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EAN : 9782807103467
80 pages
Lansman Éditeur (17/03/2022)
4.88/5   4 notes
Résumé :
La vie comme elle vient, Alex Lorette – Lucie est belge, née en Afrique dans un village le long du fleuve Congo. Sa mère meurt en couches, le père souvent absent parcourt le pays en faisant de la prospection pour une société minière. Cette fille de colons sera élevée dans la maison de son grand-père. Sa nourrice Massiga lui prodigue lait et amour, elle lui apprend à parler, à marcher, et Lucie se sent devenir noire au-dedans. Mais un jour, sa vie bascule et elle déc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Lucie est belge mais est née et a grandi au Congo : élevée par une nourrice noire, elle se sent "noire à l'intérieur".
Pour sa fille Félicité, c'est l'inverse : elle qui a presque toujours vécu en Belgique, elle ne comprends pas pourquoi sa mère tient à tout prix à se différencier des autres et voudrait juste être une Belge comme les autres malgré sa peau mate.
Deux vies confrontées au racisme, au drame de la colonisation et aux préjugés, deux facettes d'une histoire familiale.

J'ai d'abord été un peu inquiète en recevant ce livre gagné lors de la dernière Masse critique Littérature : je n'avais pas compris en le choisissant qu'il s'agissait d'une pièce de théâtre et moi qui ne lis jamais cette forme de littérature j'ai eu peur d'être déçue. Et bien pas du tout : cette pièce s'est avéré très agréable à lire également, même si elle doit prendre encore plus de force quand elle est jouée. L'auteur parvient parfaitement à nous faire entrer dans la vie de Lucie, cette enfant privée de mère, élevée par une nourrice noire et partageant les jeux des gamins du village, profitant de l'Afrique et de sa nature sans jamais se sentir vraiment différente jusqu'au drame survenant à la fin de son adolescence et la conduisant à retourner en Belgique. Ce texte est court, moins de 80 pages, et pourtant il dit tellement sur le racisme ordinaire, les préjugés, la manière dont une vie peut être brisée, surtout quand on est une jeune femme dont la voix ne compte pas et qui n'a absolument personne à qui se confier.

J'ai lu ce texte d'une traite, happée par l'histoire bouleversante de Lucie qui au fil des pages est bientôt complétée par celle de Félicité, sa fille pour qui elle est prête à tout sacrifier et pourtant qui la comprend si mal à force de non-dits et de secrets. Une vie, juste une vie, le temps de quelques pages et d'une pièce de théâtre. Une vie et pas un mot de trop pour la raconter, on se demande comment l'auteur arrive à nous faire partager tant d'émotions en si peu de pages. Tout est suggéré, pas de grands discours ni de démonstrations et pourtant ce livre est une charge féroce contre la colonisation (le père de Lucie, cet exemple type de colon barricadé dans sa maison qui profite du pays tout en craignant ses habitants), la religion et ses horribles bonnes soeurs qui seront le premier contact de Lucie avec la Belgique et enfin, peut-être le pire, les préjugés des "gens ordinaires" ces habitants d'une petite ville qui auront toujours du mal à accepter la différence.

Une très belle découverte, une lecture originale sur un sujet sur lequel on a pourtant déjà beaucoup écrit et un texte que j'ai trouvé vraiment magnifique. J'ai bien envie de me procurer les autres pièces qu'a écrit l'auteur (ce qui me permettra de remercier au passage son éditeur pour ce beau cadeau !) et surtout j'adorerais voir jouer cette si belle Vie comme elle vient. Si ce texte croise votre chemin, foncez, vous ne le regretterez pas !

