Le train roule à vive allure vers Metcalf, Texas.
Guy va y retrouver Myriam, une épouse dont il veut divorcer. Pas si facile ! Myriam est retorse et ce mariage n'est rien d'autre qu'une malencontreuse erreur de jeunesse.
Une rencontre avec Bruno, un inconnu. Dans l'esprit perturbé et alcoolisé de Bruno, va s'imposer une machination implacable, l'échange de meurtres. « Un meurtre gratuit , sans motifs personnels ». Ce Guy que le destin a placé sur son chemin est l'homme de la situation.
L'action avance vite et le complot ourdi sera mis à exécution dès la première partie du roman. Une première partie, qui parvient à nous prendre dans ses filets, les images plein la tête. Comme dans un cauchemar, le scénario se déroule comme prévu avec ce qu'il faut de suspens pendant les récits des deux meurtres.
La narration est à deux voies. On suit tour à tour Bruno, pervers dénué d'émotions, dont la vie est en friches et Guy en proie à une lutte sourde et incessante.
C'est dans un marais poisseux que l'on avance. Pourtant Guy a tout pour lui. Mais ses pas s'enfoncent dans une matière gluante où il ne peut se raccrocher à rien de sûr. Prisonnier de sa confusion, elle devient la nôtre. On n'arrive plus à le suivre, ni à le comprendre . de timides pas en avant mais un silence qu'il ne peut extérioriser. Une paralysie qui pèse à chaque page. On assiste angoissé et impuissant à sa chute. Lui aussi, ce jeune homme bien sous tous rapports rencontré dans le train, est un inconnu qui se révèle à lui-même et au lecteur.
Orfèvre du genre,
Patricia Highsmith a concocté un roman psychologique complexe. Dans une Amérique prospère à qui tout semble sourire, elle aborde plusieurs facettes cachées, amour maternel malsain, homosexualité, culpabilité, manipulation, personnalité double, « un double invisible qui vous attend quelque part dans le monde, en embuscade ».