Roman de Curt Leviant.
Guido et Charlie, anciens camarades d'école, se retrouvent après des années de silence. le premier est photographe, amateur de jolies femmes. le second est psychologue et il va écouter l'histoire de son ami. Guido est l'amant d'une violoncelliste de talent, juive et mariée à un homme brutal et intransigeant. Il raconte sa liaison, son amour pour cette femme singulière. Charlie décide de rencontrer cette mystérieuse Aviva. À l'insu de Guido, il va prendre Aviva pour patiente, qui ne sait pas le lien qui unit les deux hommes.
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RELECTURE D'AVRIL 2020
Lors d'une réunion d'anciens élèves, Charlie Perlmutter retrouve son camarade Guido Veneziano-Tedesco. Le premier est psychologue et il accepte d'écouter le second, aux prises avec une épineuse relation extraconjugale. « Si tu avais à raconter la même histoire que moi, tu ne la raconterais pas du tout. Et si tu la racontais, tu commencerais lentement. Avec circonspection. » (p. 38) Guido est marié. Son amante, Aviva, l'est aussi. Leur relation est passionnée et puissamment physique. À force d'entendre son ami en parler avec autant de fougue, Charlie décide de rencontrer Aviva pour se forger sa propre opinion. « Une femme aussi divine pouvait-elle vraiment exister ? » (p. 155)
De parties en chapitres, le narrateur et le point de vue changent, ce qui donne une superposition imparfaite des récits, tout comme l'est la superposition des corps adultères. « Tu vois ? C'est ça le côté affreux de notre liaison. Les rapports normaux n'existent pas. » (p. 262) Désir, plaisir, apprentissage des choses sexuelles et des mystères amoureux, grandes joies et amertumes, tout cela se percute et s'entrechoque dans ce roman immense. Les personnages ne sont pas taillés d'un bloc, mais ils sont intenses. Guido est un cruel amant, possessif et incapable d'aimer. Aviva est une affamée d'amour, frustrée et triste. « Ta vie est pleinement épanouie, et moi, je ne suis qu'une petite aventure à la sauvette. » (p. 249) Charlie est aussi compréhensif que curieux. « Il était à tel point subjugué par sa conquête qu'il voulait la partager – avec moi. » (p. 155) Seul le mari d'Aviva, l'Arabe, semble un peu caricatural, mais cela renforce d'autant plus la délicatesse de la belle violoncelliste. Finalement, tout le roman noue des histoires de vengeance qui aboutiront à l'extrême fin du texte, dans un grand éclat grinçant et tragique.
Journal d'une femme adultère est un roman à clé avec des ♥ dans les pages qui renvoient au répertoire final. « Prenez la peine de suivre jusqu'au bout les suggestions proposées dans l'Index et le Répertoire alphabétique, car vous pourrez ainsi savourer les friandises, bons mots et autres surprises susceptibles de rehausser, de clarifier, de modifier, voire parfois de contredire le corps du texte. » (p. 11) Avec cette invitation liminaire, l'auteur se montre facétieux, tout en laissant le lecteur maître de son expérience de lecture. Car ce dernier a aussi le droit de ne pas se référer aux notes finales et de les consulter uniquement en achevant le roman. Et pour vous dire jusqu'à quel point l'auteur est facétieux, c'est qu'il cite ses autres romans dans celui-là, comme ayant été écrit par un brillant écrivain !
J'ai découvert ce roman en 2008 au Canada, pendant ce qui reste la période la plus heureuse de mon existence. Confinement oblige, je cherche tout ce qui peut m'apporter un peu de bien-être. J'ai pensé que relire ce texte serait à même de me faire replonger dans la belle atmosphère d'alors. Et bien m'en a pris, car ça a fonctionné ! J'ai retrouvé l'humour si fin qui m'avait enchantée los de ma première lecture. « Moi, je suis athée. / Je me convertirai [...] Avec l'aide de Dieu, moi aussi je deviendrai athée. » (p. 265) J'ai aussi replongé dans cette exquise ambiance érotique qui émane de toutes les pages. Voilà un texte à lire à deux, au creux d'une couette...
Et maintenant, plus que jamais, après L'énigme du fils de Kafka, je veux lire tous les autres romans de l'auteur, du moins ceux traduits en français.
Le récit est tenu successivement par les trois personnages de ce triangle amoureux, avec des incursions brèves et percutantes des conjoints cocus et des autres amants.
Un petit bijou, plein d'humour noir et d'ironie. le lexique est à lire en même temps ou à la fin de l'histoire . Il offre un éclairage nouveau sur la narration en fonction du moment où on le lit: il révèle la vérité, invalide certains faits que l'on croyait vrais... Bref, tout dans ce livre a fait mon bonheur. Il est très volumineux, mais je n'y ai pas trouvé de longueurs. Je l'ai dévoré en quelques jours et il figure en haut de ma liste de livres à m'offrir!
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Un pavé de 960 pages (800 si on retire les annexes)
L'histoire tient en quelques mots : Guido et Charlie sont amis d'enfance, ils se sont perdus de vue et se retrouvent 20 ans après lors d'une réunion des anciens du lycée.
Pourquoi s'être perdu de vue ? Parce que Guido a « volé » la petite amie de Charlie. Il l'a même épousée puis a divorcé, s'est remarié avec Tammy. Charlie lui est resté célibataire.
Guido souhaite s'épancher et raconte son histoire avec Aviva. Il s'agit donc bien d'un adultère comme le titre l'évoque : Guido, marié à Tammy a une aventure avec Aviva, elle même mariée à Ramati.
En alternance Guido dissèque son attirance pour Aviva, puis Aviva raconte son ressenti. Si au départ, l'aventure est la même pour les deux protagonistes, rapidement elle va évoluer pour Guido, (en une histoire de « cul », c'est lui qui le dit) alors qu'Aviva espère que Guido va quitter sa femme pour elle.
Rajoutez à cela que Charlie est psychanalyste et s'arrange pour qu'Aviva devienne sa patiente…
Que de sentiments torturés, d'erreurs d'interprétation, de non dits et de mensonges…
Malgré quelques longueurs et invraisemblances, j'ai trouvé l'évolution des trois personnages principaux très intéressantes…
Je les ai tour à tour envié (faire la rencontre de « l'âme soeur); parfois j'ai eu envie de les secouer (devant tant d'aveuglement ou de malhonnêteté).
Au delà de ces échanges amoureux, la passion d'Aviva pour la musique (elle est violoncelliste) apporte une ambiance où le lecteur s'immerge et assiste impuissant au naufrage de la belle….(mon personnage préféré des trois)
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Ce genre de connaissance chimique entre un homme et une femme arrive souvent dès le premier regard. Que ce soit par l'odeur ou le goût, par la voix, par la longueur d'onde, c'est instantané, quelquefois avant même que les noms ou les numéros de téléphone aient été échangés. Ils savent, sans dire un mot, que ça va faire des étincelles entre eux.
Un séducteur, un contemplatif, une femme , la fidélité, l'amitié, la déception, leplaisir et ses rouages.Une écriture et une réflexion masculine sans hypocrisie, trés actuel, à offrir aux quadras indécis en mal d'indécence
Elle lui disait des choses qu'elle n'aurait jamais au grand jamais imaginé dire à un homme, quand les mots sortaient d'entre ses lèvres, elle n'en croyait pas ses oreilles, des mots qui prenaient forme deux millièmes de secondes, non, à l'instant même où naissait la pensée.