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EAN : 9782896941926
Alto (01/01/2015)
3.72/5   40 notes
Résumé :
À l’été 2001, un squelette apparaît à l’orée d’un petit bois, à quelques pas de l’Hôpital Royal Victoria à Montréal. Une enquête s’amorce, qui deviendra une quête : découvrir l’identité de cette femme morte sans bruit. Mais toutes les pistes mènent à l’impasse ; celle qu’on a baptisée Madame Victoria continue d’attendre que quelqu’un prononce son nom.
Aujourd’hui, la fiction prend le relais.
À partir d’une série de portraits de femmes, Cath... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Catherine Leroux a construit cette dizaine de nouvelles à partir d'un fait divers à savoir la découverte d'un squelette dans un bois au sommet d'une colline, à proximité de l'Hôpital Victoria de Montréal.

Elle a donc opportunément baptisé l'inconnue, dont ne subsistent que quelques ossements, du prénom de Victoria. Et elle a donc imaginé les trajectoires variées de ces Victoria qui les mèneront toujours sur cette colline pour y terminer leur vie.

La qualité des nouvelles est inégale, chaque lecteur peut donc les apprécier selon sa réceptivité et ses perceptions. le style est là, brillant, alternant courtes phrases et propositions plus étoffées, avec de rares dialogues qui traduisent exactement les sentiments de ceux qui les prononcent.

Victoria est tour à tour faible ou forte, admirée ou ignorée, aimée ou délaissée, elle-même aimante, la couleur de sa peau pouvant elle aussi changer, voire être martyrisée par un urticaire géant provenant du simple fait de côtoyer des humains. En tout cas, elle est toujours puissamment déterminée à accomplir sa destinée et, si elle cherche quelquefois des échappatoires illusoires, elle revient invariablement vers le chemin qui la conduit à l'aboutissement de son enveloppe corporelle.

C'est une oeuvre essentiellement psychologique, avec de très beaux portraits féminins, développés au fil des pages au point que, quelle que soit la Victoria finale, le lecteur ne peut que s'attacher à l'image qu'elles toutes lui renvoient, quitte à construire lui-même celle qu'il veut reconnaître comme sa propre héroïne.

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À la fois recueil de nouvelles et exercice de style, cet ouvrage rassemble des fictions qui sont toutes basées sur un fait divers réel : la découverte des ossements d'une inconnue dans un parc de Montréal. Dans chacune de ces histoires, l'autrice réinvente la vie de cette femme anonyme, dont l'identité demeure encore un mystère à ce jour.

Un florilège de portraits de femmes s'enchaînent, d'abord plausibles et réalistes puis de plus en plus créatifs et fantaisistes. Très variés, un thème commun les unit cependant : la solitude. En effet, il faut probablement être bien seul pour mourir dans un buisson de la métropole sans que personne s'en inquiète. Quelles malchances, quels choix de vie peuvent conduire à un tel isolement? C'est la question difficile que pose ce livre. Et la réponse est limpide et terrifiante : cela pourrait tous nous arriver.

J'ai trouvé l'idée derrière l'écriture de ce recueil très originale et le traitement, franchement réussi. L'écriture est très agréable, parfois poétique. Je ne connaissais pas Catherine Leroux avant, mais je lirai assurément ses autres publications.
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Un fait divers réel : la découverte du squelette d'une dame, à proximité d'un hôpital. de là, l'imagination fertile de Catherine Leroux s'emballe. Elle nous propose de beaux portraits de femmes, des histoires qui auraient pu être celle de Madame Victoria. Une jeune mère qui perd pied ? Une femme d'affaires arriviste ? Une autre qui traine un lourd secret ? Une esclave ? Qui était-elle ? Mort accidentelle ? Suicide ? Meurtre ? Elle nous propose toutes ses hypothèses plus vraies les unes que les autres.

Catherine Leroux prend le parti pris de raconter des histoires de femmes de divers milieux sociaux mais des femmes qui souffrent, en manque d'amour, d'enfant, de rêve... des vies complexes. Elle nous parle d'elles, de leur entourage, imagine les réactions de chacun. Elle reconstitue patiemment leur vie de femmes à diverses époques, pratiquant différents métiers mais partageant une vraie solitude. Chacune mourra seule, sans témoin, éloignée des siens. Un élément qui a visiblement bouleversé l'auteure. Entre les groupes de portraits, Catherine Leroux nous raconte l'avancée de l'enquête et l'appel à témoin pour identifier madame Victoria.

