L'autrice de ce court s'étant suicidée très jeune, livrer une critique objective et distanciée me paraît impossible. J'ai lu sur internet (pas sur Babelio) des critiques très condescendantes (du genre on va en dire un mot puisqu'elle est morte), des critiques très "théoriques". Pour ma part, j'ai adoré et ce récit m'a emporté par son souffle adolescent, déterminé, sans compromission.
L'histoire est celle d'une adolescente de dix-sept ans qui voue une passion amoureuse et quasi-mystique à une enseignante de huit ans son aînée, troublée par cet amour mais ayant elle-même voué sa vie au dieu catholique au point d'avoir abandonné son avenir d'architecte.
Un mot sur le style, celui très propre des années cinquante (quand l'imparfait du subjonctif n'était pas désuet), et la narration, puisque
Eveline Mahyère utilise surtout le biais du journal de son héroïne pour ne jamais être dans le présent de l'action, juste dans le présent du ressenti. Ce style qui ne transige pas avec la langue mais qui privilégie l'émotion durable à l'émotion brutale de l'instant traduit la quête d'absolu de l'héroïne, Sylvie, et sa résolution en même temps que sa fragilité et son manque d'expérience.
J'imagine que ce petit roman est très méconnu et il mérite vraiment de sortir de l'oubli. J'aurais encore plus apprécié de le lire quand j'avais l'âge de Sylvie.