Comment deux adolescents amoureux de blues sont devenus des hit makers imparables.
On y trouve des phrases aussi définitives que "nous n'écrivons pas des chansons, nous écrivons des disques" (pour souligner l'importance de leur rôle de producteur), ou encore "nous n'avions pas prévu d'inventer le rock'n'roll, nous essayions juste de faire du rhythm&blues le plus authentique possible".
Outre les moments historiques (l'enregistrement de Hound Dog par Big Mama Thornton), ils y racontent leur travail avec les Coasters, puis les Drifters. Puis leur passage à la cour du roi Elvis et comment ils s'en sont fait écarter par un Colonel Parker exclusif ("ne le prenez pas personnellement, leur dira un membre de la Memphis Mafia, le Colonel ne supporte pas qu'Elvis ait d'autres amis que nous"). Puis comment ils ont lancé la carrière de cet empaffé de Spector qui ne les en a jamais remercié et a toujours cherché à tirer toute la couverture à lui.
Et l'ironie de l'histoire : en vieillissant, ils ont tenté plusieurs fois en vain d'écrire une comédie musicale pour Broadway. Finalement, la seule qui se montera sera faite d'une compilation de leurs hits, et ils n'auront rien de neuf à y rajouter.
On les suit aussi dans leurs pérégrinations bizness avortées : comment ils se sont fâchés avec Ahmet Ertegun sur un bête malentendu (où Jerry Wexler ne joue pas le beau rôle) ; comment ils ont cédé gratuitement leur label du début 60s à leur associé, pour échapper à la mafia qui était entré au capital en raison des dettes de jeu de ce dernier...
L'humilité de ces garçons à l'heure du bilan (le livre a été écrit en 2009) reste profonde et c'est ce qui fait que ce livre est si agréable à lire.
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Leiber - Des années plus tard, bien après que Stand By Me ait été n°1 au classement R&B et n°5 au classement Pop, après que la chanson ait fait l'objet de reprises par tous les musiciens du monde (y compris par leur propre mère), après que Rob Reiner ait fait un film à succès en utilisant le titre et la chanson, un journaliste m'a demandé pourquoi elle était si populaire.
"C'est la ligne de basse de Mike [Stoller]", ai-je dit.
"Il doit bien y avoir autre chose, quand même ? Et les paroles ? Et la voix ?"
" Les paroles sont bonnes et Ben [E. King] la chante divinement. Mais c'est la ligne de basse de Mike qui a fait de cette chanson un hymne éternel. Faites-moi confiance, c'est la ligne de basse."
Pour la petite histoire, ces deux chansons produites pour Ben E. King, Spanish Harlem et Stand By Me, ont nécessité trente minutes de dépassement en studio avec un grand orchestre. Sur les coup, ces heures supplémentaires ont rendu [Jerry] Wexler fou furieux. Mais bien sûr, sa fureur s'est apaisée lorsque les deux chansons ont permis à Ben E. King de devenir un artiste solo de premier plan.