Sonia Mabrouk ?
Je connaissais la journaliste pugnace, je découvre une analyste rigoureuse et lucide.
Son essai est très court, mais en dix petits chapitres percutants elle dresse un tableau réaliste de l'état de la société française dans lequel elle explique les principales menaces qui pèsent sur notre pays et esquisse des réponses à y apporter.
Que cela fait du bien de lire sous sa plume à peu près tout ce que je pense !
En fait, ce que de nombreuses personnes pensent. Parce qu'en discutant ici ou là avec des amis, des voisins ou des gens que je ne connais pas (le marché est un excellent lieu de discussion, que ce soit avec les maraîchers ou avec les autres clients), je me rends compte que de nombreux constats qui sont de simples constats de bon sens sont très largement partagés.
Le problème est que la majorité, composée de personnes plutôt paisibles, est souvent silencieuse, alors que les opinions minoritaires sont fréquemment portées par des gens assez excités et jusqu'au boutistes. En caricaturant à peine, on peut dire qu'on n'entend qu'eux, qu'ils imposent leurs opinions, et que quiconque ose penser différemment est aussitôt affublé de tous les termes les plus insultants : xénophobe, raciste, islamophobe, fasciste et j'en passe.
Et sommé de se taire.
Il n'y a plus de discussions possibles, ceux qui s'opposent à la doxa bienpensante sont bâillonnés. Il n'y a qu'à regarder la plupart des émissions de télévision pour s'en rendre compte.
On peut aussi observer ce qui se passe dans la plupart des universités ou écoles dites "grandes" où le débat contradictoire est impossible et où de nombreuses personnalités ont interdiction de s'exprimer.
Drôle d'époque !
Enfin, drôle est une façon de parler, parce que je ne trouve rien de drôle dans tout cela.
C'est intellectuellement affligeant, parce que le débat d'idées est important pour nourrir la réflexion et c'est inquiétant pour notre société qui devient totalitaire.
Et le bon peuple est prié de penser qu'on le protège des mauvaises pensées. Non, c'est pire : il est prié de ne plus penser du tout.
Pour cela, je pense que la crise du covid a fortement accéléré le mouvement et qu'elle arrange bien des dirigeants... et c'est pour cette raison que certains ne sont pas trop pressés d'en sortir.
Métro, boulot, dodo, Netflix et matchs de foot... quel beau programme lénifiant !
Dans son essai,
Sonia Mabrouk démonte certaines pensées que l'on voudrait nous imposer, elle analyse, elle explique et donne quelques arguments pour s'y opposer.
Non conventionnelle, elle dérange. le flot d'insultes qu'elle reçoit quotidiennement sur les réseaux dits "sociaux" le prouve.
Elle dérange car elle nage un peu à contre-courant dans une profession où il est de bon ton de rester dans la bienpensance martelée à longueur de journée.
Elle dérange quand en tant qu'immigrée d'origine tunisienne elle dit aimer la France. Eh oui, à notre époque folle, c'est mal vu !
Elle a sa liberté de penser, sa liberté de ton et une façon bien à elle d'interroger les politiques qu'elle déstabilise en refusant les faux-fuyants et la langue de bois.
Dans une civilisation qui se délite et fonce droit vers des abimes de stupidité, cette lecture m'a fait du bien.
Elle offre un rayon d'espoir et prouve qu'il reste encore un peu d'intelligence dans ce pays où les lumières semblent bien éteintes.
Sonia Mabrouk n'a pas peur de dire haut et fort son amour de la France, de sa civilisation, de son histoire. Pas un amour béat, mais un amour réfléchi, rationnel.
La France n'est pas parfaite et de toute façon, aucun pays ne l'est. Mais si l'on reste objectif et que l'on ouvre les yeux sur le monde, on se rend compte que la France n'est vraiment pas le pire endroit où vivre.
Surtout lorsque l'on est une femme.
Je suis entièrement d'accord avec le thème de fond de cet essai : nous devons nous battre pour que la France reste un pays où il fait bon vivre, un pays où les femmes sont respectées, un pays de liberté.
Avant tout, une prise de conscience collective est indispensable, et ce livre peut y contribuer.
L'actualité récente qui a vu un policier se faire froidement abattre parce qu'il dérangeait un deal de drogue et une femme se faire immoler par un barbare obscurantiste montre que la tâche est rude mais devrait collectivement nous motiver.
Nous ne pouvons plus rester les bras croisés, il en va de notre civilisation, de notre survie.
Je ne suis pas forcément d'accord avec tout de A à Z dans cet essai, mais j'approuve la démarche et la majeure partie de ce qui est écrit.
Et je salue le courage de
Sonia Mabrouk !
Elle lance un appel au peuple français : le temps de l'insoumission est venu. (La véritable, pas celle d'un certain parti...)
Je suis prête.