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3,83

sur 329 notes
♬ Famille nombreuse, famille heureuse ♬...
Dire qu'un livre vous touche paraît parfois être l'expression d'un lieu commun. Ici ce livre m'a touché au ventre, c'est-à-dire qu'il m'a fait mal et une fois que je me suis relevé, je ne sais toujours pas pourquoi il a eu cet effet, ou oui un peu bien sûr, mais pas vraiment et au moment où je vous écris je ne suis pas certain que ce que je vous révèle de mon ressenti soit celui que je pourrai vous avouer demain. Ce livre continue de cheminer en moi.
Ici chaque page du récit joue avec l'ambivalence.
Je suis sorti bousculé de ce récit qui paraît si simple au premier abord.
Au début du roman, c'est une histoire d'amour ordinaire, un bonheur simple dont rêvait David et Harriet. Ils s'aiment et dès les premiers jours qui fondent leur couple, ils rêvent d'une progéniture et pour cela ils achètent une grande maison. Cette famille en devenir s'annonce sous les meilleurs auspices, même si dans leur entourage plusieurs s'accordent à penser que ce serait bien de prendre un peu de temps avant ce projet de vie.
La vie suit son cours comme un long fleuve tranquille, quatre enfants vont ainsi naître à la suite, jusqu'au jour où vient une cinquième grossesse non désirée. Aïe ! Harriet ressent très vite que l'enfant qu'elle porte n'est pas ordinaire, mais un intrus qui lui déchire les entrailles, celui que toute la famille déteste déjà avant même l'instant où il va naître. Celui qu'on attend avec comme un monstre.
L'enfant naît, prématuré, mais ayant déjà un poids au-delà de la norme.
L'enfant, Ben, n'est pas anormal, mais ressemble à une sorte de gnome à la force prodigieuse. On voit qu'au début, chacun tend les bras comme pour conjurer une crainte malsaine, mais l'enfant n'exprime aucune tendresse, semble totalement indifférent à son entourage, froid, dénué d'émotion. Sa venue dans la famille, son attitude associale puis brutale plus tard, vont bousculer le cercle familial. Des actes vont être posés, je ne vous en dit pas plus...
Ce roman est ma première immersion dans l'univers de Doris Lessing. Je découvre un roman puissant, totalement déstabilisant, cruel aussi, cruel par le ressenti des personnages, les non-dits, mais aussi par le poids d'une tension qui monte, qui nous happe, qui nous saisit au bord d'un cauchemar... Qui peut nous mettre en défaut aussi.
Car Ben va grandir. Il pose des actes à sa manière, ne trouvant pas sa place auprès des siens. Comment lui répondre ? Que faire de lui ?
J'ai adoré ce roman concis qui dit plusieurs choses, mais ne serait-ce que la différence et la manière de l'accueillir...
J'ai adoré ce roman parce qu'il nous bouscule dans nos retranchements, met à nu nos incertitudes. J'ai particulièrement adoré le personnage de la mère, ballottée entre compassion et angoisse... Il peut se lire de plusieurs manière, un peu comme un conte ou une fable...
Et puis il y a l'écriture de Doris Lessing, finement ciselée, impitoyable, ayant par moment comme un goût de fantastique, qui passe au scalpel l'envers des relations familiales, mais aussi la société britannique des années soixante-dix.
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Difficile de rentrer dans ce roman qui date des années 80. L'écriture est concentrée, sans chapitre, sans véritable pause. Cela ajoute à l'intensité du sujet, un enfant inadapté au sein d'une famille anglaise. Ce roman m'a rappelé Rosemary's Baby de Ira Levin.
Cela pose également la question de l'instinct maternel, de l'amour ou pas porté à son propre enfant, de l'acceptation de la différence, de la responsabilité vis à vis de nos enfants...
C'est tendu, intense, malsain, horrible.
Mais cela vaut le coup de lire ce roman.
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Lu dans le cadre du challenge Nobel.

