AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 255 notes
5
19 avis
4
22 avis
3
9 avis
2
3 avis
1
0 avis
Aimer quelqu'un c'est l'aider à vivre, dit Marceline Loridan-Ivens. La vie l'a aimée après avoir essayé de l'écraser et Marceline a aimé la vie, de tout son être, avec toute sa force, époustouflante. Un passé dans le camp de Auschwitz-Birkenau ne s'oublie pas, mais peut se surmonter et Marceline réussit. A la mesure de l'épreuve qui a failli la tuer, il y a la mesure de la force de la vie, plus l'attaque est dure plus la résistance est farouche. Fragilisée, cassée, perdue, Marceline s'accroche à ce qu'il y a on ne peut plus fragile, et résistant : la vie, car vivre c'était la seul manière de surmonter le passé, de défier la non-vie, rassembler la jeune fille et la survivante pour devenir une femme. Entre jouissance et peur, plaisir et terreur, elle trouve son corps, ouvre son esprit, partage l'amour, sa vie balagan est engagée. Sa voix résonne sur un long chemin de passion et de combat, jusqu'à ce que la vie décide de mettre un point final en 2018.
Mais si le corps est au repos maintenant, le souffle reste bien vivant, sa voix, son rire, sa force contagieuse.
Dans L'amour après, la voix va vite, sous le poids des souvenirs, et emprunte toutes les autres voix, une voix qui traverse le mur du temps, l'abyme noire pour remonter à la surface et y rester, coûte que coûte.
Valise d'amour, expression tendre pour fouiller dans ses souvenirs, douloureux, déchirants, doux, exaltants, des lettres de passion, de raison, lettres d'amis, lettres d'amoureux, lettres-bleuets avec la marque du temps. La valise c'est ce qu'on emporte quand on part, quand on quitte, quand on se déplace, dans la valise on met les choses nécessaires, essentielles, de tous les jours, dont on ne peut pas se séparer. C'est là, je trouve, tout le sens de "amour", l'amour de la vie est cette chose essentielle, le lien et le liant, car la secousse que la vie peut donner par sa force et sa beauté, est plus puissante que celle de la destruction, de l'horreur qu'un être vivant peut infliger à l'autre.
Marceline Loridan-Ivens nous laisse son livre, testament d'amour, avec ce qu'elle a eu de plus fort et impérissable. Sensuel, solaire, éclatant, il est l'image même de Marceline gourmande de vie, battante pour les idées, poète, passionnée.
Commenter  J’apprécie          80
Marceline Loridan-Ivens nous a quittés à 90 ans, en septembre 2018; j'avais acheté son livre "Après l'amour" quelques mois auparavant mais je l'avais mis en attente pour lire des choses plus légères ou du moins plus imaginaires.
Je viens de lire ce témoignage autobiographique comme un hommage à cette femme pétillante et libre.
Marceline Rozenberg est née en mars 1928 de parents juifs polonais émigrés en France en 1919. A 15 ans, elle est arrêtée par la Gestapo avec son père et déportée à Auschwitz-Birkenau, le 13 avril 1944, dans le même convoi que Simone Veil, qui deviendra son amie plus tard. Elle rentre à 18 ans sans son père, mort en déportation auquel elle rend un vibrant hommage dans son livre précédent "Et tu n'es pas revenu".
Ce livre de souvenirs, de confidences sort d'une "valise d'amour"; en effet, Marceline, en déplacement en Israël perd la vue et ne la recouvre que partiellement après une opération; cette cécité puis ce flou la font rentrer en elle-même avec l'aide des nombreuses lettres, notes, mots des hommes qui l'ont aimée et/ou qu'elle a aimés; cette valise, elle ne l'avait pas ouverte depuis plus de 60 ans et les souvenirs affluent.
On découvre une vie de combats politiques : dès son retour des camps, elle s'engage pour aller combattre en Israël, elle s'oppose au colonialisme, à la guerre d'Indochine, à la guerre d'Algérie, elle embrasse le communisme. Mais sa vie est aussi un combat contre ses souvenirs, contre les horreurs qu'elle a vécues, contre la mort omniprésente dans les camps, celle des autres mais la sienne aussi probable, contre un corps et une âme "asséchés".
Pendant longtemps, elle a refusé d'évoquer cette partie de sa vie, elle a rejeté les hommes qui l'ont aimée mais qui la ramenaient à cette période qu'elle voulait oublier (Freddie, George Perrec, tous deux fils de déportés).
J'ai été saisie par ce texte de résilience, de liberté qui dégage une force incroyable, une volonté de continuer malgré l'horreur et deux tentatives de suicide. Marceline a rejeté les schémas qui ne lui correspondaient pas, elle a refusé d'être dominée, elle se considérait comme l'égale des hommes qu'elle a aimés et c'était le cas. Un beau combat de femme.
Commenter  J’apprécie          80
Très déçu par ce livre qui finalement, reste à la surface des choses les plus inavouables. Trop de publicité, trop de promesses pour ce récit conventionnel d'une femme libre qui a traversé son siècle avec une fausse insouciance. Ce fameux sujet dont personne n'a vraiment parlé : l'amour dans les camps, pourquoi il est improbable, pour quoi il ne peut être raconté... n'est jamais abordé. C'est pourtant le thème de la quatrième de couverture. Un coup marketing. Dommage parce que l'auteur a certainement beaucoup à raconter. On ne peut douter de sa sincérité et de sa profondeur.
Commenter  J’apprécie          80
