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EAN : 9782130841982
Presses Universitaires de France (21/02/2024)
4.75/5   4 notes
Résumé :
Le roman noir français est généralement considéré comme un héritier du récit hardboiled américain, né dans les années 1920. Pourtant, il est aussi le résultat d'une histoire française, d'influences littéraires diverses et de pratiques éditoriales qui ont « inventé » le roman noir. Après Mai 68, le roman noir français cultive en effet sa singularité et reconvertit le genre en acte critique, idéologiquement investi : parce qu'il se veut une radiographie critique et po... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'histoire du roman noir comme mouvement littéraire continue d'être l'une des plus passionnantes qui soient. Issu de différents courants, mélange du hard boiled américain, du roman réaliste et social, et de l'enquête documentaire, il est en France un genre mutant, qui ne cesse d'évoluer pour englober différents domaines d'expertise et affiner son regard sur le monde. Dans le Roman noir, une histoire française, qui sort aujourd'hui en librairie, Natacha Levet décortique ses origines, ses racines et ses transformations. Il s'agit simultanément d'un récit historique, d'un essai et d'une cartographie, croisement de connaissances et d'analyses, à même de saisir en 14 chapitres ce qui fait du roman noir français un laboratoire d'expérimentation de la psyché humaine et un outil pour comprendre la société moderne.

On y apprend comment les auteurs issus du prolétariat y ont trouvé leur place et comment les journalistes se sont emparés du genre. Comment, à travers la fiction, une histoire des inégalités et de la criminalité a pu être racontée en prenant en compte les données sociales, en explorant les répercussions politiques, en s'intéressant à l'intime et à la psychologie. « le genre, écrit Natacha Levet, devient aussi le lieu d'une remédiation : il est un espace – fictionnel – de compréhension, de témoignage. Cette remédiation ne consiste pas seulement à donner voix aux invisibles, aux marginaux, aux opprimés du temps présent, mais aussi à offrir un tombeau aux oubliés, aux perdants, aux victimes muettes du passé. » le roman noir s'avère multiforme. Selon les périodes et les auteurs, il peut produire de la littérature de divertissement, ou être une littérature de combat, dont la raison d'être est de résonner avec le monde. « L'adjectif "noir" va s'appliquer à des romans, français ou états-uniens, qui livrent une vision désenchante et pessimiste d'une humanité pitoyable, montrée dans ses excès et sa violence », comme l'explique l'autrice.

Le Roman noir, une histoire française plonge dans les textes, analyse les styles, étudie avec brio les rôles joués par Simenon, Jean Meckert et Léo Malet, rappelle combien les auteurs et autrices du roman noir marchent dans les pas De Balzac et Zola. Surtout le livre ne cherche jamais à positionner le roman noir contre les autres littératures. Il ne s'agit pas d'opposer une littérature blanche nombriliste à une littérature noire politique, de reprocher le manque de reconnaissance du genre et son absence de présence sur les listes de Prix, ou encore de casser les idées reçues. Natacha Levet examine intelligemment l'histoire de cet art, sans la moindre frustration à l'égard des a priori qu'il génère parfois. Autre force du texte : sa capacité à démontrer combien le genre est essentiel, sans mettre sous le tapis ses égarements, et la manière dont il a été le gangréné par un virilisme excessif, une homophobie et un racisme assumés, et par la complaisance envers les violences faites aux femmes. L'autrice prend de la hauteur, interroge les évolutions, se méfiant de toute subjectivité.

Rares sont les courants, comme le roman noir, à s'inscrire d'un même geste dans la culture populaire et dans la contre-culture. C'est toute cette ambiguïté dont Natacha Levet détermine les tenants et les aboutissants. On ressort de la lecture du livre avec la conviction que le roman noir fonctionne en négatif du monde, qu'il est un reflet du monde, de ses travers et de ses failles, avec parfois le maigre espoir d'influer positivement sur sa marche.
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Et si le roman noir était une embarcation ? D'abord sans nom elle aurait cherché la flotte d'où elle venait. Roman naturaliste, prolétarien, western, récit criminel ? La barque avance à la godille et puis un jour est aspirée dans le sillage hardboiled des pulps qui traversent l'Océan, de l'Amérique du Nord vers le vieux Continent. Un vaisseau qui deviendra prestigieux, la « Série noire », va l'adopter et contribue à lui donner le nom de « roman noir ». Mais le roman noir n'a pas de pavillon et progresse toujours à la godille, surfe sur la vague de la pop culture. le roman noir apprend de ses explorations autant qu'il influence les côtes qu'il approche. le roman noir se reconstruit, innove et gagne en autonomie. Il devient critique un peu comme un bateau pirate. le roman noir a eu des équipages prestigieux, d'abord masculins puis féminins. le roman noir vogue toujours. Il a acquis une riche expérience, il connait les secrets de l'Histoire et se projette dans l'avenir. Il a traversé sans naufrage tellement de tempêtes qu'il n'est pas près de jeter l'encre.

