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sur 551 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai trouvé mon Graal littéraire de la science-fiction !
C'est un livre lent, peu d'action, peu de mouvement, un huis-clos étouffant et éblouissant à la fois, à la fin de chaque chapitre, j'avais besoin de m'arrêter pour en savourer plus longtemps toute son étendue.
Kelvin arrive en mission sur Solaris. Solaris est une planète entièrement recouverte d'un océan sans vie, enfin, pas tout à fait, cet océan est susceptible d'être une entité pensante ou du moins vivante. Autre surprise qui attend Kelvin sur la station d'observation, des êtres semblent se matérialiser dans leur entourage, des êtres surgit de leur passé ou de leurs fantasmes... fantômes, visiteurs ? Les trois hommes de la stations vivent accompagnée d'une présence physique, un être sorti de leur passé, comme une pénitence, une expiation ou alors un cadeau. Pour Kelvin, c'est Harey, une femme qu'il a autrefois aimée et qui s'est suicidée plusieurs années auparavant.
Le thème du roman, c'est bien sur le contact avec l'extraterrestre, mais c'est aussi la conscience, la perception, humaine et non humaine. Dans la démonstration de Stanislas Lem, j'y ai trouvé des analogies avec les mythes de Lazare, Frankenstein, Sisyphe, les problématiques sont variées, étendues et subtilement explorées...
J'ai aimé les passages scientifiques, et parfois épistémologiques, retraçant les interprétations de la compréhension de cette planète. Il crée une science, qu'il appelle la “Solaristique”, une science qui a une histoire, déjà plusieurs générations de savants se sont succédés sur Solaris. C'est l'étrange océan qui semble stabiliser cette planète sur une orbite stable entre deux soleil, dans une situation a priori impossible. Cet océan est un mystère pour la compréhension humaine, un mystère que Stasnislas Lem va s'efforcer d'imaginer et de comprendre de nous faire comprendre. C'est tout une démarche philosophique qu'il explore avec cet argument.
L'aspect scientifique est pointu, subtil et rigoureux, il est question aussi bien de physique astronomique, des particules que de psychologie, l'auteur confronte ses personnages, mais aussi le lecteur, à la vision erronée d'une interprétation anthropocentriste, anthropomorphique, il va même parvenir à se libérer de ces carcans, à imaginer une pensée, une perception, une conscience qui n'est pas humaine.
Cet aspect touffu et introspectif, est servi par une plume belle, élégante et une imagination luxuriante. La description de cet océan est aussi bien chirurgicale, scientifique et visuelle que poétique et lyrique. Il crée tout une panoplie de phénomènes, “Longus”, “Mimoïdes”, “Agilus”, “Vertébridés”, “Symétriades”, “Asymétriades” expliqués avec précision et élégance. Sanislas Lem jongle avec les mots, ce sont de véritables bijoux d'écriture.
Et pour une fois, un auteur de science fiction ne tombe pas dans les écueils du panthéisme mystique en voulant donner une intelligence ou une conscience à une entité astrale, alors que c'est le sujet même du livre. Ce livre est intelligent, et c'est une véritable prouesse littéraire. Tant d'auteurs de science fiction ont essayé de se lancer dans cette voie pour une conclusion mystico-religieuse qui tombe dans le puéril ou le ridicule, voire pire, dans l'illumination religieuse, même parmi les plus grands noms. Ici, tout tient parfaitement en équilibre, sur le fil du rasoir. La fin laisse volontairement quelques points en suspens, mais quelle fin digne et belle.
J'ai vu et adoré l'adaptation d'Andreï Tarkovski à la fin des années 80, sans savoir que c'était adapté d'un roman, ce n'est que récemment que je l'ai découvert, après avoir lu l'étonnant “Cybériade”. Cela faisait un moment qu'il était dans ma pile de livres à lire, et cette lecture me donne envie de lire l'autre roman de SF adapté par ce cinéaste, Stalker de Boris et Arcadi Strougatski.
Bref, cette lecture m'a totalement subjugué, je crois que j'ai trouvé le roman de science-fiction que je rêvais de lire un jour.
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Un des romans les plus marquants qu'il m'ait été donné de lire, et qui demande sans doute à être lu et relu pour en saisir toute la portée.

