AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
« Le 12 janvier 2010, Daniel Bensaïd est mort à Paris, à l’âge de 63 ans. Pour Lignes, mais pas seulement, cette mort aura été l’occasion une considérable tristesse, dont ce numéro témoigne.

De cette tristesse, comment témoigner sinon par un hommage (en d’autres temps, on eût dit un « tombeau »)  ? Moins peut-être qu’un hommage, par un portrait. Par le portrait d’un homme qui ne manquera pas de se dessiner au fur et à mesure des nombreuses contr... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Lignes, n°32 : Daniel BensaïdVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un numéro en hommage à Daniel Bensaid qui venait de mourir. Une ombre plane sur beaucoup de textes, celui de l'ange de Walter Benjamin.

« En penseur, mais en ‘passeur' aussi selon un mot qu'il aimait, qu'il devait à Walter Benjamin justement ; presque en ‘passant' aussi bien, lequel flâne et guette (qui sait qu'il a le temps parce qu'il sait aussi que le temps lui est compté), de guetteur, de ‘guetteur mélancolique', pour reprendre le beau titre d'Apollinaire qu'on rapprochera alors au titre du plus beau de ses livres (Le pari mélancolique), quand bien même il semblait dans la hâte que les circonstances, l'histoire, le hasard, l'événement permettent que l'action retrouve de se prérogatives et de son ampleur perdues. » (Michel Surya)

Écrits, pour la plupart, aux temps des reculs, des défaites, des dislocations des organisations du mouvement ouvrier, les livres de Daniel sont une recherche permanente pour comprendre en profondeur (radicalement) le monde, d'où les relectures de Marx débarrassées des scories entassées par la seconde internationale, les déformations/dégradations économistes/utilitaristes des staliniens de tout bord et les contournements des sociologues et des soit-disant post-modernes.

C'est aussi une oeuvre de résistance inlassable à l'air du temps, à la marchandisation, à l'inculture, à la naturalisation des constructions sociales historiques. C'est le refus de baisser les bras devant l'injustice, l'exploitation et toutes les dominations du capitalisme.

A mille lieux des renoncements, c'est la réhabilitation de la politique, comme stratégie pour changer les rapports de force, tenter de remodeler les relations sociales en s'affrontant aux questions de la propriété et du pouvoir.

Les auteur-e-s soulignent le lien entre l'intellectuel et le militant et la force que peut donner le débat d'idées dans un combat collectif. « L'émancipation n'est pas un plaisir solitaire » soulignait Daniel Bensaïd.

Sans m'y attarder, je ne peux cependant oublier les écarts entre l'ouverture intellectuelle, certain-e-s disent l'hétérodoxie, vers l'extérieur et les fermetures partisanes du militant ‘encarté'.

Ce numéro est plus qu'un hommage, c'est une invitation à reprendre les lectures des oeuvres de Daniel Bensaïd pour les soumettre à la critique, pour réinterroger en permanence ses propositions, pour participer à la construction d'un mouvement d'émancipation majoritaire, donc démocratique.

Contre les pensées molles et inconsistantes, c'est le « pas admettre » l'état des choses et son cortège d'injustices, d'inégalités ou de souffrances. Nous ne savons plus trop bien quels pourraient être les chemins à construire, nous n'avons aucune certitude sur les possibles demain. Mais « Entre les ressources du passé et les possibilités de l'avenir, de nouveaux passages pourraient être forcés, politiquement, à partir de l'action présente » (Philippe Corcuff)

Je choisis de m'en tenir à des citations de certains auteur-e-s.

