Bon, j'ai fait un voyage, un de ceux qu'on se décide à entreprendre sous le coup d'une inspiration brutale et qu'on se met à regretter dès les premières enjambées. le tout sans parler de la honte, celle d'être surpris en pareille compagnie, car un livre de
Lévy, ça se dissimule comme un ami qui fait tache. On le lit, un peu gêné, et on se dit que, quand même, on va bientôt l'abandonner, ce n'est pas possible autrement. Pourtant, sans qu'on se l'explique, on va jusqu'au bout, jusqu'à bien s'imprégner, la dernière page tournée, de ce sentiment irrémédiable d'avoir un peu perdu son temps.
Certes, l'histoire est correctement architecturée et le job est fait de ce côté-là. C'est sûr, tout est modélisé : il y a une gonzesse, jolie et pas délurée au-delà du raisonnable, un type bien fait de sa personne et aux sentiments nobles ainsi qu'un élément contrariant. Bien entendu, celui-ci malmène une irrésistible attirance mutuelle qui saute à nos yeux bienveillants et que les deux personnages principaux sont bien les seuls à n'avoir pas immédiatement discerné. Là, pour le coup, l'auteur y va un peu fort, côté élément contrariant puisque l'héroïne n'est rien de moins qu'un fantôme, ça n'aide pas pour les idylles. Sur ce point, on se dit quand même que ça devrait s'arranger dans le final, de toute façon le happy-end sirupeux est compris dans le forfait. Somme toute, diront les plus conciliants, on n'est pas loin de madame de Lafayette, question construction de la romance. Après tout pourquoi pas, il en faut bien pour tous les goûts et au moins, pendant qu'on lit un livre, même un mauvais, on ne passe pas son temps au bistrot ou à sombrer dans la délinquance de voie publique.
Sauf que…
Sauf que, hélas, c'est particulièrement mal écrit. C'est bien simple, ça ressemble aux rédactions du jeune Kévin Gaburnot, en 5ème B à Nogent-le Rotrou, mais qui auraient été retravaillées par sa maman. Il n'y a rien dans ce livre qui mérite de le sauver. Rien... Chaque phrase est au mieux banale, au pire insupportable de maladresse. le plus douloureux reste cependant ces maximes pontifiantes que l'écrivain se plaît à égrener avec une régularité de tortionnaire suisse. D'une invariable platitude, parfois absconses, elles parsèment l'oeuvre comme autant de petits cailloux disgracieux, sensées donner du volume à la pensée de l'auteur, mais ne constituant en réalité qu'une accumulation pataude de mauvais goût. le problème, il est là, au fond. Une telle médiocrité, diffusée aussi largement, ne saurait rester sans conséquence et, à lire des livres qui font semblant d'offrir ce qu'ils ne donnent pas, on finit par se contenter de rien. Dommage, car la lecture ne saurait constituer une seule fonction roborative et pour ce qui concerne
Marc Lévy, je suis, moi,convaincu d'une chose : le bonhomme écrit avec ses pieds….