Merci à Babelio et à Lansman Editeur pour ce livre gagné lors d'une Masse Critique et que je n'aurai sans doute jamais eu l'occasion de découvrir sinon.
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Quel bonheur de recevoir un deuxième ouvrage de Lansman
Éditeur ! Merci les masses critiques de Babelio et merci à l'éditeur de ce petit opus( 77 pages tout mouillé) d'Alex Lorette. Dans cette pièce créée en 2022, cet auteur belge fait monologuer ses personnages,il y a très peu de dialogues et quand il y en a ce sont plutôt deux monologues qui se croisent,se superposent,se juxtaposent mais ne deviennent jamais les prémices d'un échange .
À travers Lucie et Félice,se posent les problèmes du racisme,de l'éducation ( du dressage), des différences de milieux sociaux et/ ou culturels.
Belge, l'auteur questionne sur le rapport d'une société actuelle avec ses ex colonies.
Outre la violence de ce qui est non dit,de ce qui est imposé,le texte questionne sur les racines,sur l'intégration( à un pays,à une culture,à des codes sociaux) mais aussi sur le refus de s'y integrer .
Le pays de ses racines n'est pas toujours le pays où on est né nous dit le personnage principal qui se dit blanche en dehors mais noire en dedans .
Les histoires individuelles sont tricotées dans les fils de l'Histoire ,il est parfois difficile d'en sortir indemne.
Un très beau texte fort.
Je reste fascinée par l'écriture de ceux qui savent dire beaucoup en peu de mots,cette pièce en est un exemple.
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Livre reçu aujourd'hui grâce à l'opération « Masse critique »
Bien qu'habitant à côté de Louvain la nNeuve, je n'ai pas vu la pièce de théâtre.
Je découvre donc le texte de cette pièce, et ….. j'ai lu tout d'une seule traite.
Magnifique récit de Lucie qui raconte sa vie, entrecoupé ça et là de réponses ou d'interventions d'autres gens que la narratrice.
Toute une vie en 77 pages….. toute une vie d'abandons, de solitude, de non dits, dans une société raciste et intolérante.
Que de souffrances dans cette vie de jeune blanche née au Congo et envoyée en Belgique où elle ne se sentira jamais chez elle.
C'est court, bref, mais tout est dit !
C'est fort, c'est puissant, parfois bouleversant, choquant.
Honte à cette société des années 60, de tout ce mépris pour les gens de couleur….
Merci monsieur Lorette pour ce témoignage !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je ne suis plus étudiante
Mais une religieuse continue malgré tout à me surveiller sous la douche
La religieuse : C'est pour éviter la luxure
Le Seigneur nous regarde
Nous devons rester chastes dans nos gestes
Pour mériter son amour
Le Seigneur ne regarde personne
C'est toi, soeur Marie-Ange, qui aimes voir ma peau sous la chemise qui devient transparente avec l'eau de la douche
C'est toi qui salives en regardant mes tétons
Le seul endroit pour être seule, en fin de compte, ce sont les toilettes
Sans doute que les soeurs pensent que Dieu n'aime pas les voir chier
Dieu n'aime pas la merde
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Quand je suis arrivée en Belgique, il pleuvait
C'était en 1958
Je suis arrivée comme ça, par la mer, sur le Ville de Bruxelles
"Le bateau c'est plus sûr que l'avion" disait mon grand-père
Le bateau, ça donne le temps de réaliser qu'on s'en va
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Le dimanche, c'est la douche hebdomadaire
Mais la nudité, c'est péché
Alors on se douche en chemise de nuit
On se savonne, par en dessous
Je vois tous ces corps roses sous la chemise blanche qui, avec l'eau, devient transparente
Tous ces corps qui se tortillent pour se laver avec le gant de toilette
C'est ridicule
Et je repense aux corps nus d'Afrique
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Le grand-père :chacun à sa place
les noirs dans leur case
et nous dans nos maisons c'est chez moi ici
chaque jour, c'est un combat, je me bats pour garder ce que j'ai gagné
toi qui aimes jouer dans le jardin
sais-tu pourquoi il est si grand ?
Sais tu pourquoi j'exige qu'il soit impeccable?
c'est pour marquer notre territoire
pour envoyer un message pour dire, ici, c'est le monde civilisé
ici, c'est chez nous
, ce n'est pas chez vous
et c'est la même chose pour les routes le chemin de fer, les entrepôts
tout ça, ça leur dit en permanence qu'on est chez nous
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Petite, j'avais les cheveux clairs et lisses
C'est elle qui m'a noircie
A force d'invoquer l'Afrique, elle l'a fait entrer en moi
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