Certaines de ces nouvelles ont été écrites avant le premier livre de
Patricia Highsmith, le célèbre inconnu (petit oxymore) du Nord-express. On peut donc dire que ce sont des oeuvres de jeunesse. Pourtant, elle y fait montre d'une maîtrise affirmée, à la fois par le style et par le scénario. Il s'agit de mini-thrillers psychologiques, dont l'intérêt principal réside dans la description affûtée des sentiments des protagonistes.
Ils ont tous un grain de folie plus ou moins gros, les personnages qu'elle met en scène. Un professeur veut absolument donner son nom à une espèce animale, pour passer à la postérité. Une jeune gouvernante provoque un incendie pour démontrer qu'elle est capable de sauver ses employeurs. Un couple emprunte un chat pour qu'il les débarrasse d'un animal imaginaire...
Tous, quelque chose va les faire dévisser, les pousser à exécuter une action aux conséquences plus ou moins graves, parfois inattendues, mais à la logique toujours implacable. L'événement déclencheur peut être bénin, tel l'achat d'une tortue pour en faire un ragoût, le piétinement d'un arbuste par des footballeurs du dimanche... Il peut aussi venir d'une profonde blessure ancienne, d'une humiliation contre laquelle, soudain, la rébellion semble être la voie évidente pour s'en sortir.
Souvent, au début, on peut penser que l'histoire finira bien... Prenons
l'amateur d'escargots par exemple: son élevage fonctionne parfaitement. Ironie de l'histoire, subitement, dans son métier aussi, en parallèle, il s'enrichit rapidement. Comme si la multiplication des gastéropodes allait de pair avec celle des dollars. Plus dure sera la chute, et la fin, impitoyable.