Le 7 décembre 1941, l'attaque surprise de Pearl Harbor par les Japonais a laissé les Américains groggy. Dans les jours qui ont suivi, les Japonais, déjà implantés à Saipan, dans les Mariannes, ont pris possession de l'île de Guam et de l'atoll de Wake. L'étau s'est ainsi resserré sur les Américains. Six mois après, les Japonais veulent leur donner le coup de grâce et se rendre maîtres de l'océan pacifique. Les Américains redoutent même qu'ils s'attaquent à leur côte ouest... Midway est le lieu que les Japonais ont choisi pour attirer le reliquat de la marine américaine, lui tendre un piège et l'anéantir.
Ce qu'ils ne savent pas, c'est que les services américains ont déchiffré les codes japonais. Si "AO" est assez vite interprété comme désignant les îles Aléoutiennes, qui restera une opération de diversion, le code "AF" reste flou : les Américains soupçonnent qu'il s'agit de Midway, mais n'en sont pas sûrs. Ils vont alors ruser : émettant, en clair, un message indiquant que Midway ne peut plus produire d'eau douce, ils vont aussitôt capter un message japonais indiquant que "AF" a un problème d'eau douce.
Commence alors une course contre la montre. Les Américains savent que les Japonais vont "mettre le paquet". En urgence, ils rapatrient le maximum de navires et d'avions à Midway. Compte tenu du rapport de force qui leur est défavorable (190 navires contre 26), leur seule chance de victoire est d'attaquer avant d'être attaqué (pages 79 et 83). Alors que les Japonais veulent refaire le "coup de Pearl Harbor", c'est un atoll vide de bateaux et surtout d'avions que leurs propres avions viennent bombarder à l'aube du 4 juin 1942 : les Américains ont fait décoller préalablement tous leurs avions. Car si Midway est une bataille navale, c'est surtout une bataille aéronavale. Les chasseurs japonais -les Zéro- s'y distinguent. Mais les aviateurs américains, dont la majorité emporte bombes et torpilles pour la première fois, vont faire preuve d'un courage et d'une adresse supérieurs. Menant huit vagues d'attaque en trois heures, ils vont mettre hors de combat, en six minutes, trois des quatre porte-avions nippons, l'Agaki, le Kaga et le Soryu, avant de toucher le dernier, l'Hiryu.
Même si les Américains perdent un de leur trois porte-avions, le Yorktown, l'inimaginable s'est produit : le petit américain a vaincu le gros japonais, David a vaincu Goliath, l'amiral Nimitz a terrassé l'amiral Yamamoto. Pour les Américains, c'est le début du rebond qui les conduira à Berlin. Pour les Japonais, c'est le tournant de la guerre : ils ne s'en remettront pas ; d'ailleurs, plusieurs officiers japonais, atteints dans leur honneur, se suicideront par "hara kiri" sur leur navire détruit.
Midway, l'incroyable victoire relate une page d'histoire peu étudiée en classes de lycée. Par les innombrables témoignages recueillis, l'ouvrage est la chronique d'une mort annoncée, ou plutôt d'une attaque annoncée. Un véritable puzzle, où chaque témoignage, si modeste soit-il, est un morceau du tout. L'alternance des témoignages japonais et des témoignages américains rend l'ensemble particulièrement vivant. Et même si l'épilogue est connu par avance, l'auteur a su ménager un réel suspense, de sorte que le livre se lit comme un roman policier. Une belle découverte.