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3,7

sur 451 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà un Prix Fémina très mérité pour une écrivaine qui gagne à être (re)connue et on espère vivement que Céline Leroy traduira tous ses textes.

Ces deux volets autobiographiques sont d'une puissance extraordinaire. Déborah Levy s'appuie sur ses lectures et ses réflexions d'écrivaine, de mère, de femme qui ne parle pas assez fort pour nous raconter son devenir, pour tenter de comprendre pourquoi elle écrit, et comment son travail d'écrivaine et de dramaturge la transforme, l'interroge sur son rôle défini par une société d'hommes. Les deux livres sont écrits avec un ton très différent. le premier est grave et revient sur les quelques images fortes qui ont fait d'elle ce qu'elle est comme le bonhomme de neige aux yeux creux qui a fondu après que son père ait été emporté par l'unité spéciale qui torture les prisonniers politiques. le deuxième qui correspond au passage de la cinquantaine est beaucoup plus drôle tout en étant corrosif et lucide.

Deborah Levy loue ses hésitations, elle en parle même comme d'un cheminement indispensable pour construire ce devenir qu'elle condense dans ces deux livres d'une intensité folle et d'une érudition non moins folle. Les références qu'elle cite sont nombreuses : Woolf, Duras, Zofia Zalinska, Orwell grâce à qui elle dresse l'architecture du premier volume, mais jamais l'on ne sombre dans le pédant ou la paraphrase. Et de toute façon après une réflexion profonde, on se retrouve nez à nez avec un poulet rôti qui est mort deux fois. Ici, le ton est le ton de Déborah Levy, la voix est nouvelle et c'est un vrai bonheur de découvrir cette nouvelle voix de la littérature merveilleusement bien traduite (puisque harmonieuse, puisque les images sont parlantes, puisque sa voix est maintenant mienne).

Je n'en dirai pas plus parce que je pense que toute femme trouvera un écho dans ce récit à sa propre trajectoire. Et de toute façon quand vous aurez lu l'un, vous sauterez sur l'autre ! Depuis que je les ai lus (il y a un mois), ils sont sur ma table de nuit et j'y reviens souvent, preuve que l'on a là des petits bijoux à conserver précieusement dans notre bibliothèque.

4,5/5 pour cette plume affûtée !
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Choisi le 2 septembre 2022- Librairie Périple2- Boulogne- Billancourt

Grand plaisir de lecture !

Un récit tonique, vivant, mêlant avec brio, le récit d' une période de vie douloureuse et l'éveil joyeux d'une reconstruction… La Renaissance d'une femme de cinquante ans, l'auteure, devenant jubilatoire, mêlant L Histoire des femmes, celle de l'évolution des mentalités, la Littérature, la philosophie, la psychologie…ainsi que des anecdotes vécues, pittoresques , ou plus sombres…!

Même enthousiasme que le premier livre lu de Déborah Lévy, « Ce que je ne savais pas ».
L'auteure , la cinquantaine, décide courageusement de recommencer, changer l'orientation de sa vie, assumant une séparation définitive d'avec son mari, et le père de ses deux filles…
Toutefois, à 50 ans, la Liberté se paye : la solitude, les factures, assumer les études de ses filles, l'intendance du quotidien, et ECRIRE afin de vivre de sa plume…

Combien... La charge est lourde , mais aussi il y a à l'horizon, la promesse d'une indépendance et d'une vie personnelle reconquise... !

Il est bien sûr beaucoup question de la complexité des rapports amoureux, et des relations , en général, entre les hommes et les femmes
[ *de longs passages sur le parcours singulier, à l'époque, de l'écrivaine- philosophe, Simone de Beauvoir ].

Déborah Lévy revient également à plusieurs reprises, avec d'ailleurs des anecdotes savoureuses, sur la rareté du "Savoir écouter "!...

Ainsi l'auteure reconstruit son existence autrement, « avec pour tout bagage, un vélo électrique et une plume d'écrivain » !!
Un récit intime, personnel, interpellant les femmes, pour qui, les normes sociales pèsent plus lourdement que pour les hommes, depuis la nuit des temps… !
Combien , même aujourd'hui, avec heureusement une évolution certaine des mentalités, il n'est toujours pas aussi aisé que cela pour une femme , d'avoir une vraie vie à elle !