L'histoire de Kelvin, rejoignant trois collègues sur la planète Solaris pour y mener des études scientifiques, se scinde volontairement en deux narrations parallèles, ce qui peut déstabiliser le lecteur, les passages de l'une à l'autre se révélant parfois un peu abrupts. Deux narrations, donc. L'une se consacre à l'installation de Kelvin sur la base et à ses découvertes : l'un de ses collègues est mort, les deux autres, épuisés, reçoivent la visite régulière de créatures par lesquelles ils se sentent harcelés. Kelvin lui-même va rencontrer un de ces êtres, sous la forme d'une femme qu'il a autrefois aimée et quittée, et qui s'est suicidée. de cette relation, qu'il va rejeter d'abord de toutes ses forces, va naître un sentiment profond de Kelvin pour cette femme dont il ne sait pas qui elle est, ni même ce qu'elle est.

La seconde piste narrative s'attache elle à l'histoire millénaire de la solaristique, à savoir l'étude de la planète Solaris et, plus spécifiquement, de son océan. On y apprend comment, notamment, les hommes ont tenté de comprendre cet océan et de communiquer avec lui, le considérant soit comme une entité qui aurait atteint à une sérénité "à la yogi", soit comme une créature vivante mais stupide - des approches multiples s'insérant entre ces deux théories. En apparence, et tel que je l'ai résumé ici, l'histoire de la solaristique paraît moins attractive, moins chatoyante, moins propre à la réflexion et à l'émotion. Ne vous fiez pas aux apparences : c'est notamment dans les descriptions de l'océan que vous trouverez les passages les plus poétiques, et sans doute davantage matière à faire disjoncter vos neurones. Car cet océan-là invente les créations physiques les plus étranges, les plus terribles et les plus belles. Je ne puis rendre ici l'effet qu'ont produit sur moi les ballets des symétriades et des mimoïdes... Je ne m'attendais d'ailleurs pas à les visualiser aussi bien, moi qui ai toujours du mal à reconstituer dans ma tête le moindre paysage décrit sur papier. Sans doute la lecture de la série BD Aldébaran m'a-telle servi, puisque la Mantrisse est une créature qui n'est pas, et c'est voulu, sans rapport avec l'océan solarien.

Deux pistes narratives, donc. Mais un seul sujet. Celui de l'homme en tant qu'individu, confronté à son destin solitaire, à la fois tributaire et victime des ses sentiments ; celui de l'homme en tant qu'espèce, enfermé dans sa vision étriquée de la conquête spatiale, incapable d'imaginer un être éminemment différent de lui, et, a fortiori de communiquer avec lui et de le comprendre. Un roman, donc, dont la mélancolie le dispute à la beauté, et dont la beauté le dispute à la portée philosophique et métaphysique.

