Si le street art vous intéresse, vous allez vous régaler des petits CRS espiègles qui remplissent le dernier tiers de ce recueil de photos de murs parisiens de mai 68. Les deux premiers tiers raviront plutôt les amateurs des slogans de mai 68.
Récemment, j'ai posté une critique de "Les mots de mai 68" dans laquelle j'évoquais mon intérêt de longue date pour les slogans de mai 68. Je me suis dès lors empressé de m'offrir la réédition de "
L'imagination au pouvoir", dont l'original est bien souvent cité.
En 68,
Walter Lewino avait très vite jugé important de préserver les slogans qui avaient envahi les murs de Paris, même s'il ne mesurait sans doute pas encore combien ils deviendraient mythiques. Il a donc entraîné
Jo Schnapp à les photographier, entre le 3 et le 13 mai. Ce recueil de photos a été publié en 1968 aux éditions Éric Losfeld à Paris. Il s'agit bien d'images de graffitis, souvent représentés plusieurs fois: des vues rapprochées permettent de les lire facilement et des vues plus larges en illustrent le cadre ou montrent des groupes de slogans. On se limite ici aux graffitis: pas d'images de manifestations ni de barricades (il existe d'autres recueils de photos qui les montrent, comme par exemple celui de Caron).
En 2018, à l'occasion du cinquantenaire de mai 68, les éditions Allia ont sorti une nouvelle édition de "
L'imagination au pouvoir" augmentée de photographies et de textes inédits. L'ajout principal, ce sont les petits CRS qui ont peuplé les murs de l'Institut d'art et d'archéologie.
Jo Schnapp les a photographiés à la demande de son jeune frère Alain, qui y était étudiant. Tout comme
Walter Lewino,
Alain Schnapp a fait preuve d'une excellente intuition; il signe l'un des textes ajoutés à la nouvelle édition du recueil.
C'était une plaisante surprise de voir ces CRS sortis du tiroir où ils se cachaient depuis 50 ans. Ils sont impertinents et espiègles, suscitant la bonne humeur et un rire bon enfant. Ne manquez pas de feuilleter le dernier tiers du livre si vous en avez l'occasion !
Les textes commentent rapidement les évènements de mai 68 et les graffitis. Ils ont leur intérêt, mais ce sont bien entendu les photos qui priment. Un bel et utile travail de mémoire, quoi qu'il en soit.