Le syndrome des faux souvenirs

Ce livre très intelligent, à la fois factuel et critique, pertinent aussi, nous révèle l'une des plus vastes "supercheries" intellectuelles du XXe siècle qui elle même a pris racine dès l'émergence de la psychanalyse freudienne près d'un siècle auparavant ! Il s'agit de ces pseudo-thérapeutes qui se servirent de leurs patient(e)s pour avaliser la théorie du traumatisme sexuel refoulé ! Théorie envisagée par Sigmund Freud lui même puis abandonnée (toujours par lui-même) quelques temps après. Ces victimes, qui durent prouver que leurs "thérapeutes" avaient effectivement insufflé de "faux souvenirs" dans leur esprit, ont dû se battre durant des années pour obtenir gain de cause...
Fort heureusement, de nombreux professionnels (psychiatres et psychologues, dont Elisabeth Loftus) ont rapidement pensé qu'il s'agissait ni plus ni moins que d'une réappropriation inopportune (et parfois mal intentionnée, probablement) de cette théorie freudienne obsolète, et qu'il était temps de défendre la cause de ces victimes, car c'est précisément ce qu'elles devinrent après avoir été abusées, mais pas au sens où l'entendaient ces "dérapeutes" !
Mais dans ce livre Elisabeth Loftus explique également comment s'est articulée cette dérive par manipulation progressive des esprits, un peu à la manière du processus sectaire. Un livre passionnant et instructif, que je conseille à tous, principalement aux personnes qui s'intéressent à la manipulation mentale et au phénomène d'induction des "faux-souvenirs". Mais l'ouvrage ne s'arrête pas là, il s'élargit vers d'autres sujets connexes comme les témoignages hallucinatoires dus à d'autres causes... Bref, la manipulation trouve là un livre de référence qui est aussi une critique sociale intéressante... Mais j'en ai assez dit.

Ce livre m'a faite réfléchir sur les souvenirs suggérés par les psychologues. J'étudie moi même la psychologie, et me destine à devenir un jour psy. de lire que des familles entières furent déchirées, que des rivières de larmes avaient coulé, que les thérapeutes imposaient leurs idées au patient malgré les "Je ne me souviens pas" nombreux, m'a touchée et bouleversée. Elizabeth Loftus est courageuse et déterminée à éviter la souffrance et le diagnostic trop vite posé. En scientifique passionnée par la mémoire, elle surprend par sa motivation et son envie de comprendre le mécanisme qui sous-tend les témoignages des victimes, qui le plus souvent, disent s'être souvenu d'un coup, avoir eu une vision claire et violente, qui au fil des jours s'est précisée. Que cette vision succède à une thérapie où il est dit de faire ressortir les souvenirs traumatiques interroge le lecteur. On est ébahi. On est tiraillé, entre croire la victime, face à la force émotionnelle de son témoignage, ou questionner une éventuelle erreur de son cerveau. Enrichissant, ce livre m'a faite réfléchir et a nourri mon sens critique, moi qui ne remettais jamais en question un témoignage; la plus grande leçon a été que certains thérapeutes, par la suggestion, biaisent leur patient.