Harriet et David étaient faits pour se rencontrer. Personnalités semblables, un peu ternes, même conception de la vie, conformistes, ils rêvent de fonder la famille idéale, nombreuse, chaleureuse, un vrai foyer de convivialité. Et donc, ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants.
Mais surtout ne vous imaginez pas que le reste de l'histoire est un conte de fées tout en roses et violettes. Cela n'aurait aucun intérêt. Sous des apparences heureuses, c'est au contraire le début d'une descente aux enfers.
Cela commence par la maison, immense, achetée sur un coup de coeur malgré la dépense déraisonnable. Puis Harriet qui tombe enceinte et doit renoncer à travailler. Mais le jeune couple peut compter sur l'aide de la famille. Et après quelques années, le rêve semble en passe de se réaliser, malgré l'épuisement d'Harriet et la crise financière des années 70 : les 4 enfants sont adorables, la maison grouille de monde à chaque période de vacances.
C'est alors que, malgré les précautions, Harriet comprend qu'elle attend un cinquième enfant, et que la grossesse va mal se passer. le foetus fait preuve d'une force et d'une rage inouïes, torturant sa mère de l'intérieur comme s'il voulait se venger de ne pas avoir été désiré. A sa naissance, cet enfant étrange provoque le malaise, puis la peur, de son entourage. Différent, froid, ne manifestant aucune émotion hormis des accès de rage destructrice, sa mère voit en lui un monstre venu des temps anciens.
Difficile d'en dire plus sur cette graine de sociopathe sans dévoiler la trame de l'histoire, mais sachez que ce roman est brillant. Mais brillant comme l'acier, et tout aussi glacial. En moins de 200 pages, il amorce plusieurs pistes de lecture : sort réservé aux enfants « différents » dans la famille, à l'école, dans la société. Dilemme d'une mère qu'on culpabilise d'avoir enfanté ce monstre, tiraillée entre un reste d'instinct maternel et une aversion pour son rejeton, entre cet enfant qui la phagocyte littéralement et le reste de la fratrie délaissée. Désarroi du corps médical, résistance du couple. On s'interroge aussi sur la nature du Mal, inné ou acquis, sur son origine. Pourquoi un tel coup du sort sur cette famille parfaite ? Critique féroce de la middle-class britannique trop orgueilleuse et condescendante ? Métaphore de la crise économique et des années sombres de l'IRA dans lesquelles le pays va bientôt basculer ?
Ce roman court mais très riche ne fait pas vraiment dans le bon sentiment. Réaliste et sans fioritures, il se lit comme un thriller. Angoisse et malaise suintent à toutes les pages. Il est saisissant, effrayant. En peu de mots, il vous marque pour longtemps. Je pense que c'est ce qu'on appelle le talent…
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Etonnante Doris Lessing : voilà une oeuvre d'une très grande profondeur psychologique et sociale mais qui se lit comme un thriller, et tangente même les codes du fantastique.
"Le cinquième enfant" se dévore, mais, comme aux entrailles de sa mère lors de la gestation, il fait mal par où il passe.
Le roman s'ouvre pourtant sur la perspective d'une représentation on ne peut plus normée du bonheur : celle de la famille, qu'Harriet et David ont décidé de construire, nombreuse, très nombreuse, à rebours des moeurs qui se développent autour d'eux quand ils unissent leurs destin et mettent en oeuvre leur projet à la fin des années soixante. La grande maison, un enfant arrive, puis deux, puis quatre, la maison, épicentre de la félicité familiale, se remplit à chaque fête de la famille étendue.
Une fêlure, pourtant, dès le départ, que personne ne veut voir : Harriet, épuisée, ne peut se passer d'aide.
Puis arrive la cinquième grossesse. Là, le roman ne fait pas que basculer dans une tension irrésistible: il remet en cause tous les postulats de départ et questionne en profondeur le rapport à la normalité sociale, les fondements de l'amour maternel, et même l'essence de l'humanité.
Un exercice littéraire terrifiant et prodigieux!
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Harriet et David travaillent dans la même société, elle est graphiste et lui architecte. Ils s'aiment, décident de se marier et se promettent d'avoir beaucoup d'enfants.