Ce récit , tout en racontant les difficultés et douleurs d'une Existence à « repenser » et à « ré-imaginer », nous laisse toujours le sourire au bord des lèvres, car le style de Déborah Lévy est pétri d'humour, d'ironie, et d'autodérision…
Pas l'ombre d'une jérémiade ou de complaisance quelconque… Une femme énergique, lumineuse, positive… qui « donne la pêche » !!!

J'achève ce "billet" par un des passages soulignés que je préfère !

« La tempête

Au début, je n'étais pas sûre de pouvoir rejoindre le navire et puis je me suis rendu compte que je n'avais pas envie de le rejoindre. A priori, le chaos représente notre pire crainte, mais j'en suis venue à croire que c'est peut-être ce que nous désirons le plus. Si nous ne croyons pas à l'avenir que nous planifions, à la maison que nous payons avec un emprunt, à la personne qui dort à nos côtés, alors peut-être qu'une tempête ( longtemps tapie dans les nuages) pourrait nous rapprocher de ce nous voulons être au monde.”
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Tome 2 : « Le coût de la vie » : la cinquantaine, le mariage qui capote et le divorce qui s'ensuit... Puis, la vente de la maison dans laquelle les enfants ont grandi… Il faut trouver un appartement pas cher et donc petit, pas très confortable… Alors, aux grands maux les grands moyens : un vélo électrique pour se déplacer fera l'affaire. Et pour travailler, quelle solution trouver, quel lieu habiter ? C'est là que la prise de conscience arrive : le foyer pour tout le monde que l'on s'est efforcée de créer du mieux possible a fini par être un lieu où l'on ne s'est plus sentie chez soi. Il fallait remédier à cela, il fallait un lieu à soi, où être et où créer : un cabanon dans le jardin d'une copine serait l'espace où recouvrer sa liberté …
Une autre vie, un retour vers soi parce que soudain l'on se rend compte que dans le foyer que l'on voulait parfait, finalement, on s'est mise un peu entre parenthèses, on a voulu tellement bien faire pour les autres, tellement être parfaite qu'on s'est perdue au fil du temps…
Mais où aller? Que faire de soi ? S'il suffisait de peindre tous les murs en jaune pour y voir plus clair, ça se saurait ! Mais non, il faut trouver d'autres solutions !
Le cabanon en est une malgré les températures arctiques. Il suffit juste d'emporter l'essentiel : Apollinaire, Éluard, Plath et Dickinson, un ordi, quelques carnets… le vélo électrique en est une autre : une forme de liberté, de risque, de cheveux dans le vent. Ce n'est pas à négliger, les cheveux dans le vent, quand les idées virent au noir. Un moyen d'évacuer la rage « en roue libre ». Vingt-cinq kilomètres/heure grâce à un moteur de deux cents watts, voilà comment le vélo devient « le personnage principal de ma vie. »
Dans ce tome 2, j'ai retrouvé ma copine vacillant dangereusement au bord du gouffre et qui, dans un sursaut de vie, un élan complètement fou, s'est aventurée dans le vaste monde, « traversant la frontière seule, … en sentant l'obscurité noire et bleutée, le hurlement des coyotes, le bruit des plantes », préférant tâtonner dans le noir plutôt que de suivre sagement une route bien tracée et trop éclairée. Il faut savoir prendre des risques, écouter ses désirs, arriver en retard avec des toiles d'araignée dans les oreilles et des insectes morts pendus aux sourcils (eh oui, c'est ça de travailler dans un cabanon!) Savoir ne pas être présentable.
C'est ça, savoir ne pas être présentable.
Et en faire une règle de vie !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Deuxième volet de ce que Deborah Levy nomme « living autobiography », l'ensemble formant une oeuvre littéraire intime et forte.

Une réflexion féministe ponctuée de nombreuses références littéraires ; Simone de Beauvoir, Marguerite Duras...

C'est la cinquantaine, et après son divorce, l'auteure aménage avec ses filles dans un petit appartement très modeste sur une colline au nord de Londres.