Natacha Levet raconte l'histoire française du roman noir de manière érudite mais son propos reste simple. Consulter la table des matières est une manière efficace de rentrer dans son récit même lorsqu'il devient essai. Ce livre n'est pas seulement destiné à être lu d'une traite, il sert aussi à être consulté et pour s'y référer. L'histoire du roman noir de Natacha Levet deviendra une référence, c'est certain.

Le fil conducteur est chronologique, un récit de quelques siècles jusqu'à nos jours, en mettant l'accent sur le XXème. Cela sous-entend un véritable travail d'historien avec son lot de mises au point, d'éclaircissements, d'analyses et de découvertes. C'est aussi d'innombrables écrivains évoqués, tout le monde y trouvera des auteurs déjà lus et sera tenté par de nouveaux noms. L'auteure cite également des titres qui constituent une bibliographie d'une richesse étonnante, presque patrimoniale, une PAL inépuisable dans laquelle piocher en gardant sous le coude l'histoire française du roman noir, pour s'y référer.

Natacha LEVETle roman noir, une histoire française . Parution le 21 février 2024, Presses Universitaires de France. ISBN 978-2-13-084198-2 .

Présentation éditeur :

Le roman noir français est généralement considéré comme un héritier du récit hardboiled américain, né dans les années 1920. Pourtant, il est aussi le résultat d'une histoire française, d'influences littéraires diverses et de pratiques éditoriales qui ont « inventé » le roman noir. Après Mai 68, le roman noir français cultive en effet sa singularité et reconvertit le genre en acte critique, idéologiquement investi : parce qu'il se veut une radiographie critique et politique de la société, de ses institutions, voire un instrument d'intervention sociale, il remet résolument en cause le « roman national », donnant voix aux invisibles du temps présent et offrant un tombeau aux victimes muettes du passé.
Lien : http://mille-et-une-feuilles..
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critiques presse (2)
OuestFrance
25 avril 2024
Dans Le roman noir, une histoire française, une enquête extrêmement fouillée, l’universitaire Natacha Levet, retrace les origines d’un genre littéraire devenu extrêmement divers. Et qui a conquis le public.
Lire la critique sur le site : OuestFrance
LeMonde
12 avril 2024
Dans une enquête palpitante, la spécialiste des littératures populaires retrace la généalogie du roman noir en France, du XIXe siècle à nos jours. De Charles Barbara à Marion Brunet, en passant par Simenon, Manchette ou DOA, portrait d'un genre révolté. Suivi d'une sélection resserrée de parutions récentes.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
II se murmure que la recherche de titres donne lieu à des séances de remue méninges au sein de l'équipe de Duhamel, dans une émulation, ludique pour trouver des titres percutants. Le 2 juillet 1955, un lecteur parisien écrit d'ailleurs à Marcel Duhamel pour lui en proposer :

Monsieur,
Je me suis laissé dire que vous recherchiez, pour votre Série Noire, des titres suggestifs. C'est pourquoi je me suis permis de vous en adresser quelques-uns :
La ratatouille pour les marmites
Pas d'entourloupes avec mézigue
J'les aimes mieux froids
Le croque-mort l'a dans l'os
Pas de condés pour les demi-sels
Du nanan pour les bourriques
Sonate au macchabée
Arrière crapule
En plein dans la viande
L'inspecteur perd son dentier
T'auras les jetons
Espérant que quelques-uns, parmi eux, sont susceptibles de vous convenir, je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments les meilleurs.
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Finalement, le roman noir est une littérature du soupçon, pas à la manière du récit d’énigme qui rend le lecteur attentif à tous les signes, mais en tant que récit qui met à distance le jeu politique, qui démasque les fameux “éléments de langage”, qui montre à l’œuvre les dissonances, les écarts entre la communication politique et la réalité cachée des faits et des forces en présence. A travers la violence criminelle, il met à nu la violence du politique sur l’individu, que ce soit au sein d’une institution, d’une entreprise ou du pouvoir politique même. De plus en plus souvent, il jette également un regard sur le passé.
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