Fans de 2001 : L'odyssée de l'espace (dont je fais partie) , ce roman est fait pour vous ; et je gage que l'apparition du bébé géant sur Solaris n'a pas été pour rien dans le final sublime du film de Kubrick. Ceux qui détestent 2001 vont détester Solaris, je le crains. À moins que...
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"Je reviens de loin Si vous n'en croyez rien Demandez à mon ange gardien" -Michel Berger-
Je reviens de loin, de Solaris plus exactement. Une planète aux confins de l'extrême, une planète que je voulais comprendre avec mes yeux et mes modèles d'humains. Mais est-ce réalisable ? Solaris est si différente de la Terre. Comme si la Terre pouvait être l'étalon qui sert à tout analyser... Pensez donc : une planète entourée d'un immense océan autour de laquelle gravitent deux soleils, un rouge et un bleu. Une myriade de feux étincelants entre le lever de l'un et le coucher de l'autre, du pourpre au zinzolin et des éclairs aveuglants. Et sur l'océan se matérialisent des fluctuations de matière que l'homme s'ingénie à dénommer à partir se ses références mais « (...) aucune terminologie ne saurait exprimer ce qui se passe sur Solaris. Les 'arbres-montagnes', les 'longus', les 'fongosités', les 'momoïdes', 'symétriades' et 'asymétriades', les 'vertébridés' et les 'agilus' ont une physionomie linguistique terriblement artificielle : ces termes bâtards donnent cependant une idée de Solaris à quiconque n'aurait jamais vu de la planète que des photographies floues et des films très imparfaits. »

« Quel jeu incompréhensible jouait-on ici, et qui était l'adversaire de qui ? »
Kriss, médecin, atterrit sur la station en orbite proche de Solaris et est reçu par Snaut, le cybernéticien et Sartorius le physicien. Trois hommes pour faire tourner la station, ça fait peu. D'autant que ces deux derniers cachent manifestement quelque chose au nouveau venu. Peu importe, Kriss épuisé par le voyage, part se reposer. A son réveil, il n'est pas seul dans sa cabine. Harey est avec lui. Cette femme qu'il a tant aimée est présente, assise à le regarder. Il se doute à cet instant précis que quelque chose est arrivé sur Solaris. Harey ne peut pas être là, elle est morte sur la Terre, il y a des années ...par sa faute. Et pourtant elle lui parle. Il aura beau se rebeller contre cette.."chose", ce fantôme d'Harey, il découvre que son coeur peut à nouveau battre au fil des échanges qu'ils ont. Mais qui aime-t-il ? Harey l'ancienne ou la nouvelle ?

« - Alors, qui es-tu ?
Elle se tut un long moment. A plusieurs reprises, son menton trembla. Enfin, elle baissa la tête et murmura :
- Harey... mais... je sais que ce n'est pas vrai. Ce n'est pas moi... que tu as aimée autrefois.
- En effet, mais le passé n'existe plus, le passé est mort. Ici, aujourd'hui, c'est toi que j'aime. Tu comprends ? »

Harey serait-elle une émanation de son esprit ? Une hallucination ? Et s'il en était de même pour Snaut et Sartorius ? Sont-ils confrontés à l'apparition de leurs fantômes, leurs peurs, leurs regrets les plus enfouis au fond d'eux-mêmes ?

« L'homme est parti à la découverte d'autres mondes, d'autres civilisations, sans avoir entièrement exploré ses propres abîmes, son labyrinthe de couloirs obscurs et de chambres secrètes, sans avoir percé le mystère des portes qu'il a lui-même condamnées. » ''Connais-toi toi même'' avant d'aller voir Solaris ! L'océan est-il capable de sonder leurs esprits ? Alors que tous les scientifiques au prix de tant d'années d'étude de Solaris, n'ont toujours pas une hypothèse sérieuse concernant la nature de l'Océan...

« Quelqu'un a parlé de symphonie géométrique - nous restons sourds à ce concert. »