J'ai aimé, une fois encore, l'imaginaire de Catherine Leroux. Elle imagine, brode, construit un contexte et nous conte à partir de là des histoires très différentes. Son écriture évocatrice et forte, mise au service de cette dizaine de vies, m'a émue et surprise à plusieurs reprises. Avec beaucoup d'inventivité et dans des styles foisonnants, elle passe d'un genre à l'autre, nous proposant mêmes des histoires fantastiques

De beaux récits à la mémoire de Madame Victoria, toujours non identifiée à ce jour, mais aussi un bel hommage à toutes ces anonymes disparues, à toutes ces femmes malmenées par la vie.
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Le point de départ de ce roman est très émouvant : c'est une histoire vraie que celle de ce squelette de femme retrouvé à proximité de l'Hôpital Royal Victoria à Montréal et la manière dont Catherine Leroux met en scène la découverte des restes par un soignant de l'hôpital et l'appel à témoins entendus au téléphone et triés par une écoutante rend cette personne inconnue très proche, cela lui rend déjà de l'humanité et de la dignité qui ne lui ont sans doute pas été suffisamment accordés de son vivant.

Ensuite, Catherine Leroux s'exerce au jeu des hypothèses, elle invente des vies à cette « Victoria » et sa palette de couleurs est très riche, très vaste dans la variété des genres : du bas au haut de l'échelle sociale, du personnage historique à celui venu du futur, de l'enfant icône à la femme fourbue sous le poids des enfants en passant par la jeune mère célibataire , de l'hypersensible à l'égocentrique sans oublier l'amoureuse, Victoria revêt toutes les personnalités, elle épouse sans aucun doute l'histoire de Montréal et de la création de son Hôpital royal (mais je ne connais pas assez l'histoire de la ville), « entité éternelle et abstraite » (la définition de ce motif récurrent d' Eon) aux yeux vairons.

Ce qui frappe, comme dans le mur mitoyen, c'est l'écriture de Catherine Leroux, sa profondeur, sa force, la finesse, l'empathie de sa psychologie, son art de nouer des liens, de relier toutes ces facettes kaléidoscopiques pour donner de la chair, à cette femme perdue, oubliée. L'auteure sait dire comme personne la douleur, le désir, la solitude, l'addiction, la fatigue, la folie, et l'amour aussi. C'est certainement une des voix incontournables de la littérature québécoise d'aujourd'hui.
Lien : http://desmotsetdesnotes.wor..
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Chère lectrice, Cher lecteur,
Le corps d'une femme est retrouvé sans vie tout près de l'Hôpital Royal Victoria à Montréal à l'été 2001. Qui est-elle? D'où vient-elle? Une enquête est déclenchée pour tenter de percer le mystère et pour l'identifier. En attendant, elle reçoit un nom : Victoria. Quelqu'un pourra-t-il révéler son identité?
Catherine Leroux a été marquée par un reportage présenté à l'émission Enquête de Radio-Canada. Elle s'est basée sur un cas vécu pour écrire Madame Victoria. D'ailleurs, elle mentionne à Danielle Laurin du Devoir :
Comme on le dit dans le reportage, de grands efforts ont été déployés pour découvrir qui elle était, mais on n'a toujours pas trouvé son identité. Ce que je trouve aberrant et triste, mais qui est une grande force pour l'imagination et pour le récit.
Entre fiction et réalité, le lecteur essaye de découvrir à travers les multiples portraits présentés dans ce bouquin l'identité de Madame Victoria. À cet égard, Leroux dresse divers profils de femme à travers différentes époques. Elles possèdent des points en commun comme le prénom Victoria et une mort anonyme, effacée. Victoria peut être blanche, noire, vieille, jeune, amoureuse, célibataire, mère de famille, alcoolique, etc. le signifiant Victoria est certes un élément bien intriguant…D'une part, il renvoie au nom de l'hôpital où l'on a découvert le corps de la morte. Ce nom a évidemment été donné en l'honneur de la célèbre reine… Il ne faut pas oublier que le Canada a été une colonie britannique. D'autre part, c'est un prénom qui réfère à la victoire. Les enquêteurs pourront-ils vaincre et dévoiler l'identité de cette femme?
Victoria a régné sur le Royaume-Uni pendant plus de soixante-trois ans. Son nom a servi à désigner la morale stricte de son époque. de nombreuses villes ont été baptisées en son honneur, dont la capitale de la Colombie-Britannique. […] Victoria est partout autour de nous, elle est devenue une part intégrante de notre quotidien. C'est ça, pour moi, la vraie notoriété. Quand notre nom devient quelque chose de plus grand que nous-même. (p. 230)
L'écriture de Catherine Leroux s'avère fascinante. Il y a dans ce récit du lyrisme, du fantastique, de l'élégance. le lecteur est porté par les voix de ces figures féminines. Leroux tente de redonner la parole à toutes ces femmes oubliées, disparues, dont l'identité a été effacée. Elle couche leur histoire sur le sable mais inlassablement, une vague les emportera ailleurs… C'est beau, c'est triste, c'est aussi ça la vie. La fiction sert parfois à nommer l'inexplicable.
Après tout, peut-être a-t-elle souhaité mourir sans qu'on la remarque. Peut-être a-t-elle volontairement cherché cet anonymat et cette solitude, et tout ce cirque autour de ces os exaspère certainement son esprit qui n'attend qu'un peu de silence pour pouvoir se détacher de cette montagne piquée d'une si lourde croix.
Puis, Germain fixe la canopée et les toits des bâtiments perlant sur le mont Royal, et il se ravise. Ce qu'elle veut, c'est que quelqu'un prononce son nom. (p. 14)
Si vous souhaitez plonger dans l'univers de Catherine Leroux, n'hésitez pas à lire ce récit où l'écrivaine donne vie avec beaucoup d'empathie à toutes les Victoria…

