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3,86

sur 553 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un grand classique de la SF que je 'avais pas encore lu, ce livre assez court a très bien vieilli parce qu'il est plutôt axé sur la question de la communication avec une vie extraterrestre, l'auteur restant évasif sur la technologie du futur, ce qui aurait vieilli le moins bien !
Le scénario se déroule avec assez peu d'action et beaucoup de réflexions sur cet océan, personnage central du lvre, de relations interpersonnelles aussi entre les occupants de la station.
Le livre est flippant parce qu'il insiste sur notre psychologie, nos peurs inconscientes, nos névroses enfouies, nos fautes inavouées.
Du coup j'ai envie de voir le film de Tarkovski, que j'ai également loupé !
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Roman classique de Science-fiction, mais bien plus que cela pour moi.
Si j'avais une place de plus dans mon sac à dos, je l'emmènerais sûrement sur une île déserte avec moi.
Une invitation à un voyage interstellaire, dans un monde inconnu, incompris et incompréhensible,
des descriptions complexes (parfois assez longues et difficiles ce qui pourrait rebuter certains, je l'admet, même si ces paysages m'ont laissé parfois dans un état presque second...) et fantastiques, des descriptions presque poétiques de figures géométriques que cet océan offre aux yeux des visiteurs humains (je vous invite à découvrir les mimoïdes, les symétriades et autres anti-symétriades),
une étude, une expérience scientifique pour communiquer avec une entité complètement étrangère à toute conception humaine (qui est le cobaye?),
une séance de psychanalyse face à ses propres démons, miroir de ses propres non-dits, de ses pensées les plus enfouies,
une réflexion métaphysique à la limite presque d'une vision religieuse,
une tragédie romantique,
c'est un peu tout ça et ça ne dépend que de vous qui lirez ce livre et deviendrez un solariste comme Kelvin, Snaut, Sartorius ou même moi à la fin de la lecture de ce livre exceptionnel de Stanisław Lem (lu en version originale dans la langue d'Adam Mickiewicz).
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Ce livre de Lem, lu il y a fort longtemps (probablement plus de 30 ou 40 ans), m'a récemment inspiré le commentaire suivant sur Babelio : « Solaris est, pour moi, l'un des sommets de la SF, combinant de manière géniale anticipation scientifique originale, mystère insondable et pauvre psychologie humaine mise à l'épreuve d'une intelligence extraterrestre inaccessible, hors de proportion avec l'esprit humain. »

A la relecture du roman, sans renier ces louanges, je lui trouve néanmoins quelques limites et imperfections, essentiellement en termes de construction narrative.

L'histoire débute certes de manière très classique par l'arrivée du chercheur psychologue Kris Kelvin à bord de la station Solaris, en provenance du vaisseau interstellaire Prométhée. Une arrivée quelque peu bousculée où il se voit d'emblée confronté au comportement étrange de son collègue Snaut, l'un des trois chercheurs présents dans la station. Suit alors un second chapitre (Les Solaristes) surtout consacré à exposer les recherches et les diverses théories développées au fil du temps par les scientifiques pour comprendre l'existence et le fonctionnement de l'Océan vivant qui enveloppe la planète Solaris.
Une première fois, la progression dramatique du récit se fige pour ne reprendre qu'à la fin du chapitre (« Je regardai ma montre. Il était temps de rejoindre Snaut ») (p. 46). Dans les cinq suivants (« Les visiteurs » - « Sartorius » - « Harey » - « le Petit Apocryphe » - « La conférence ») l'action progresse, quoique parfois par à coups. Puis à nouveau, dans celui qui suit (« Les monstres »), environ 30 pages sont consacrées à répertorier les diverses formations énigmatiques engendrées par l'Océan : « longus » - « fongosités » - « mimoïdes » - « symétriades et asymétriades » - « vertébridés »… une longue énumération descriptive de structures imaginaires qui, si elle témoigne de l'inventivité de l'auteur, se révèle assez fastidieuse. Et surtout sans rapport direct avec les événements mystérieux qui prennent place dans la station. Vers la fin du chapitre (p. 197), le fil de la narration reprend (« Quand je reposai sur son rayon le neuvième volume de la monographie de Giese… »).
Et ainsi de suite jusqu'à la conclusion du roman. Une fin assez banale et plutôt décevante, pas vraiment ouverte en ce qu'elle n'incite nullement le lecteur, la lectrice à imaginer une suite possible, intrigante ou captivante, un développement inattendu de l'intrigue ou une évolution des relations entre les personnages, Océan compris.

