Les diables et le bon dieu est un livre à la fois très pointu (issu d'une thèse et concernant un sujet qu'on rapprocherait en terme de précision des fameux paysans chevaliers du lac de Paladru), et à la fois écrit d'une manière qui laisse voir s'animer le monde médiéval dans sa vie quotidienne. le voir s'empêtrer dans des guerres, des conflits politiques ou construire des forteresses est une habitude prise dès le plus jeune âge, mais l'histoire qui nous est racontée ici est celle d'hommes et de femmes qui s'emploient ensemble à créer des spectacles les plus ébouriffants possibles dans leur propre ville. Où l'on perçoit enfin la vie malgré l'éloignement dans le temps. Les illustrations, aussi très belles, font plonger dans l'art médiéval (du Maine seulement, mais j'en viens alors ça ne m'a pas dérangé) toujours aussi étonnamment moderne et proche des arts graphiques d'aujourd'hui (le monstre marin, particulièrement). Où l'on voit les débuts de la fracture entre le théâtre et son public, toujours discutée aujourd'hui. Où l'on s'aperçoit qu'on pouvait pendre un acteur et l'oublier dans le feu de l'action (il s'en est sorti rassurez-vous), et en lapider un autre avec des éponges... Où l'on apprend beaucoup de choses, finalement.