Une fois n'est pas coutume, avant de parler d'
Eugénie et Eugenia je souhaiterais en premier lieu, m'arrêter quelques instants -justement- sur la démarche des Éditions des instants, puis en second lieu, sur la qualité de leur travail d'édition.
Créée sous forme associative, en février 2019, cette nouvelle maison d'édition a pour finalité de produire, promouvoir et vendre afin de favoriser l'édition d'ouvrages d'auteurs non encore reconnus, de leur donner une chance d'être édités et faire connaître leur travail, mais également de promouvoir la lecture. Une réelle démarche culturelle qui mérite d'être soulignée de même que la qualité de l'objet qu'est ce livre. Sa couverture, son papier, son poids, la typographie, tout est réuni pour rappeler les grands classiques. Il ressort de cette stratégie éditoriale un grand respect tant pour le travail des auteurs, que de la Littérature. le tout pour un prix des plus abordables. Jugez plutôt, 13 € pour 278 pages (ou 350 g). Vous comprenez pourquoi je ne pouvais pas ne pas consacrer ces quelques lignes à ce beau projet. Je souhaite longue vie aux Éditions des instants !
Et
Eugénie et Eugenia dans tout cela me direz-vous. Et bien, figurez-vous que ce premier roman est du même acabit que sa maison d'édition. Il oscille entre littérature classique et contemporaine. C'est simple le roman de
Gabriel Lévi m'a fait penser à celui d'
Ernest Hemingway,
le soleil se lève aussi. Je mesure le poids de la référence. Pourtant, l'ambiance de ce roman, l'insouciance et la légèreté d'Andrea, ce qui le lie à Eugénie, n'ont eu de cesse de me renvoyer à ce classique de la littérature américaine.
Andrea, est le personnage central de
Eugénie et Eugenia. Il vient de quitter brusquement Nora. Fraîchement débarqué à Paris, il séjourne dans un hôtel-pension proche du parc Montsouris où il semble avoir ses habitudes. Au lendemain de son arrivée, (le désopilant) Monsieur
Desnos, le propriétaire de l'établissement, lui remet une lettre. Andrea n'en prendra connaissance qu'à la toute fin du roman. En attendant, nous suivons les déambulations de ce jeune homme qui paraît sans attache, sans famille, indéterminé. Il flâne, boit, croise surtout des personnages féminins qu'il a vraisemblablement connus auparavant, assiste au mariage de l'un d'eux, avant de partir en Espagne.
Eugénie et Eugenia évoque pour partie, l'histoire entre Eugénie et Andrea, de Paris à Barcelone. Mais un autre personnage sans qu'il apparaisse une seule fois, hante ce livre, c'est Eugenia. Plus on avance dans la lecture de ce roman, plus sa trame devient énigmatique et floue. L'espace temps s'efface. Au gré des pages, nos certitudes s'effondrent. Nous ne savons plus si nous sommes au XIXème ou au XXIème siècle. Certes Andrea possède un téléphone et reçoit des SMS, mais l'essentiel est ailleurs. Il est dans les non-dits et les lectures à plusieurs niveaux, dans l'écriture à la fois épurée et imagée de
Gabriel Lévi, dans le ressenti, dans l'instant.
Eugénie et Eugenia n'est pas un roman qui se lit en apnée, mais au contraire il nécessite d'avoir le temps de prendre le temps. Un conseil, vous aussi réinterrogez le présent à travers le prisme des instants et laissez-vous bercer par ce rythme si singulier.
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