Pour accueillir leur future grande famille, leur choix s'est arrêté sur une immense bâtisse dans la banlieue de Londres. Rapidement les grossesses se succèdent dans une maison joyeuse toujours pleine, les fêtes de famille réunissant les parents ainsi que frères et soeurs du couple, chacun attiré par l'harmonie qui y règne. La naissance de Ben, le cinquième enfant, arrivé trop vite après la dernière naissance, fait basculer la vie de tous dans un malaise aussi puissant qu'indéfinissable. Déclaré normal par les médecins, Ben ne ressemble pas à un bébé classique et allie une force inouïe à une grande violence, d'ailleurs sa mère ne peut s'empêcher de le comparer à un troll.

Ce roman n'est pas sans rappeler Rosemary's baby, même si Ben n'est pas l'émanation du Diable comme dans la nouvelle d'Ira Levin, il transforme la vie familiale en enfer. Avec une tension allant crescendo, le Cinquième Enfant nous plonge dans un monde d'autant plus effrayant qu'il est banal : celui des enfants inadaptés, mal acceptés dans une société conservatrice et individualiste où l'animalité de Ben, présente en tout homme, ne peut s'exprimer que par la violence. Une très belle fable de Doris Lessing sur le mythe de la famille parfaite.

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La famille revue et corrigée par la grande Doris Lessing.

Harriet et David Lovatt forment le couple parfait. Envie d'une grande maison, ils achètent une grande maison. Envie d'être entourés de leurs proches, pas de problème on les réunit à Noël, Pâques et les vacances d'été dans la grande maison. Envie d'une grande famille, allez zou, on enchaîne les gosses, et un, et deux, et trois, et quatre.
Purée, mais ça demande du boulot tout ça quand même. Heureusement grand-mère Dorothy est là pour faire la nounou et grand-père James pour subvenir aux besoins.
Alors? Mais on continue pardi. Et hop, de cinq. Ben. L'enfant de trop... flûte, pas comme les autres celui-là. Laid, brutal, asocial, limite sociopathe. Et la théorie du bonheur vient de prendre un sacré coup dans sa face. 

La quiétude du foyer s'effrite, les rires s'éteignent, l'enthousiasme des premières années laisse place aux doutes et aux tensions, la famille explose. Boum.

Doris Lessing, par sa plume magique, nous entraîne dans la descente aux enfers de ce couple. Pas de grand discours, pas de jugement, juste un regard précurseur sur la place de la différence dans la société. Les liens sociaux et familiaux sont decortiqués jusqu'à la moëlle, les relations humaines apparaissent dans toute leur complexité.
Véritable tour de force en si peu de pages.
Et le personnage de Harriet, tiraillé entre amour et devoir maternels et son profond dégoût de ce cinquième enfant, est tout simplement une perle de la littérature contemporaine.

Famille digne de Confessions Intimes: au secours, notre foyer est en péril.
Mais surtout auteur digne d'une reconnaissance internationale. Genre un prix Nobel tiens. Ah c'est déjà fait?
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L'enfer de cette femme et mère est très bien décrit par l'Auteure. Pourtant Harriet et David énerve tout leur entourage. Ils veulent être heureux, habiter une grande maison et avoir beaucoup d'enfants. Un conte de fée moderne ou l'antichambre de l'enfer ? Tout commence bien : les grossesses d'Harriet se succèdent, grâce à l'aide financière de leurs parents, ils réussissent à acheter leur maison grandiose et cette dernière sert de maison familiale de vacances pour les cousins et la famille. Ils sont critiqués ouvertement et l'annonce de la cinquième grossesse d'Harriet n'arrange rien. Malheureusement après une gestation horriblement douloureuse et cauchemardesque, Harriet met au monde un enfant différent. Les médecins le trouveront normal année après année, il mange bien, grandit bien, est fort et vigoureux et le fait qu'il ne parle pas ne veut rien dire. L'aide qu'ils refuseront à cette femme décuplera son sentiment de culpabilité. Bon inutile de vous dire que la famille s'est détournée d'eux, la différence fait peur, et même les autres enfants feront tout pour quitter la maison. La cellule familiale va éclater après bien des aventures et malgré les années. J'ai souffert pour Harriet mais pas une seule page ne m'a donné l'envie de fermer le livre, bien au contraire. Je voulais savoir si, à un moment ou un autre quelqu'un tendrait la main à cette femme.