Les difficultés matérielles sont présentes. Se reconstruire est nécessaire, et grâce à la bienveillance d'une amie, elle continuera à écrire dans un « cabanon d'écriture » au fond d'un jardin qu'elle rejoint avec son compagnon de vélo électrique.
Un endroit à soi pour poursuivre son oeuvre où passé et présent sont imbriqués.

Réminiscences et empathie. Un « bel argenté » et des perroquets. Un hommage à sa mère.
Ecouter ses sentiments et éprouver leurs ressentis.

« La liberté n'est jamais gratuite et quiconque a dû se battre pour être libre en connaît le coût ».

Le constat de la difficulté pour les femmes de se faire une place dans une société où le patriarcat est instauré.
« Les femmes ne sont pas censées éclipser les hommes dans un monde où le succès et le pouvoir leur sont destinés. »

Le chemin de vie d'une femme qui avance malgré les embûches et les normes sociétales.
Donner un sens à sa vie.

« La vie doit être comprise en regardant en arrière. Mais il ne faut pas oublier qu'elle doit être vécue en regardant vers l'avant ».

Un récit écrit avec réalisme, optimisme et humour, dans un style toujours élégant.

J'ai beaucoup aimé cette atmosphère. Une lecture qui m'a touchée et a trouvé sa résonance.
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Deborah Levy offre, par cette sublime autobiographie, le privilège de partager une petite part de sa vie. C'est un accès presque total à l'intimité de l'autrice.

La beauté de l'autobiographie réside dans la dimension intimiste de l'écriture, celle-ci peint les sentiments avec une telle clarté que même des sensations inconnues semblent familières.

Deborah Levy peint la solitude, la douleur et la vie. le coût de la vie comporte également une dimension réflexive, méta-littéraire. L'autrice revient sur le fait même d'écrire, le coût de l'écriture, le coût de l'auteur qui se met à nu avec l'autobiographie.
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La trilogie autobiographique de Deborah Levy est un vrai régal ! J'en suis au deuxième opus (après celui intitulé « Ce que je ne veux pas savoir » à la couverture bleue). Dans « le coût de la vie », elle évoque la difficile phase de reconstruction qui succède au divorce. La cinquantaine passée, elle se sépare en effet de son mari, aménage un nouvel appartement dans le nord de Londres, découvre, en compagnie de ses deux filles, la vie de mère célibataire. Tout cela n'est pas facile surtout quand son travail consiste à écrire pour vivre. Elle a la chance de se voir offrir par des amis un cabanon au fond d'un jardin. C'est là qu'elle va pouvoir trouver le calme et l'énergie nécessaire à la poursuite de son oeuvre. le style de Deborah Levy est un enchantement. C'est drôle, fin, astucieux. Elle mêle sans cesse passé et présent, cite de nombreux auteurs et autrices comme Marguerite Duras, Albert Camus, Doris Lessing, Emily Dickinson, Simone de Beauvoir, James Baldwin… Elle capte quelque chose de l'ère du temps entre gravité et légèreté.
Lien : http://inthemoodfor.home.blog
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Gros coup de cœur pour ce roman à l'écriture si belle.
Les phrases sont limpides, je me suis laissée embarquer, prendre dans les lignes de l'auteure.
Un roman très féminin dont j'ai hâte de lire le premier volume qui parle de son enfance.
Ici, elle aborde son après séparation avec le père de ses enfants, comment se redécoucrir, se réinventer.
Un pur plaisir à lire
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« le coût de la vie » est le deuxième tome de l'autobiographie de Deborah Levy. L'auteure a cinquante ans et doit faire face à deux deuils extrêmement douloureux. Tout d'abord celui de son mariage, Deborah divorce et emménage sur une colline au nord de Londres. Elle doit apprendre à vivre seule, à déboucher le lavabo, à réorganiser ses meubles dans un espace beaucoup plus petit. Cette séparation occasionne chez elle beaucoup de questionnement sur la place, le rôle des femmes. « Il était évident que la féminité, telle qu'elle était écrite par les hommes et jouée par les femmes, était le fantôme épuisé qui continuait de hanter le début du XXIème siècle. Qu'en coûterait-il de sortir de son rôle et de mettre un terme à ce récit ? »

Le deuxième deuil auquel Deborah Levy doit faire face est celui de sa mère qui décède suite à un cancer. Cette disparition la déboussole totalement. le passé, ses souvenirs d'Afrique du Sud viennent se fracasser sur son présent. Deborah doit apprendre à faire coexister les deux, à rendre les souvenirs moins douloureux.