J'ai adoré ce roman, autant pour les descriptions de l'environnement que pour les questions qu'il soulève. S'agissant des réponses, Stanislas Lem laisse à chacun le choix. Personnellement, je creuse encore cette petite phrase : « Indifférent, je refusais de savoir que je cheminais vers l'inaccessible et je n'avais plus même la force de me mépriser. »
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Peut étre l'un des livres parmi les plus intriguants ....
Il se dégage ici une atmosphére qu'aucun mot ne peut décrire .
C'est trés cérébral , puissant , profond , cette philosophie à l'oeuvre dans cette oeuvre ne peut que laisser le lecteur dans un ensemble de questions qui dépassent largement le cadre de la SF .
On est ici devant une oeuvre ou il faut oublier tout ce que l'on sait pour réussir à entrer .
Nombreux sont ceux qui doivent étres déstabilisés par cette histoire qui prend son temps , le temps de sa respiration ...
C'est le lecteur qui doit faire l'effort pour aller chercher cette oeuvre si mystérieuse , complexe , d'un niveau largement supérieur aux oeuvres lambdas
C'est un chef d'oeuvre , une oeuvre maitresse , un bijou .
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Un grand classique de la SF que je 'avais pas encore lu, ce livre assez court a très bien vieilli parce qu'il est plutôt axé sur la question de la communication avec une vie extraterrestre, l'auteur restant évasif sur la technologie du futur, ce qui aurait vieilli le moins bien !
Le scénario se déroule avec assez peu d'action et beaucoup de réflexions sur cet océan, personnage central du lvre, de relations interpersonnelles aussi entre les occupants de la station.
Le livre est flippant parce qu'il insiste sur notre psychologie, nos peurs inconscientes, nos névroses enfouies, nos fautes inavouées.
Du coup j'ai envie de voir le film de Tarkovski, que j'ai également loupé !
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Et me voici de retour sur le site après deux mois de folie en collège, à chroniquer un monument de la science-fiction! En dehors des oeuvres hybrides de Jose Carlos Somoza, cela faisait quand même trèèèès longtemps que je n'avais pas ouvert un roman de science-fiction, et que ma connaissance littéraire du genre était loin d'égaler ma curiosité... À force d'entendre parler de Stanislas Lem et de Solaris dans les colloques universitaires, il fallait bien que je le dévore un jour...

Solaris est une planète avec un océan pensant, semblerait-il, et l'objet de fascination la plus absolue pour les humains dans un futur indéterminé. Ils veulent à tout prix entrer en contact avec cette forme de vie autre, la comprendre, l'expliquer, mais ils se heurtent à un mur absolu. Tout le principe et le discours de l'oeuvre sont là, moult fois énoncés : L'incommunicabilité entre l'humain et ce qui lui est étranger. Ainsi, nous suivons la narration de plus en plus tourmentée du Dr Kelvin, scientifique sur place avec d'autres chercheurs, en proie à l'incompréhension face à ce défi scientifique, cette énigme qui a rendu les humains aussi prolixes qu'impuissants. Kelvin et ses collègues se retrouvent par ailleurs victimes de ce qui s'apparenterait à des hallucinations (mais ce n'est pas tout à fait ça...) visiblement engendrées par la planète... Pour à son tour tenter de communiquer, leur nuire, répondre à leurs explorations trop agressives...? Solaris n'est pas n'importe quel roman de science-fiction : Il est écrit dans un vocabulaire scientifique très précis et poussé, ce qui rend sa lecture exigeante, peut dérouter, et qui rend béat d'admiration pour le traducteur Jean-Michel Jasienko. Il y a des passages qui relèvent véritablement de l'horreur avec les apparitions, d'autres où l'énigme sur la nature de la planète et de l'océan peut faire penser à une investigation policière. Les descriptions des couchers de soleils (au pluriel, Solaris tourne autour d'un soleil rouge et d'un soleil bleu) sont sensationnelles et tendent vers le romantisme. Mais surtout, on alterne entre les péripéties de Kelvin et ses questionnements métaphysiques au sein de la bibliothèque de la station. Et c'est là que c'est génial : le roman devient presqu'un essai métaphysique sur l'espèce humaine, sa recherche obsessionnelle d'autres civilisations, mais pas vraiment, puisqu'elle veut toujours dominer ou être dominée, et que face à Solaris, face à un véritable point d'interrogation, une vraie différence, qu'elle ne parvient ni à appréhender ni à maîtriser, elle se retrouve à bégayer des théories sans fin jusqu'à la folie... J'ai bien ri lorsqu'il est même fait mention d'une attaque militaire, tellement typique de l'homo sapiens... Ces passages réflexifs sont tout le sel et le coeur de l'oeuvre, et, même si j'ai peu lu de SF, il me semble rare de voir un auteur s'adonner à un travail aussi profond. Ces moments m'ont même fait penser à du Mémoires d'Hadrien sauce SF!

