendement de la Constitution des États-Unis d'Amérique.
Un cri d'amour.
Il est important de ne pas tirer sur l'oiseau moqueur...
... ni sur personne d'autre...
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Certains livres laissent une trace indélébile dans l'imaginaire du lecteur. C'est le cas pour moi de ce magnifique roman d'Harper Lee.
Scout a trouvé sa place dans mon panthéon de personnages fictifs inoubliables.

Roman d'apprentissage d'une grande humanité, hymne à l'enfance, et à l'amitié, lucide mais optimiste, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur est un livre magistral qui nous parle aussi de fraternité.
Les personnages sont magnifiques, l'écriture est impeccable.Que dire de plus ?
Une grande découverte.
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