Lu en 2007- Relecture mars 2019
Un petit volume de 2006 (hors commerce) des éditions de l'Ecole des Loisirs, en hommage à Agnès Desarthe, romancière et auteure -jeunesse bien connue, initialement traductrice . Plusieurs auteures retracent son parcours, mettent en valeur certains de ses textes...nous en offrent des extraits significatifs,nous dévoile sa perception de l'écriture, de la littérature -jeunesse, son enfance,ses réticences persitantes dans sa scolarité face à la lecture, ses amitiés, ses premiers pas dans le monde de l'édition;, etc. s'ajoute à cet hommage collectif ,un inédit d'Agnès Desarthe d'une conférence "sur l'enseignement de la Shoah et la création artistique "...
"Grace Paley, pour tenter de définir le mouvement qui préside à la création littéraire, a dit : " On écrit avec ce que l'on ne comprend pas."On écrit avec ce que l'on ne comprend pas et qui pourtant nous obsède, nous réjouit, nous excite, nous tourmente." (p. 79)
Des passages passionnants sur la traduction et l'exercice des langues, les passages subtiles entre elles...
Une relecture en urgence, car le w.e prochain je retrouve un ami de longue date, grand lecteur, et lecteur enthousiaste de cette écrivaine... Alors pour lui faire une surprise supplémentaire, je vais lui offrir "mon" exemplaire; auparavant, je rédige cette mini-chronique pour conserver une trace de cette plaisante lecture...
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" L'amitié est une chance. Elle est la solution à des tas de problèmes, graves et moins graves. C'est un endroit protégé où tout est possible, un espace imaginaire fabriqué à deux où l'on peut se retrouver, se reconnaître, où l'on a ses propres échelles de valeurs et où l'on ne juge pas. C'est le royaume de l'empathie et un laboratoire où l'on expérimente les sentiments les plus divers. " Agnès Desarthe (p. 40)
Extrait d'un Texte d'une conférence sur l'enseignement de la Shoah et la création artistique par Agnès Desarthe
I.B. Singer exprime ses doutes de la manière suivante : "L'espoir que la grande littérature puisse apporter la paix ou améliorer l'humanité est sans aucun fondement." Il écrivait encore : " Au mieux, l'art ne peut être autre chose qu'un moyen d'oublier un moment le désastre humain" (...)
La barbarie a sa place dans l'humanité, dans son histoire, dans sa construction. Le ratio entre le bien et le mal est constant, ce qui réfute, j'en ai peur, toute idée de progrès. (p. 82)
"Traduire un grand livre est une expérience au moins aussi formatrice et bouleversante qu'écrire un livre. Je ne suis pas certaine que j'aurais écrit si je n'avais pas traduit. Je me demande parfois comment font les écrivains qui ne traduisent pas. C'est comme si on me disait d'un danseur qu'il ne s'échauffe pas et ne s'exerce jamais à la barre (...) " Agnès Desarthe
Ne pas avoir le regret des choses pas faites : et si c'était cela, le secret d'une vieillesse sans rancune, sans tristesse ou sans nostalgie ? (p. 61)
Parce que tous les livres d'Agnès, et plus encore ses contes animaliers, ont à voir avec l'amour. Les animaux lui servent à parler de cette chose étrange, ils sont ces braves gens qui ne courent pas les rues. (...) [Ces animaux-personnages] Tous nés quelque part, tous à la recherche d'un endroit où il ferait bon être soi-même et vivre, tous montrant d'une manière drôle et tendre que nous sommes chacun le Juif de quelqu'un, des exilés sur notre route commune, des sans-papiers. Et tous de poser la question de l'appartenance au monde. (p. 67)