L'humain conquérant et victime de son hybris, dans un ridicule absolu, est donc croqué avec une grande acuité par Lem via la voix de Kelvin, et il y a évidemment aussi une critique du savoir scientifique et universitaire : S'entassent toujours plus les écrits d'autorité et grandes hypothèses sur Solaris, finalement démontés avec le temps, et la bibliothèque du roman devient vers la fin une véritable Bibliothèque de Babel Borgésienne... Kelvin énonce vers le début du roman "Ignoramus et Ignorabimus" ("nous ignorons et nous ignorerons"), ce qui est le credo du roman, et une devise qui était déjà la mienne avant de la lire... Marrant qu'en tant qu'universitaire, j'apprécie les oeuvres qui pointent du doigt la vacuité de la recherche, mais il faut savoir reconnaître les fourmis balbutiantes que nous sommes et l'accepter!

La fin dérive vers le sujet de la foi, et je ne m'y attendais pas du tout : Solaris mettant les humains véritablement à genoux en quête désespérée de réponses, les obsédant totalement, et accouchant de créations, elle peut être considérée comme un Dieu, et la Solaristique comme une religion... Rares sont les romans de genre qui m'auront fait penser, tour à tour, à du Dostoïevski, du Maupassant, du Borgès, voire à du Beckett, avec une plume rare... À lire! J'ai évidemment également apprécié l'imagination de Lem avec les créations de Solaris, et l'histoire d'amour avec Harey... Quand on sait que Lem détestait tous les auteurs de science-fiction de son temps en dehors de Dick, on comprend qu'il n'ait pu pondre rien de moins qu'un roman aussi riche...
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A l'identique du film culte Matrix (dans lequel un informaticien s'aperçoit qu'il vit dans du virtuel), au sujet duquel Alain Badiou dans Matrix, machine philosophique interroge: " comment savoir si la réalité n'est pas une illusion?" Solaris, roman culte de science fiction (d'ailleurs antérieur à Matrix) questionne sur le réel et les mondes crées de toutes pièces grâce à l'informatique.
Solaris, planète aux deux soleils est sous le contrôle des Terriens depuis la station Solaris. Sans habitants, elle est pourvue d'un océan mystérieux. Est-il vivant? Doté de conscience? le psychologue Kelvin, arrivant à la Station de surveillance constate que le commandant s'est suicidé et ses collègues les docteurs Snaut et Sartorius sont fous.Sa propre femme qui s'est suicidée (ce qui le culpabilise), il y a fort longtemps, réapparait. D'autres morts aussi. Sont-ils réellements morts et issus d'hallucinations ou sont-ils réellemment vivants?Est-ce Solaris qui agit sur les hommes et s'en sert de cobayes? Solaris pose-t-elle des questions à Kelvin? le psychologue va partir vers des profondeurs insoupçonnées...les siennes!
Solaris de Stanislaw Lem (auteur polonais du XX° siècle,de romans de science fiction tels que le bréviaire des robots ou Les journaux des étoiles, de contes, récits et essais philosophiques mais qui a étudié la médecine et la philosophie et a été également chercheur en physique) avertit des dangers de la technologie informatique donc du virtuel. Adapté en film,Solaris a été traduit en plusieurs langues (en français chez Gallimard).
