La famille revue et corrigée par la grande
Doris Lessing.
Harriet et David Lovatt forment le couple parfait. Envie d'une grande maison, ils achètent une grande maison. Envie d'être entourés de leurs proches, pas de problème on les réunit à Noël, Pâques et les vacances d'été dans la grande maison. Envie d'une grande famille, allez zou, on enchaîne les gosses, et un, et deux, et trois, et quatre.
Purée, mais ça demande du boulot tout ça quand même. Heureusement grand-mère Dorothy est là pour faire la nounou et grand-père James pour subvenir aux besoins.
Alors? Mais on continue pardi. Et hop, de cinq. Ben. L'enfant de trop... flûte, pas comme les autres celui-là. Laid, brutal, asocial, limite sociopathe. Et la théorie du bonheur vient de prendre un sacré coup dans sa face.
La quiétude du foyer s'effrite, les rires s'éteignent, l'enthousiasme des premières années laisse place aux doutes et aux tensions, la famille explose. Boum.
Doris Lessing, par sa plume magique, nous entraîne dans la
descente aux enfers de ce couple. Pas de grand discours, pas de jugement, juste un regard précurseur sur la place de la différence dans la société. Les liens sociaux et familiaux sont decortiqués jusqu'à la moëlle, les relations humaines apparaissent dans toute leur complexité.
Véritable tour de force en si peu de pages.
Et le personnage de Harriet, tiraillé entre amour et devoir maternels et son profond dégoût de ce cinquième enfant, est tout simplement une perle de la littérature contemporaine.
Famille digne de Confessions Intimes: au secours, notre foyer est en péril.
Mais surtout auteur digne d'une reconnaissance internationale. Genre un prix Nobel tiens. Ah c'est déjà fait?