Un dernier verre avant la guerre

La vanité est une faiblesse. Je le sais. C’est une dépendance futile au moi extérieur, à l’aspect qu’on a plutôt qu’à ce qu’on est. Je le sais bien. Mais j’ai déjà une cicatrice de la taille et de la consistance d’une méduse sur l’abdomen, et vous seriez surpris de voir combien l’image qu’on a de soi change quand on ne peut pas enlever sa chemise à la plage.

L.A. brûle , et tant d'autres villes , le feu couve en attendant le jet d'essence qui arrosera les braises , et nous écoutons des politiciens qui alimentent notre haine et notre étroitesse d'esprit , qui nous disent qu'il s'agit simplement de revenir aux vraies valeurs , alors qu'eux sont assis dans leurs propriétés de bord de mer à écouter les vagues pour ne pas avoir à entendre les cris des noyés .

J'aimerais trouver celui qui a dessiné cette jupe, parce que je sais que c'était un homme, et le fourrer dedans.Deviendrait soprano vite fait, ce connard.

Sterling Mulkern était un rougeaud bien en chair , le genre qui porte son poids comme une arme , pas comme un handicap .Il avait une masse de cheveux blancs et raides sur laquelle on aurait pu faire atterrir un DC-10 , et une poignée de main qui s'arrêtait juste avant de provoquer la paralysie .

- Pourquoi t'es venu ?
.../...
- Pour te regarder mourir, ai-je dit.
Il a souri, les yeux toujours fermés.
- Ah, a-t-il dit, un vautour. Alors tu es le fils de ton père, finalement.

-A ton avis, où est Bubba? ai-je demandé.
-Si on pouvait le voir, il ne ferait pas son boulot.
J'ai acquiscé de la tête.
- Quand même, ce serait bien s'il envoyait un signal lumineux de temps en temps, ne fut-ce que pour ma tranquilité d'esprit.
-Il est ta tranquilité d'esprit, skid.
Difficile de discuter avec la vérité.

(conversation entre Pat et Angie)

Je continuais à croire, je continuais à me dire: "ça va changer, il va s'arranger". C'est dur de fermer la porte à l'espérance quand on aime quelqu'un.

Tout le monde a besoin de quelqu'un à haïr.

Il y a un bar au coin. Je vous paie un verre avant la guerre.

- Tu sais comment ça marche en Amérique ? A demandé Richie...

- Non, Rich. Comment ça marche en Amérique ?

- On trouve quelqu'un sur qui rejeter la faute. (Il a bu une gorgée de whisky.) C'est vrai.
Tu travailles sur un chantier et tu fais tomber un marteau sur ton pied ? Fais un procès à la compagnie, bordel. C'est un pied à dix mille dollars !
Tu es blanc et tu ne trouves pas de boulot ? La faute aux mesures d'embauche antidiscriminatoires.
T'en trouves pas et tu es noir ? La faute à l'homme blanc. Ou aux Coréens. Ou mets-le sur le dos des Japonais, bordel, comme tout le monde !

Tout ce putain de pays est plein de gens méchants, malheureux, paumés, qui ont les boules, et il n'y en a pas un seul qui ait I'intelligence de prendre en main sa situation avec honnêteté.

Ils parlent d'époques plus simples - avant le sida, le crack, les bandes, les communications de masse, les satellites, les avions, l'effet de serre - comme si c'était quelque chose à quoi ils auraient la possibilité de retourner.
Et comme ils n'arrivent pas à comprendre pourquoi ils sont tellement à côté de la plaque, ils trouvent quelqu'un sur qui rejeter la faute. Les nègres, les juifs, les Blancs, les Chinetoques, les Arabes, les Russes, les proavortement, les antiavortement... et quoi d'autre encore ?

Je n'ai rien dit. Difficile de discuter avec la vérité.