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Qui a dit que la science-fiction était une affaire anglo-saxonne ? Sans parler de la SF française qui a ses propres phares (René Barjavel, Pierre Boulle, Gérard Klein, Jean-Pierre Andrevon, Pierre Pelot, Michel Jeury, Pierre Bordage, Ayerdhal, et beaucoup d'autres), on peut citer la SF des autres pays européens (Allemagne, Italie, Espagne) ou celle, particulièrement intéressante des pays de l'Est, en particulier la Pologne (Stanislas Lem) et russo-soviétique (Alexei Tolstoï, Evguéni Zamiatine, Ivan Efremov, les frères Arcadi et Boris Strougatski).
Stanislas Lem (1921-2006) est un auteur polonais des plus fameux, aussi connu que Henryk Sienkiewicz (l'auteur de « Quo vadis »). Il est l'auteur de plusieurs ouvrages qui ont marqué l'histoire de la science-fiction : « Mémoires trouvés dans une baignoire » (1961), « Solaris » (1961) ou encore « L'Invincible » (1964) ainsi que plusieurs recueils de nouvelles.
« Solaris » est un roman de science-fiction à portée philosophique, car il pose des questions essentielles sur la connaissance et la compréhension, non seulement d'un autre monde, mais encore de celui où nous vivons, et même de notre monde intérieur.
Solaris est le nom donné à une planète entièrement recouverte d'un océan mouvant à la surface du quel émargent des formations diverses. On ne sait pas si cet océan (et ce qui le compose) est doué d'intelligence. Une station d'observation gravite dans l'orbite de Solaris. Quand le professeur Kris Kelvin y arrive, il constate un grand délabrement de la station. Des trois savants censés l'accueillir, l'un, Gibarian, s'est suicidé, les deux autres, Snaut et Sartorius, sont pour le moins énigmatiques, voire inquiétants. L'affaire se complique quand il voit apparaître sa femme Harey, morte dix ans auparavant. Peu à peu Kelvin comprend que Harvey et d'autres créatures du même genre, issues des souvenirs des passagers, sont en fait des créations émises par l'océan, consécutivement à une agression dont il aurait été victime bien auparavant. La nature de l'envoi de ces « Visiteurs » constitue une énigme : est-ce un premier contact avec une intelligence extra-terrestre ? Ou est-ce un piège venant d'une entité malveillante ? Toutes les hypothèses sont permises. La réponse est sans doute sur la planète elle-même.
Le roman pose plusieurs questions et Solaris n'apporte aucune réponse : le contact des humains avec d'autres formes de vie est-il possible ? La science peut-elle y répondre ? Il ne s'agit pas ici seulement de technologie, mais également de psychologie, voire de psychiatrie : le cerveau humain dont on ne connait pas les capacités peut-il être manipulé par d'autres forces ou est-il lui-même manipulateur ? Kris ira chercher la réponse à la surface même de Solaris. Mais pour autant, en saura-t-il plus à son retour. L'auteur laisse une fin ouverte.
Compte tenu du sujet, il faut s'accrocher un peu, mais, franchement, ça vaut le coup d'aller jusqu'au bout. Solaris est un roman captivant, qui mérite sa place auprès des grands succès de la SF comme « Dune » (Herbert), « Fondation » (Asimov), ou les « Chroniques martiennes » (Bradbury).
Ce grand roman a été adapté deux fois au cinéma, et deux fois avec succès :
Un film d'Andréi Tarkovski sorti en URSS en 1972, avec Natalia Bondartchouk et Donatas Banionis.
Un film de Steven Soderbergh sortis aux USA en 2002, avec Natasha MacElhone et George Clooney.