Cela dit, Solaris, en dépit de la progression maladroite et heurtée du récit, reste un livre phare de la SF en ce qu'il pose de manière originale beaucoup de questions pertinentes – philosophiques et anthropologiques – sur le mythe du « contact » avec une hypothétique entité vivante extraterrestre. Voire sur les buts, les limites, et la possibilité même d'un tel contact. Cela tout en préservant jusqu'au bout le mystère que constituent l'Océan et ses créatures. Lem pousse ainsi la réflexion notablement plus loin que d'autres auteurs de SF – tels, par exemple, Clarke et Kubrick dans 2001 – qui imaginent les modalités et les conséquences possibles d'un contact sans pour autant dépasser la perspective strictement rationaliste et scientifique (encore que l'apparition du foetus astral, à la fin du film, soit susceptible d'interprétations fort diverses). Pour Clarke, notamment, cette quête et les avancées technologiques sur lesquelles elle s'appuie, prend les accents d'une odyssée, d'une véritable épopée. de ce point de vue, le pessimisme critique de Lem est plus proche de la vision contemporaine d'un futur très probablement dystopique, où l'humain se verra dépassé par les conséquences désastreuses de son engouement technolâtre. Une impasse, qui relèguera, par voie de conséquence, la recherche et l'éventualité d'un « contact » à un ordre d'importance très secondaire, voire négligeable.
Autre facette de Lem moraliste : l'ironie implicite consistant, dans Solaris, à exhiber le contraste patent entre le volume considérable d'efforts – et de crédits – consacrés par la communauté scientifique à l'exploration et à la recherche visant à communiquer avec une entité vivante non humaine, en regard de la piètre qualité de cette même communication souvent dysfonctionnelle entre humains, en particulier chez les personnages du roman, ce qui conduit certains d'entre eux au suicide et au meurtre.
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Le seul défaut de ce roman repose dans son aridité de surface : tout se déroule dans une station piégée sur une planète océanique produisant des formes géométriques, entre les levers d'un soleil double, en suivant des scientifiques qui ont le nez sur leur objet d'étude, comme des fourmis sur le dos d'un éléphant qui cherchent à le cartographier et établir un contact. Il n'y a pas de réel ailleurs donc, et la station n'est qu'un ilot reproduisant les échos des recherches passées sur la planète Solaris.

Cette morosité pourra en décourager certains : cependant, une fois que l'on fait corps avec, il devient possible d'essayer d'entrer en contact avec le sens profond du livre, qui déploie une vision d'un Dieu imparfait, tentant de cerner la dégénérescence maudite de sa création à laquelle il ne comprend rien, et à laquelle il n'y a peut-être rien de plus à comprendre que dans les remugles d'une belle chanson interprétée par l'ivrogne du village.