Durant cette période de chaos, l'écriture reste au centre de sa vie. Elle loue un cabanon au fond du jardin d'une amie pour avoir un lieu calme, à elle seule pour écrire. « En ces temps incertains, l'écriture était l'une des rares activités où je pouvais gérer l'angoisse de l'incertitude, celle de ne pas savoir ce qui allait arriver. »

« le coût de la vie » est le récit intime de la reconquête de la liberté par Deborah Levy, une liberté pour laquelle elle doit se battre chaque jour. Marguerite Duras, Simone de Beauvoir ou James Baldwin l'accompagnent sur ce chemin. J'ai trouvé « le coût de la vie » encore plus touchant que « Ce que je ne veux pas savoir », nous plongeons plus profondément dans l'intimité de Deborah Levy. Elle en devient de plus en plus attachante et son livre se lit comme on écoute les confidences d'une amie proche.

« le coût de la vie » poursuit le travail autobiographique de Deborah Levy, un récit intime, juste et intelligent qui nous rend infiniment proche de sa narratrice. Inutile de vous dire que j'attends la suite avec impatience.
Lien : https://plaisirsacultiver.co..
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"Le coût de la vie" se déguste comme un thé à la menthe, à petites gorgées.
Entre Féminisme et vie matérielle, Deborah Levy peint avec subtilité, poésie et lucidité le quotidien d'une quinquagénaire qui a divorcé.
De l'ex mari et du divorce le lecteur ne saura rien ou presque. Là n'est en effet pas le sujet car si regarder en arrière permet de comprendre, il faut regarder en avant pour avancer.
Si Deborah Levy fait sien, sans le citer, le proverbe africain : "si tu ne sais pas où tu vas, regarde d'où tu viens", c'est pour aller vers l'enfance, vers sa mère. Elle ne chargera donc pas les hommes de toutes les turpitudes même si elle dénonce avec délicatesse le système patriarcal. Elle s'étonne ainsi judicieusement de ces hommes qui ne nomment ni ne regardent leur femme. Elle peint aussi avec humour ces mères d'aujourd'hui qui yoyotent dans la Cour d'école.
Heureusement, il y a des vélos électriques et des âmes charitables qui prêtent un cabanon où l'on pourra écrire.
En assumant ses contradictions (non ces hommes qui l'interpellent ne la draguent pas, ils s'intéressent seulement à son magnifique vélo !), peu ou prou, Deborah Levy évite les jugements à l'emporte-pièce et les généralisations hâtives.
Un livre essentiel à lire par tous quelque soit le genre.
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J'aborde dans le désordre cette trilogie autobiographique que j'avais grand envie de lire, après les articles élogieux parus dans Telerama durant le confinement, suivis d'une interview fort intéressante de ce printemps. le jaune de la couverture, ainsi que la citation en quatrième m'ont convaincue : « Se désengager de l'amour revient à vivre une vie dénuée de risque. À quoi bon vivre, en ce cas ? » Et pourtant, l'autrice nous offre une proposition, nous relatant son quotidien difficile après un divorce. Elle a plus de 50 ans, deux filles à élever, peu d'argent et doit faire face au quotidien, ayant quitté une grande demeure que l'on devinait confortable pour un petit appartement spartiate au Nord de Londres - pas de chauffage, et parfois pas d'eau. La vie est difficile, la narratrice doit faire face au décès de sa mère et est parfois harassée, mais elle découvre une énergie, une persévérance, et surtout la volonté de se réinventer hors des normes sociales et patriarcales qui ont régi jusqu'alors son existence. Encouragée par ses amis, elle se remet à écrire et trouve la force de continuer. Nul apitoiement, pas de ressassement ni de regrets, une omniprésence des oiseaux et une envie de vivre qui chassent tout penchant au découragement. Un petit livre salutaire, optimiste sans être mièvre. Je l'ai dévoré (une soirée une matinée de plage) et j'ai couru à la librairie pour acheter la suite - ou plutôt la suite ET le début - en attendant de savourer le prochain.
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