Challenge prix Nobel 7/12
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Un roman dérangeant mais qui m'a laissé une impression fort mitigée. La description de la rencontre de David et Harriet qui forment un couple peu banal tant ils ne sont pas dans l'air du temps est remarquable, de même que la peinture extraordinaire de la formation d'une famille, naissance après naissance, jusqu'à l'arrivée de son cinquième enfant. le lecteur se sent immergé dans cette famille un peu hors de son temps. La peinture sociétale sonne juste. le passage où Harriet part chercher Ben, la peinture de l'horrible institution où il végète et le retour à Londres sont aussi très réussis et effarants. Mais à partir de là j'ai un peu décroché, j'ai eu l'impression de ne plus comprendre du tout où Doris Lessing voulait en venir. Harriet a-t-elle fait une dépression du post-partum ? Mais dans ce cas, quand une femme est bien entourée (et c'est le cas d'Harriet !), il y a quelqu'un dans l'entourage pour remplacer la figure maternelle. L'attitude des personnes extérieures à la famille (corps médical, enseignants) m'a paru bizarre et aurait pu, en soi, être un sujet, mais cela n'occupe pas assez l'espace du roman, et finalement ne sert qu'à souligner le peu d'aide de la société. Et puis cette mère qui n'a développé aucun attachement pour cet enfant devient une mère quasi fusionnelle qui défend son petit bec et ongle, au détriment de la famille qu'elle avait construit. Je n'ai pas trouvé cela psychologiquement très crédible. Heureusement il y a une belle peinture du délitement de cette famille. Bref, chaque partie de ce roman m'a paru bien écrite, bien vue, mais mal articulée à la précédente et à la suivante. C'est mon premier roman de Doris Lessing, sa plume me donne envie de lire d'autres textes d'elle, mais je ne conseillerais pas celui-là, en tout cas pas pour la découvrir.
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Banlieue de Londres, David et Harriet, jeune couple désirant plein d'enfants. Ils achètent une maison un peu trop grande (mais le père de David va les aider), une maison que la famille et les cousins investissent pendant les vacances (mais Dorothy, la mère d'Harriet vient aider).

L'atroce cinquième grossesse annonce la naissance du monstre, chromosome néandertalien, Ben au regard glacial mais pour qui se battra sa mère, quitte à menacer la vie de la famille.

Passionnante écriture de Doris Lessing qui donnerait presque l'impression que ça sent le vécu.
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Superbe lecture ! le sujet n'en est pas moins difficile.
Harriet et David vont se rencontrer à une fête d'entreprise. Très rapidement, ils vont décider de se marier et d'avoir beaucoup d'enfants. Dans un premier temps, ils vont acheter une très grande maison. Mais Harriet devra arrêter de travailler très rapidement car elle va tomber enceinte de leur premier enfant. Ne pouvant subvenir en totalité à leurs besoins, ils seront aidés financièrement par James, le père de David. Les grossesses s'enchaînent et la maison devient la maison du bonheur. La famille et les amis prennent l'habitude de venir plusieurs fois par an, pendant de nombreuses semaines. Harriet, épuisée par ses grossesses, se fait aider par sa mère. Après la quatrième grossesse, Harriet et David souhaitent faire une pause. Cependant, Harriet va tomber enceinte une nouvelle fois, sans l'avoir voulu. Très vite, elle va se rendre compte que cela ne se passe pas comme d'habitude. le foetus est très actif et lui fait mal en permanence. Elle va se prendre d'aversion envers cet intrus. La naissance n'améliorera pas les choses. le bébé est difficile, associal et ressemble à un troll. le médecin ne lui trouve pourtant rien d'anormal. La famille, les amis, vont se détourner rapidement de Ben lorsqu'il leur aura été présenté. Les visites vont s'espacer et les relations au sein de la famille vont se dégrader.
Doris Lessing aborde le sujet de l'arrivée d'un enfant différent avec tous les problèmes que cela engendre : rejet, culpabilité, manque d'attention vis à vis des aînés, absence d'établissements adaptés pour ces cas...
Je vais maintenant m'empresser d'essayer de trouver la suite...
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