« il fallait trouver chez Benjamin, en particulier dans les Thèses sur le concept d'histoire de 1940, la matrice conceptuelle d'une critique radicale de ce déterminisme, et que cette critique ne conduisait pas nécessairement au mysticisme, au scepticisme ou au compromis avec l'ordre établi. » (Etienne Balibar)

« Espiègle, Daniel Bensaïd nous faisait alors voyager au milieu du polar de l'histoire, »confiant dans un Messie rusé, qui aurait, à la manière sans gêne d'un Marlowe ou d'un Sam Spade, malicieusement glissé son pied dans l'entrebâillement de la porte, dans les battants entrouverts du possible » » (Philippe Corcuff citant le livre Walter Benjamin, sentinelle messianique)

Il n'était pas envisageable pour lui de reconstituer une perspective émancipatrice sur l'amnésie des crimes de ce qu'il qualifiait fermement de »totalitarisme bureaucratique » » (Philippe Corcuff)

« dans la confrontation inévitable avec l'incertitude, on ne pouvait pas trancher définitivement entre nos pérégrinations tâtonnantes et dialoguantes respectives » (Philippe Corcuff)

« Car il faut rappeler qu'au danger de la disjonction du théorique et du pratique, ou, plus exactement , à l'oubli du moment stratégique, répond un danger symétrique de leur confusion, ligne politique mécaniquement déduite ou, à l'inverse, illustration philosophique après coup d'une décision initiale. » (Isabelle Garo)

« Un cadre pour penser. Pas de règles pour décider. » (Samy Johsua)

« Voilà le doublet essentiel avec lequel il convient de rompre : la croyance dans un temps qui travaille pour nous, dans le sens du progrès, et une conception ‘ontologique' du prolétariat, une conception qui lui attribue une sorte de nature fixe, un être stable par delà les changements, et qui serait un être révolutionnaire. » (Stathis Kouvélakis)

« Thèse 1 : la politique prime l'histoire ; Thèse 2 : La possibilité de l'action politique révolutionnaire s'inscrit non pas dans la vision d'un temps linéaire et homogène, orienté vers le progrès, mais dans la discordance des temps » (Stathis Kouvélakis)

« La politique, c'est ce qui départage les possibles, c'est la décision qui fait du possible une nécessité de la situation car elle en transforme les coordonnées fondamentales. La politique qui change les choses à la racine, la politique révolutionnaire, doit accepter cette part de contingence, cette absence de garantie. C'est pourquoi elle s'apparente à un pari, qui prend le risque de l'échec pour pouvoir tracer une voie nouvelle. » (Stathis Kouvélakis)

« le temps des révolutions, non linéaire et syncopé, dans lequel se chevauchent les tâches du passé, du présent et de l'avenir, est toujours ouvert à la contingence » (Michaël Lowy)

De plus j'ai particulièrement apprécié les articles de Jacques Pelletier « le passé et au présent. Histoire et politique chez Daniel Bensaïd », de Miguel Romero « Politique de Daniel Bensaïd » et de Stavos Tombazos « Daniel Bensaïd et l'éloge de la résistance ».
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La politique, c'est ce qui départage les possibles, c'est la décision qui fait du possible une nécessité de la situation car elle en transforme les coordonnées fondamentales. La politique qui change les choses à la racine, la politique révolutionnaire, doit accepter cette part de contingence, cette absence de garantie. C'est pourquoi elle s'apparente à un pari, qui prend le risque de l'échec pour pouvoir tracer une voie nouvelle.
Commenter  J’apprécie          00
Voilà le doublet essentiel avec lequel il convient de rompre : la croyance dans un temps qui travaille pour nous, dans le sens du progrès, et une conception 'ontologique' du prolétariat, une conception qui lui attribue une sorte de nature fixe, un être stable par delà les changements, et qui serait un être révolutionnaire. 
Commenter  J’apprécie          00
Le temps des révolutions, non linéaire et syncopé, dans lequel se chevauchent les tâches du passé, du présent et de l'avenir, est toujours ouvert à la contingence
Commenter  J’apprécie          10
Car il faut rappeler qu'au danger de la disjonction du théorique et du pratique, ou, plus exactement , à l'oubli du moment stratégique, répond un danger symétrique de leur confusion, ligne politique mécaniquement déduite ou, à l'inverse, illustration philosophique après coup d'une décision initiale.
Commenter  J’apprécie          00
Espiègle, Daniel Bensaïd nous faisait alors voyager au milieu du polar de l'histoire, ''confiant dans un Messie rusé, qui aurait, à la manière sans gêne d'un Marlowe ou d'un Sam Spade, malicieusement glissé son pied dans l’entrebâillement de la porte, dans les battants entrouverts du possible'
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : politiqueVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (2) Voir plus




{* *}