C'est par hasard que je suis tombé sur cet essai en flânant un après-midi dans une librairie, comme j'aime à le faire. En 300 pages, Dany-le-vert, comme il est surnommé aujourd'hui, en collaboration avec
Patrick Lemoine, dresse un portrait assez impressionnant, portant sur une période de plus de deux siècles, de personnalités d'origine étrangère devenues françaises (ou non), et ayant apporté leur contribution au développement de l'hexagone dans de nombreux domaines de la culture, du sport et de la politique. Si l'origine et les contributions de certaines de ces personnalités sont connues des lectrices et lecteurs, d'aucuns seront surpris d'y retrouver des personnalités diverses qu'ils pensaient être ou avoir été des français de souche. car nombreuses furent celles qui changèrent de nom pour, soit acquérir la nationalité française, soit faire avancer leur carrière dans leur domaine respectif. Beaucoup d'entre elles, nées juste avant et pendant la seconde guerre mondiale, furent longtemps apatrides, et durent attendre la fin de la guerre pour pouvoir choisir une nationalité.
Cohn-Bendit en fit partie et son « odyssée » est le meilleur exemple pour illustrer ce livre. Après avoir vécu ses premières années en France, il retourna outre-Rhin, terre natale de ses parents, qui avaient dû fuir l'Allemagne nazie en tant que juifs, pour s'installer dans le sud de la France dans les années 1930. Dany avait un frère aîné, qui avait vu le jour avant la guerre, et grâce à cela, il avait pu prendre la nationalité française, alors que son cadet, né en 1945, était resté apatride. Sa famille étant retournée en Allemagne après la guerre, il devint alors citoyen allemand. Il passera sa vie à naviguer entre ces deux pays, en véritable caméléon, d'abord à la tête des manifestants lors des événements de
mai 68, ce qui lui vaudra d'être surnommé Dany-le-Rouge et d'être expulsé de France, pour devenir dans les années 1980 l'un des premiers écologistes, ce qui lui valu le droit de changer de « couleur », devenant Dany-le-Vert. C'est en cette qualité qu'il se présenta avec succès aux élections européennes, d'abord en tant que député européen du parti « vert » allemand, puis pour ses homologues français. Après s'être retiré de la politique, il prit finalement la nationalité française en 2015. L'enfant apatride se retrouve donc aujourd'hui avec la double nationalité française et allemande.
Une bonne illustration pour cet essai, dont la finalité est de montrer, de par les nombreux cas de figure qu'il met en évidence, que la France a toujours été un pays d'accueil pour tant d'étrangers, dont de nombreuses grandes personnalités qui ont contribué à son développement et que changer de cap, comme certains dans ce pays le voudraient en ce début du XXIe siècle, serait commettre une grosse erreur.