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Roman classique de Science-fiction, mais bien plus que cela pour moi.
Si j'avais une place de plus dans mon sac à dos, je l'emmènerais sûrement sur une île déserte avec moi.
Une invitation à un voyage interstellaire, dans un monde inconnu, incompris et incompréhensible,
des descriptions complexes (parfois assez longues et difficiles ce qui pourrait rebuter certains, je l'admet, même si ces paysages m'ont laissé parfois dans un état presque second...) et fantastiques, des descriptions presque poétiques de figures géométriques que cet océan offre aux yeux des visiteurs humains (je vous invite à découvrir les mimoïdes, les symétriades et autres anti-symétriades),
une étude, une expérience scientifique pour communiquer avec une entité complètement étrangère à toute conception humaine (qui est le cobaye?),
une séance de psychanalyse face à ses propres démons, miroir de ses propres non-dits, de ses pensées les plus enfouies,
une réflexion métaphysique à la limite presque d'une vision religieuse,
une tragédie romantique,
c'est un peu tout ça et ça ne dépend que de vous qui lirez ce livre et deviendrez un solariste comme Kelvin, Snaut, Sartorius ou même moi à la fin de la lecture de ce livre exceptionnel de Stanisław Lem (lu en version originale dans la langue d'Adam Mickiewicz).
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Le docteur Kris Kelvin est envoyé en mission sur la planète Solaris. Cette dernière est constituée en quasi totalité d'un unique océan qui semble vivant mais avec lequel personne n'a encore réussi à communiquer jusqu'ici. Ce qui explique qu'après des dizaines années d'expériences et de recherches infructueuses, les scientifiques ont pour la plupart renoncé à établir un contact et ont quittés la planète. Kelvin découvre donc une station pour ainsi dire déserte. Même les robots d'entretien sont rangés, inactifs, dans leur hangar. le nouvel arrivant ne rencontre qu'un seul de ses collègues, le docteur Snaut. Mais ce dernier a un comportement pour le moins curieux. Pourtant, au milieu de cet endroit vide d'êtres humains, Kelvin va croiser des créatures sorties d'on ne sait où. Il va découvrir très vite que chacune de ces créatures est liée, il ne sait comment, à chacun des occupants de la station. Bientôt, il va recevoir à son tour une visite totalement inattendue dans sa propre chambre. Il s'agit de Harey, la petite amie qu'il avait lorsqu'il était jeune adulte. Problème : elle s'est suicidée il y a de cela fort longtemps. D'où vient cette copie parfaite ? Comment est-elle arrivée là ? Pourquoi ? Kelvin va vite découvrir que l'océan n'est pas étranger à ces phénomènes. Il semble qu'il soit capable de matérialiser avec une précision diabolique, les souvenirs qu'on croyait les plus enfouis. En tout cas, les plus pénibles. Ceux qu'on ne voudrait pas voir resurgir.
Voilà, je crois que je vous ai tout dit. Pourtant je n'ai certainement pas pu gâcher votre plaisir de lecture tant ce livre est avant tout affaire d'ambiance. Les plus perspicaces d'entre vous l'auront compris, nous sommes face dans ce, magnifique roman, à un huis-clos étouffant. À côté des passages purement « techniques » mais, rassurez-vous, parfaitement lisibles tels que les recherches que Kelvin entreprend sur l'océan, lisant quantité de documents qu'il a trouvé dans la bibliothèque et qui nous permettent d'en apprendre un peu plus sur la planète; nous trouvons des passages entiers pleins de questionnements, plus axés sur l'humain, j'ose dire plus philosophiques.
J'ai littéralement adoré cette conversation dans le chapitre éponyme entre Snaut et Kelvin. le premier reprochant au second sa légèreté, son égoïsme, sa cruauté. Lorsque Kelvin prétend qu'il veut à tout prix sauver sa fiancée, ou du moins sa copie, Snaut lui rétorque qu'il ne pense qu'à son bonheur à lui et pas aux conséquences que cela pourraient avoir sur la « créature ». On ne peut pas ne pas penser, dans ce passage et dans d'autres, à Blade Runner et aux « répliquants ». Robots avec des sentiments ou bien humains dans un corps synthétique ?
Si vous cherchez de l'action, passez votre chemin. Si vous pensez que la Science-Fiction doit procurer au lecteur des matériaux pour sa réflexion, précipitez-vous.
Lien : http://aruthablog.blogspot.fr/
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