Solaris, c'est de la SF ibsenienne qui explore avant tout le tragique de la notion même de découverte et nous dévoile la fine frontière qui sépare la pellicule de l'optimisme inquiet et celle du nihilisme rendu possible par un monde sans miracles, singerie d'un geste divin qui ne se connaît pas lui-même que nous sommes condamnés à perpétuer, à ne jamais savoir réellement exprimer, ni à expérimenter sa totalité.
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Qui a dit que la science-fiction était une affaire anglo-saxonne ? Sans parler de la SF française qui a ses propres phares (René Barjavel, Pierre Boulle, Gérard Klein, Jean-Pierre Andrevon, Pierre Pelot, Michel Jeury, Pierre Bordage, Ayerdhal, et beaucoup d'autres), on peut citer la SF des autres pays européens (Allemagne, Italie, Espagne) ou celle, particulièrement intéressante des pays de l'Est, en particulier la Pologne (Stanislas Lem) et russo-soviétique (Alexei Tolstoï, Evguéni Zamiatine, Ivan Efremov, les frères Arcadi et Boris Strougatski).
Stanislas Lem (1921-2006) est un auteur polonais des plus fameux, aussi connu que Henryk Sienkiewicz (l'auteur de « Quo vadis »). Il est l'auteur de plusieurs ouvrages qui ont marqué l'histoire de la science-fiction : « Mémoires trouvés dans une baignoire » (1961), « Solaris » (1961) ou encore « L'Invincible » (1964) ainsi que plusieurs recueils de nouvelles.
« Solaris » est un roman de science-fiction à portée philosophique, car il pose des questions essentielles sur la connaissance et la compréhension, non seulement d'un autre monde, mais encore de celui où nous vivons, et même de notre monde intérieur.
Solaris est le nom donné à une planète entièrement recouverte d'un océan mouvant à la surface du quel émargent des formations diverses. On ne sait pas si cet océan (et ce qui le compose) est doué d'intelligence. Une station d'observation gravite dans l'orbite de Solaris. Quand le professeur Kris Kelvin y arrive, il constate un grand délabrement de la station. Des trois savants censés l'accueillir, l'un, Gibarian, s'est suicidé, les deux autres, Snaut et Sartorius, sont pour le moins énigmatiques, voire inquiétants. L'affaire se complique quand il voit apparaître sa femme Harey, morte dix ans auparavant. Peu à peu Kelvin comprend que Harvey et d'autres créatures du même genre, issues des souvenirs des passagers, sont en fait des créations émises par l'océan, consécutivement à une agression dont il aurait été victime bien auparavant. La nature de l'envoi de ces « Visiteurs » constitue une énigme : est-ce un premier contact avec une intelligence extra-terrestre ? Ou est-ce un piège venant d'une entité malveillante ? Toutes les hypothèses sont permises. La réponse est sans doute sur la planète elle-même.
Le roman pose plusieurs questions et Solaris n'apporte aucune réponse : le contact des humains avec d'autres formes de vie est-il possible ? La science peut-elle y répondre ? Il ne s'agit pas ici seulement de technologie, mais également de psychologie, voire de psychiatrie : le cerveau humain dont on ne connait pas les capacités peut-il être manipulé par d'autres forces ou est-il lui-même manipulateur ? Kris ira chercher la réponse à la surface même de Solaris. Mais pour autant, en saura-t-il plus à son retour. L'auteur laisse une fin ouverte.
Compte tenu du sujet, il faut s'accrocher un peu, mais, franchement, ça vaut le coup d'aller jusqu'au bout. Solaris est un roman captivant, qui mérite sa place auprès des grands succès de la SF comme « Dune » (Herbert), « Fondation » (Asimov), ou les « Chroniques martiennes » (Bradbury).
Ce grand roman a été adapté deux fois au cinéma, et deux fois avec succès :
Un film d'Andréi Tarkovski sorti en URSS en 1972, avec Natalia Bondartchouk et Donatas Banionis.
Un film de Steven Soderbergh sortis aux USA en 2002, avec Natasha MacElhone et George Clooney.


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Excellent livre, le meilleur de Stanislas Lem, il fait partie de mon top 5 les livres des SF.
Si vous avez aimé le livre, vous devriez également aimer les 2 adaptations cinématographiques, surtout celle de Tarkovsky (plus proche du livre et plus proche de l'esprit de l'auteur, celle de Steven Soderbergh avec George Clooney est plus "américanisée",avec ses minorités wokes obligatoires qui viennent polluer l'ambiance). Mais il ne faut pas craindre le rythme lent d'une métaphysique certaine présente, comme également dans "Stalker" (une autre adaptation géniale de Tarkovsky, sur un thème très voisin, sur Terre cette fois, mais dans une "Zone" bien spéciale)
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Lorsqu'on lit le synopsis du livre, on peut penser qu'on entrera dans un récit de science-fiction qui questionnera la science, la société ou le rapport entre des chercheurs, des astronautes et l'étrange. Mais là où ce récit est d'une habileté qui le place au rang de chef d'oeuvre de la science-fiction, c'est qu'il nous confronte à l'être humain dans sa psychologie la plus primaire. L'océan joue le rôle d'un docteur Freud avec les protagonistes. le huit-clos est haletant. Il l'est d'autant plus que tous les personnages sont d'une rationalité irréprochable.
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Retour de ce grand classique de la SF chez Actes Sud et c'est un plaisir de replonger dans ce texte, même si la traduction n'a pas changé.
De la SF contemplative et qui vous pousse à la réflexion comme on en croise malheureusement plus si souvent.
Si vous n'avez que les adaptations en tête, surtout, n'attendez plus et plongez dans le roman lui-même.
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Roman mythique du polonais Stanislas Lem, Solaris est paru en 1961 en Union Soviétique et en 1966 en France aux Éditions Denoel. Pour rappel, 1961 c'est l'année du premier vol de l'humanité par Youri Gagarine.

