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EAN : 9782743610760
277 pages
Payot et Rivages (14/02/2003)
3.57/5   7 notes
Résumé :

Cette sélection des écrits d’Adolf Loos, le grand architecte viennois (1870-1933), se fonde principalement sur le recueil intitulé Malgré tout (1931), que Loos avait lui-même publié de son vivant. Y sont adjoints quelques articles totalement inédits en français et qui ont paru en Autriche il y a seulement une vingtaine d’années dans Écrits disparus et Confrontations. Autour de l’essai majeur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je dois avouer que je m'attendais à un contenu plus ésotérique dans lequel j'aurais eu du mal à entrer mais finalement il n'y a rien de transcendantal au moins dans le court article qui donne son titre à ce livre. L'argument principal est tout simplement économique. Les arguments secondaires sont assez discutables mais en les lisant, on comprend mieux la position de certains artistes "activistes" contemporains qui ont choisi leur corps comme support de leur protestation.

Un bon point pour la présentation de l'objet livre lui-même : les éditeurs de poche ont tendance à rogner sur la marge de papier autour de la partie imprimée. On ne sait plus où placer les pouces, finalement. Il ne reste plus qu'un centimètre chez J'ai Lu et 1,3 chez le livre de poche. Avec un centimètre et demi, ici, on se sent à l'aise. Même remarque sur l'épaisseur de la feuille de bonne tenue alors que les autres éditeurs ont tendance à la réduire, ce qui donne une sensation de légèreté assez désagréable.
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Mais il n'y a pas d'évolution en ce qui concerne les objets qui ont déjà trouvé leur solution. Ils permanent dans la même forme à travers des siècles, jusqu'à ce qu'une nouvelle invention les mette hors d'usage ou qu'une nouvelle forme de culture les transforme radicalement.
Être assis à table pendant qu'on mange, se servir de couverts, etc., cela n'a pas changé depuis deux siècles. Pas plus que n'a changé la façon de fixer ou d'enlever une vis à bois, raison pour laquelle nous n'avons pas à enregistrer de changement avec le tournevis. Depuis cent cinquante ans, nous avons les mêmes couverts. Depuis cent cinquante ans, nous avons le même siège. Et même si tout a changé autour de nous, même si nous avons le tapis à la place du parquet de santal, parce que nous nous y asseyons, et une surface blanche et lisse à la place d'un riche plafond couvert de peintures, parce que nous ne voulons pas regarder nos peintures au plafond, et à la place de la bougie, la lumière électrique, à la place de riches lambris, le bois lisse, mieux encore, le marbre - la copie du siège ancien (toute prestation artisanale est une copie, que le modèle date d'un mois ou d'un siècle) convient, elle, dans n'importe quelle pièce, tout comme le tapis persan. C'est seulement chez les fous que chacun exige d'avoir un bonnet à sa façon.
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Je prêche pour l'aristocrate, j'entends par là l'individu qui se tient à la pointe de l'humanité, tout en ayant la compréhension la plus profonde envers les pressions et les détresses de ceux d'en bas. Le Cafre qui inclut à un rythme déterminé des ornements dans les tissus, n'apparaissant que lorsqu'on les déplie, le Perse qui noue son tapis, la paysanne slovaque qui fabrique au crochet des splendeurs avec des perles de verre et de la soie, tous ceux-là, donc, cet aristocrate les comprend fort bien. Il les laisse faire, il n'ignore pas que c'est dans leurs saintes heures qu'ils travaillent. Le révolutionnaire irait voir et dirait : "Absurdité que tout cela." De même arracherait-il la petite vieille aux saintes images plantées sur le chemin et dirait : "Il n'y a pas de Dieu." Mais l'athée parmi les aristocrates soulève son chapeau quand il passe devant une église.
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Chaque jour crée l'homme à neuf, et l'homme neuf n'est pas à même de façonner ce que l'ancien avait créé. Il croit refaire la même chose, et cela devient quelque chose de nouveau. Imperceptiblement nouveau, mais au bout d'un siècle, la différence se remarque tout de même.
N'y a-t-il pas de changements conscients?
Il y en a aussi. Mes élèves savent qu'un changement par rapport aux habitudes ancestrales n'est permis que s'il représente une amélioration. Et alors, les inventions nouvelles ouvrent de grandes brèches dans la tradition, dans le mode de construction traditionnel. Les inventions nouvelles, la lumière électrique, le toit en béton n'appartiennent pas à une contrée déterminée, ils appartiennent à la planète entière.
De même qu'appartiennent à tous les habitants de la terre les nouvelles orientations de l'esprit. Le mensonge de l'art régional était étranger aux architectes de la renaissance. Ils construisaient tous dans le style romain. En Espagne comme en Allemagne, en Angleterre comme en Russie. Et ils créaient ainsi le style de leur patrie, avec lequel les gens à présent veulent écraser toute nouvelle évolution.
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Or le meilleur dessinateur peut être un mauvais architecte, le meilleur architecte un mauvais dessinateur. (...). C'est une loi bien connue : l'existence de toute œuvre d'art est réglée par une nécessité interne si impérieuse, qu'elle ne supporte pas l'intrusion des formes d'un art étranger.
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Le premier ornement qui a vu le jour, la croix, était d'origine érotique. Ce fut la première oeuvre d'art, la première action artistique, dont le premier artiste, pour se débarrasser de son trop-plein, barbouilla la paroi. Un trait horizontal : la femme allongée. Un trait vertical : l'homme qui la pénètre. Celui qui créa cela ressentait la même pulsion que Beethoven, il était dans le même ciel que Beethoven lorsque celui-ci créa la Neuvième.
Mais l'homme de notre temps qu'une poussée intérieure conduit à barbouiller les murs de symboles érotiques est un criminel ou un dégénéré. Comme il va de soi, c'est dans les lieux d'aisances que cette pulsion s'empare le plus violemment des gens pour engendrer de tels phénomènes de dégénérescence. On peut mesurer la culture d'un pays au degré de barbouillage des murs de cabinets.
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