Dans un livre intime et puissant, Marceline LORIDAN-IVENS, rescapée des camps de la mort, évoque les hommes qui ont traversé sa vie.
" Mon corps de femme s'est dessiné en même temps qu'il était condamné. A Auschwitz. Que faire de lui ensuite puisque j'avais survécu ? Serait-il capable de désir, de plaisir... d'aimer tout simplement ? "
Quelle capacité d'aimer a-t'on lorsque l'on est rescapée des camps ?
Ce livre bref - une centaine de pages seulement - , publié aux Editions Grasset, et avec la complicité de la cinéaste Judith Perrigon, est paru en ce début d'année 2018.
"L'amour après" fait suite à son précédent ouvrage "Et tu n'es pas revenu". Agée de 89 ans, Marceline LORIDAN-IVENS,  nous offre ici un récit extrêmement poignant. Née Marceline ROSENBERG, au fil des ans et des amants deviendra Marceline LORIDAN-IVENS.
En redécouvrant une valise qui sommeille depuis un demi-siècle dans un coin...sa "valise d'amour", elle nous fait partager son contenu. A l'intérieur, des centaines de mots, de correspondances, de souvenirs.
Déportée à l'âge de quinze ans à Birkenau, elle y rencontrera une certaine... Simone Veil : "nous étions du même transport, du même quai, du même camp." Ce drame commun les lieront à jamais. 
Après l'horreur du camp, comment se réapproprier son corps ?
p. 17 : " Elles cohabitent dans le même corps, l'une cherche la vie, l'autre flirte encore avec la mort. Il m'a fallu du temps pour les réconcilier."
Quand le corps y a été tellement blessé, comment le reconstituer ? " Je ne ressens rien, je suis asséchée".
p. 19 : " [...] je fuyais mon propre corps, sa mise à nu, à jamais associée pour moi à l'ordre nazi, à son regard humiliant tandis qu'on nous rasait la tête et le sexe, à son verdict : la mort ou le sursis. Jamais, avant le camp, je ne m'étais déshabillée devant quelqu'un, jamais je n'avais vu le corps de femmes nues, ni celui de ma mère, ni celui de mes soeurs. J'ai découvert le mien en même temps que je l'ai su condamné. J'en ai fait une quantité négligeable. Secondaire. Il fallait juste qu'il tienne, qu'il soit sec et solide. J'ai tout vu de la mort sans rien connaître de l'amour."
Mais comment passe-t'on de l'innocence de l'enfance à l'âge adulte lorsqu'on est déportée à seulement quinze ans, et seule ? Comment y survivre ?
p. 20 : " Mais j'ai découvert l'autonomie à Birkenau. J'étais seule, sans famille, contrairement à Simone qui survivait sous le regard de sa mère et de sa soeur. Et quelque chose s'est enclenché pour moi, un processus, un sentiment de liberté - drôle de mot je sais pour évoquer Birkenau - mais ce moment où personne ne vous protège et ne vous commande, ce moment où il faut vivre, en l'occurence survivre, seule. Ce moment où l'on quitte ses parents."
Ses premières amours, Marceline, qui épousera plus tard le réalisateur hollandais Joris Ivens, les cherche d'abord parmi les autres survivants. Elle y évoque notamment sa relation avec Georges PEREC : " deux orphelins de part et d'autre d'Auschwitz". 
Toute sa vie elle prône l'amour libre. Elle combat la notion de jalousie et de possessivité.
Elle évoque également son choix du refus de la maternité.
Elle revendique sa liberté. A dix-sept ans, par exemple, en s'engageant pour aller combattre en Israël.
L'auteure alterne les témoignages bouleversants et drôles. 
Ce livre est une véritable leçon de vie et d'amour, spontané et sans pudeur.
p. 44 : " [...] les livres sont faits pour ça, nous empêcher d'oublier.
Lien : https://missbook85.wordpress..
Commenter  J’apprécie          80
Peut-on réapprendre à aimer, à se livrer à un autre quand on a été déportée à 15 ans? Quand le corps porte encore, longtemps après, les stigmates de la douleur, et quand la première expérience de la nudité est celle du regard froid et assassin des gardiens nazis?
Je m'attendais à une dissection des sentiments qui conduisent à la confiance retrouvée et à l'acceptation de l'autre, alors que tout est détruit à l'intérieur de soi.
Au lieu de cela, nous suivons l'oublieuse mémoire de Marceline Loridan Ivens, rousse flamboyante qui fut notamment la compagne de déportation de SImone Veil, au gré des lettres qu'elle retrouve dans sa "valise d'amour". Des extraits de ses lettres d'amour, et des tranches de vie qui vont avec. le récit est morcelé donc, pas linéaire du tout, mais qu'importe.
LIBERTE : c'est ce qui a guidé Marceline tout au long de sa vie.
Car après les camps, c'est une véritable fureur de vivre, un besoin d'émancipation et un bouillonnement de culture qui s'emparent d'elle. Nous la découvrons tour à tour fantasque, impertinente, et résolument moderne.
Mais c'est dans les dernières pages que j'ai eu l'impression qu'elle se dévoilait réellement, avec beaucoup de pudeur toutefois, à l'heure d'évoquer son dernier grand amour, Joris Ivens. Elle se met enfin à nu, et les dernières pages sont terriblement bouleversantes.
Une grande dame, cette Marceline.
Commenter  J’apprécie          70
Une fois de plus, je suis bouleversée par Marceline Loridan-Ivens. Je viens de terminer son livre précédent "Et tu n'es pas revenu" et j'ai eu envie de lire celui-ci dans la foulée. L'entendre à nouveau parler d'elle, de sa reconstruction après les camps, de sa folle envie de vivre, par deux fois interrompue par l'envie de mort, sa vision de l'amour, sa relation aux hommes, à sa famille, à la vie.

