Après un gai déjeuner, entre sa soeur, compagne dévouée de sa vie, vivante Providence de son foyer, et lui, et quelques tours de promenade dans ce jardinet donc il pourrait dire comme Mlle Helvétius à Bonaparte, dans son jardinet d'Auteuil : « Vous ne savez pas ce qu'il peut tenir de bonheur dans quelques pieds de terre, » le poète avait jeté sur un fauteuil son veston de flanelle rouge que connaissent bien tous ses familiers, et qui leur réjouit l'oeil dès l'entrée. Coppée, comme tous les poètes, esc épris de cette belle couleur de la pourpre, faite pour eux ; et pour les heures de travail et de rêverie, il aime ce rouge et souple harnais qui enveloppe d'une moelleuse chaleur ses reins frileux de sédentaire.
François Coppée est né à Paris de parents nés à Paris eux-mêmes, chose rare, comme le remarque avec raison Jules Claretie. Le poète a donc été marqué du sceau d'une origine parisienne sans alliage. Aussi est-il de la forte, fine et souple race des parisiens parisiennants . Il a le sens intime et profond de Paris, comme tous ceux qui ont entendu dès le berceau les bruits de cette mer humaine, comme tous ceux dont l'oeil s'est éveillé de bonne heure sur cet horizon de toits et de clochers.