Stanilas Lem (1921 – 2006) voit ses oeuvres traduites en quarante langues. Sa plus connue est “Solaris” qui a été adapté deux fois au cinéma. Une fois en 1972 par Andrei Tarkovsky et une seconde fois par Steven Soderbergh en 2002 (avec George Clooney). Il a également écrit une autre oeuvre que j'aime beaucoup et qui est “Le Congrès de futurologie” dont je parlerai ici plus tard, c'est sûr. Pour l'anecdote, Stanislas Lem était un grand admirateur de Philip K. Dick qui était le seul auteur américain à trouver grâce à ses yeux.

Solaris débute avec l'arrivée du professeur Kelvin sur une lointaine station de recherche. Cette station est en orbite autour d'une planète océan qui défie les lois de la physique, Solaris. Elle gravite en effet autour d'un système d'étoiles binaires, ce qui fait que sa révolution ne peut être stable. Or elle l'est, et la seule explication possible est que la planète ajuste elle-même son orbite.

Les plus grands savants se sont donc penchés de près ou de loin sur son cas et une nouvelle science à même émergée, « la Solaristique », au volume impressionnant de publications et accumulation de théories dont aucune émerge vraiment.

Plusieurs expériences ont été fait depuis une centaine d'années autour de Solaris, entraînant ou non des réponses de la planète, qui ne se répètent jamais. Une grande question reste encore sans réponse. L'Océan est-il un être intelligent ? Quelques jours avant l'arrivée Kelvin, les trois autres occupants de la station ont essayé une expérience inédite sous la direction du Professeur Gibarian: bombarder un flux énorme de Rayon X sur la planète, pour voir sa réaction.

Le résultat a lui-aussi été inédit, comme à chaque fois de la part de Solaris. L'Océan s'est basé sur les souvenirs les plus forts, et donc les plus traumatisants des habitants de la station, et a envoyé des sortes de clones de personnes liés à ses souvenirs. le Professeur Kelvin retrouvera sa fiancée, Harey, qui s'est suicidée quelques années plus tôt à cause d'une dispute entre eux. Ces clones semblent indestructibles, peuvent s'autoréparer, ignorent leurs véritables natures et leurs comportements est extrêmement déroutant. A-tel point que le Professeur Gibarian n'a pas supporté cela et s'est suicidé peu après l'expérience.

Les autres occupants, les Professeurs Snaut et Sartorius sont également extrêmement perturbés et chacun semblera sombrer peu à peu dans la folie ou dans l'envie de rester avec ses ersatz de compagnons d'antan. Sartorius étant constamment enfermé dans son laboratoire avec un compagnon qui semble être un petit enfant de cinq ans et Snaut implorant plusieurs fois Kelvin de ne pas aller dans telle ou telle pièce et que ce dernier retrouvera maculer de sang à plusieurs reprises. Kelvin essayera lui aussi de son côté de se débarrasser de Harey en l'envoyant par exemple en fusée n'importe où dans l'Espace sans espoir de retour mais celle-ci réapparaitra dans sa chambre le lendemain matin comme si de rien n'était et sans aucun souvenir de l'événement.

L'ambiance au sein de la station, et du livre, est donc très particulière. Au-delà du côté très académique des rapports entre les personnages, on ressent la solitude de Kelvin, profitant pleinement d'un bonheur retrouvé qu'il sait totalement malsain.

Cette situation se heurtant également au rationalisme des trois chercheurs et à leur incapacité à trouver une réponse scientifique. Solaris est un mystère depuis sa découverte. Nous sommes constamment à la frontière du savoir et de la compréhension, comme aux abords d'un Trou noir, car toute tentative de communication et d'échange avec la planète semble impossible.

J'ai trouvé le style du roman très visuel. Comme je vous disais au début de chronique, la planète gravite autour de deux étoiles. Celles-ci sont de couleurs rouge et bleue et il y a donc une alternance cyclique entre ces couleurs et le blanc qu'on imagine de la station dans les descriptions qui permet d'estimer le temps qui passe.

