La joie ne vient pas du dehors. Elle est en nous quoi qu'il nous arrive.
La lumière ne vient pas du dehors. Elle est en nous, même sans les yeux.
Chaque fois que tu trouveras quelque part un peu de joie, je serai là... comprends-tu? Ne jamais pleurer sur moi:ce serait trop bête, et j'ai trop horreur de ce qui rend triste. Promets-moi... de m'aimer, non pas à travers ton souvenir, mais à travers ceux que tu aimeras.
Les souvenirs sont choses trop douces, trop proches de la peur: ils mangent vos énergies.
Il fallait vivre dans le présent, consommer chaque seconde jusqu'au bout, s'en rassasier.
La joie ne vient pas du dehors. Elle est en nous quoi qu'il nous
arrive.
La lumière ne vient pas du dehors. Elle est en nous, même
sans les yeux.
P 282
En quelques mois mon univers personnel était devenu un atelier de couleurs.
En tout cas mon accident avait précipité ma tête contre le cœur bruyant des choses : ce cœur battait et ne s'interrompait plus.
"Aucun de mes amis n’hésitait plus. Pour dire le vrai, beaucoup d’entre eux brûlaient de mourir. La mort à vingt ans est encore possible. Tellement plus qu’après.”
La voix humaine entre en nous, de force. C’est vraiment à l’intérieur de nous que nous l’entendons. Il faut même, pour l’entendre bien, la laisser vibrer dans notre tête et notre poitrine, dans notre gorge, comme si elle était nôtre pour un instant. C’est pour cette raison sans doute que les voix ne nous trompent pas.
La première salle de concerts où je suis entré, à huit ans, fut à elle seule, pour moi, en une minute, plus que tous les royaumes de légende. (...) L'entrée dans la salle était le premier épisode d'une histoire d'amour. L'accord des instruments : c'était mes fiançailles. (...) Je pleurais de reconnaissance chaque fois que l'orchestre commençait à chanter. Un univers de sons, pour un aveugle, quelle grâce soudaine ! (...) La musique pour un aveugle est une nourriture (...). Il faut qu'il la reçoive, il faut qu'on la lui donne périodiquement, comme une nourriture. (...) La musique est faite pour les aveugles.
Tant pis si mon sens de la beauté n'était pas celui des autres! Nous avions une chose en commun: c'était l'ivresse. Poser la main sur une hanche, suivre la naissance d'un bras, entourer une épaule, plonger, la tête vide, dans le rayonnement irisé qui émane du corps des filles, entendre crisser une jupe par-ci, un mouchoir par-là, ne pas vouloir arrêter la danse parce que, aussi longtemps que la fille est tout près de vous, ses cheveux dans vos cheveux à chaque glissade, le monde peut crouler -cela vous est bien égal-, tout cela me guérissait.