Je connaissais l'auteur par la revue de poésie Arpa, où il a publié quelques poèmes. J'aimais déjà son humanité et sa capacité à capter la beauté éphémère du monde et à nous la restituer avec des mots à la fois simples et profonds.
C'est son deuxième recueil. Jeune père, il se rapproche souvent de cette part d'enfance, à travers ses poèmes:
" Mes doigts d'enfant
glissaient sur le siècle ainsi que des barques
à la proue luisait le coeur de ce frère
dont le plus petit geste
suffisait à repousser l'immensité du soir."
Son métier de reporter ( il collabore à des magazines chrétiens, sa spiritualité se ressent, mais pas de manière appuyée ) l'emmène dans de nombreux pays dont il évoque les ravages de la guerre, de la pauvreté:
" Hier encore
j'écoutais cette fille de Syrie
ne sachant ni lire ni compter
mais apte à contrefaire
de ses lèvres menues
le fuselage sourd
qui éventra sa chambre"
La partie du recueil que j'ai préférée est celle qu'il dédie à la femme qu'il aime, " Nos ombres fertiles" : émouvante, pure dans les sentiment exprimés.
" Il peut se répandre
tant de mauve et de regrets
dans une vie d'homme
mais j'ai la foudre de tes mains."
Cette voix pleine de tendresse et d'élan, de conscience aussi des débâcles du monde actuel, que fait entendre François-Xavier Maigre,
" L'entendez-vous?
C'est une voix qui couve à l'ombre de la page
comme l'astre au soir de la genèse "
Je souhaite qu'elle vous parvienne et vous émeuve....
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Dans la veine de la grande tradition lyrique, François-Xavier Maigre explore la vie d’un homme qui lui ressemble.
Lire la critique sur le site : LaCroix
A flanc de berge ou contre toi
légère est la brume
qui soigne nos silences
Nous n'avons pas fini
de nous connaitre
et de lancer nos vies
Loin devant
loin devant
Comme des galets ronds
dans l'eau verte du soir.
Prière pour un loup
Le froid s'accroche aux persiennes
la lune inonde ma tanière
loup, j ai beau avoir vieilli
et ne plus croire en tes sortilèges
j'ai beau savoir que nos forêts
ne voient plus ton pelage argenté
briller sous les étoiles
à l'heure où faiblit l'opaline
il est doux de rêver
que tu rôdes encore
dans l'enfance de mes nuits.
Les lignes de ta main ( extrait)
A flanc de berge ou contre toi
légère est la brume
qui soigne nos silences
Nous n'avons pas fini
de nous connaître
et de lancer nos vies
Loin devant
loin devant
Comme des galets ronds
dans l'eau verte du soir.
Premier soleil de juin
à cru sur nos rétines
Et l'odeur des pelouses
pour me perdre à ton bras
Au pluriel, à la chance
à nos ombres fertiles
Il est beau
d'être aveugle
lorsque c'est avec toi.
Le vent, les klaxons
la procession des souffles rauques
Une bourrasque me harponne avec fureur
ici commence
la langue noire des solstices.
François-Xavier Maigre lit des poèmes extraits de son recueil "Trois foulées plus bas", paru ne 2019.