Solaris est un roman court, d'environ 330 pages, qui se lit très facilement malgré sa profondeur, et qui interroge sur notre rapport aux autres et à soi-même.

Bonne lecture !
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J'ai trouvé mon Graal littéraire de la science-fiction !
C'est un livre lent, peu d'action, peu de mouvement, un huis-clos étouffant et éblouissant à la fois, à la fin de chaque chapitre, j'avais besoin de m'arrêter pour en savourer plus longtemps toute son étendue.
Kelvin arrive en mission sur Solaris. Solaris est une planète entièrement recouverte d'un océan sans vie, enfin, pas tout à fait, cet océan est susceptible d'être une entité pensante ou du moins vivante. Autre surprise qui attend Kelvin sur la station d'observation, des êtres semblent se matérialiser dans leur entourage, des êtres surgit de leur passé ou de leurs fantasmes... fantômes, visiteurs ? Les trois hommes de la stations vivent accompagnée d'une présence physique, un être sorti de leur passé, comme une pénitence, une expiation ou alors un cadeau. Pour Kelvin, c'est Harey, une femme qu'il a autrefois aimée et qui s'est suicidée plusieurs années auparavant.
Le thème du roman, c'est bien sur le contact avec l'extraterrestre, mais c'est aussi la conscience, la perception, humaine et non humaine. Dans la démonstration de Stanislas Lem, j'y ai trouvé des analogies avec les mythes de Lazare, Frankenstein, Sisyphe, les problématiques sont variées, étendues et subtilement explorées...
J'ai aimé les passages scientifiques, et parfois épistémologiques, retraçant les interprétations de la compréhension de cette planète. Il crée une science, qu'il appelle la “Solaristique”, une science qui a une histoire, déjà plusieurs générations de savants se sont succédés sur Solaris. C'est l'étrange océan qui semble stabiliser cette planète sur une orbite stable entre deux soleil, dans une situation a priori impossible. Cet océan est un mystère pour la compréhension humaine, un mystère que Stasnislas Lem va s'efforcer d'imaginer et de comprendre de nous faire comprendre. C'est tout une démarche philosophique qu'il explore avec cet argument.
L'aspect scientifique est pointu, subtil et rigoureux, il est question aussi bien de physique astronomique, des particules que de psychologie, l'auteur confronte ses personnages, mais aussi le lecteur, à la vision erronée d'une interprétation anthropocentriste, anthropomorphique, il va même parvenir à se libérer de ces carcans, à imaginer une pensée, une perception, une conscience qui n'est pas humaine.
Cet aspect touffu et introspectif, est servi par une plume belle, élégante et une imagination luxuriante. La description de cet océan est aussi bien chirurgicale, scientifique et visuelle que poétique et lyrique. Il crée tout une panoplie de phénomènes, “Longus”, “Mimoïdes”, “Agilus”, “Vertébridés”, “Symétriades”, “Asymétriades” expliqués avec précision et élégance. Sanislas Lem jongle avec les mots, ce sont de véritables bijoux d'écriture.
Et pour une fois, un auteur de science fiction ne tombe pas dans les écueils du panthéisme mystique en voulant donner une intelligence ou une conscience à une entité astrale, alors que c'est le sujet même du livre. Ce livre est intelligent, et c'est une véritable prouesse littéraire. Tant d'auteurs de science fiction ont essayé de se lancer dans cette voie pour une conclusion mystico-religieuse qui tombe dans le puéril ou le ridicule, voire pire, dans l'illumination religieuse, même parmi les plus grands noms. Ici, tout tient parfaitement en équilibre, sur le fil du rasoir. La fin laisse volontairement quelques points en suspens, mais quelle fin digne et belle.
J'ai vu et adoré l'adaptation d'Andreï Tarkovski à la fin des années 80, sans savoir que c'était adapté d'un roman, ce n'est que récemment que je l'ai découvert, après avoir lu l'étonnant “Cybériade”. Cela faisait un moment qu'il était dans ma pile de livres à lire, et cette lecture me donne envie de lire l'autre roman de SF adapté par ce cinéaste, Stalker de Boris et Arcadi Strougatski.
Bref, cette lecture m'a totalement subjugué, je crois que j'ai trouvé le roman de science-fiction que je rêvais de lire un jour.
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