Cette femme, comme tous les "survivants" je pense, est fascinante et mérite d'être lu par le plus grand nombre.

CHALLENGE DES 50 OBJETS
CHALLENGE MULTI-DÉFIS 2019
Commenter  J’apprécie          70
Quand on croise la route de Marceline Loridan-Ivens, on ne l'oublie plus. Cette femme, à la silhouette de jeune fille, au regard pétillant, à la chevelure de feu, et au rire inoubliable, a traversé le siècle du pire au meilleur. Elle a croqué la vie après avoir vu l'horreur, et elle a été aimé plus qu'elle n'a pu aimer. Grâce à la plume précise et sensible de Judith Perrignon, Marceline nous conte les hommes qui l'ont aidé à continuer de vivre en l'aimant passionnément et plus particulièrement celui qui fut “l'homme de sa vie”, Joris Ivens, ce géant à la crinière de lion, avec qui elle arpenta le monde pour en ramener des films chefs d'oeuvres et qui partagea sa vie pendant plus de trente ans. Marceline est partie en septembre. Tous ceux qui l'ont aimé sont orphelins et ils sont nombreux. Mais restent les écrits, et ce magnifique récit qui parle d'amour fera un merveilleux cadeau.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          70
Libre et féministe !

Ce livre est une ôde à l'amour et à la liberté. Marceline Loridan-Ivens souffle un vent de fraîcheur et me rappelle combien ma liberté en tant que femme est précieuse.

En ouvrant sa « valise d'amour », elle en extrait les amours de sa vie. Elle raconte sa vie, la découverte des hommes et plus tard du plaisir.

Certains schémas paternalisstes ont la vie dure, Marceline témoigne de son refus des conventions et ça fait un bien fou !

Je conseille la lecture de ce petit livre à tous.
Lien : https://lilietlavie.com/2018..
Commenter  J’apprécie          71
......Marceline Loridan-Ivens se décrit à plusieurs reprises comme n'ayant plus aucune sensation, comme une poupée de chiffon dans les histoires charnelles qu'elle a avec les hommes après la guerre. Pour nous raconter sa vie amoureuse, elle prend comme prétexte une valise retrouvée chez elle, qu'elle appelle « sa valise d'amour » contenant des lettres qu'elle nous dévoile.
En refermant son livre, je me suis demandée qui, après elle, restera pour témoigner......voir intégralité de l'article sur le blog...
Lien : http://www.chocoladdict.fr/a..
Commenter  J’apprécie          70
Comment aimer après les camps ? Comment s'abandonner à l'autre lorsqu'autrui n'était que tortionnaire ? Peut-on éprouver charnellement du plaisir après des mois de douleurs physiques et mentales ?
Au crépuscule de sa vie, Marceline Loridan-Ivans tente de répondre à ces délicates questions avec la complicité de Judith Parrignon. Internée à l'âge de quinze ans à Auschwitz-Birkenau, elle dit avec retenue et provocation, parfois même avec drôlerie, les difficultés traversées pour nouer des relations de confiance et d'amour après avoir vécu l'effroyable. D'une plume incisive, Marceline Loridan revient sur ses coups de coeur et sur les obstacles qu'elle a dû surmonter. Parallèlement à cette reconstruction intime, ce récit retrace à la fois l'insouciance dans laquelle la France s'est lancée après-guerre alors que les luttes pour l'indépendance en Algérie et l'émancipation des femmes entre autres pointent le nez. Ainsi, au fil des pages, apparaissent de nombreuses figures emblématiques de la vie intellectuelle et politique aux cotés des amies et des amants de Marceline.
Publié à quelques mois de sa disparition, « Après l'amour » est un opuscule vif, presque teigneux, irrémédiablement combatif et stimulant. A l'image de son auteur
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (601) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1745 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}