La moitié du livre est le portrait schématique de deux grandes figures persanes du 11e siècle,
Omar Khayyâm, savant poète et musulman quiétiste, et d'Hassan, « L'homme aux yeux exorbités », ismaélien fondateur de la secte des Assassins, avec leur entourage : imams, khalifes, vizirs et femmes de pouvoir, disciples, gardes du corps et sicaires. le style est fleuri, à la limite du kitsch (« Leurs mains s'affolent, leurs vêtements s'éparpillent. Incomparable nuit d'amour que celle de deux corps incendiés par des larmes brûlantes », p 78), ou sévère (« Quel règne est pire que celui de la vertu militante ? », p 172).
La deuxième partie est confiée à un porte-parole du 20e siècle, Benjamin O. Lesage (O. comme Omar), un
Maurice Leblanc orientaliste qui nous donne une centaine de pages politico-touristiques. le héros en est « le manuscrit de
Samarcande », oeuvre secrète de
Khayyâm qui finit au fond de l'Atlantique dans une cabine du Titanic.
Maalouf cite une dizaine de Robaiyats, ces
quatrains de
Khayyâm dont l'authenticité est incertaine. Par exemple (p 186) :
« Goutte d'eau qui tombe et se perd dans la mer,
Grain de poussière qui se fond dans la terre.
Que signifie notre passage en ce monde ?
Un vil insecte a paru, puis disparu »
Je préfère la traduction plus ample de
Gilbert Lazard, mais est-elle plus fidèle ?
« Une goutte d'eau frémit, puis s'engloutit dans la mer ;
Une poussière surgit, puis se dissout dans la terre.
Et toi, qu'es-tu venu faire en ce monde ? Eh bien, voici :
Une bestiole prend vie un beau matin, puis se perd »