https://madamelit.me/2017/09/19/madame-lit-madame-victoria/
Lien : https://madamelit.me/2017/09..
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Citations et extraits (50) Voir plus Ajouter une citation
Le vent balayait la montagne comme pour la dépouiller de ses souvenirs et je me suis surprise à désirer une promenade sur ces sentiers mal balisés qui menaient tous au même endroit.
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Je crois qu'on ne savait pas très bien pourquoi on souhaitait mourir. À cet âge-là, on veut aimer, tuer, jouir et souffrir plus qu'à n'importe quel moment de la vie sans savoir pourquoi. On réagit à un désir en répondant à un autre; on tente d'apaiser sa soif en mettant le feu et de réparer une blessure en y mettant le doigt. Je crois qu'on voulait mourir d'amour, ce qui était à la fois très sot et étonnamment lucide pour des adolescents. Comment aurions-nous pu savoir qu'en laissant courir notre passion quelques années encore, elle se serait désagrégée pour faire place à cette déception monotone qui unit les vieux couples? Nous ignorions ce qui nous attendait et pourtant nous voulions y échapper.
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Les gens qui lisent ont de drôles d'idées, mais ils ne font pas grand-chose.
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La nature était si belle et volatile.
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Après tout, peut-être a-t-elle souhaité mourir sans qu’on la remarque. Peut-être a-t-elle volontairement cherché cet anonymat et cette solitude, et tout ce cirque autour de ces os exaspère certainement son esprit qui n’attend qu’un peu de silence pour pouvoir se détacher de cette montagne piquée d’une si lourde croix.
Puis, Germain fixe la canopée et les toits des bâtiments perlant sur le mont Royal, et il se ravise. Ce qu’elle veut, c’est que quelqu’un prononce son nom.
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Vidéo de Catherine Leroux
Dans une nature malmenée par les hommes, il ne reste parfois plus beaucoup d'options. Comment survivre lorsque l'équilibre a été rompu ? Que reste-t-il aux enfants des générations futures pour reconstruire sur les cendres d'un monde à l'agonie ? Dans ces multiples interrogations sur notre rapport à l'environnement, la littérature nous montre que tout est encore possible. Antoine Desjardins, Catherine Leroux et Matthew Neill Null
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