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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'aime beaucoup Makine, le lis régulièrement, bien que pas assidument (j'en ai sauté plusieurs dans sa copieuse bibliographie), et ne suis jamais déçu. Celui-là n'est pas au niveau des Testaments, de l'Homme Inconnu ou du Fleuve Amour, mais on y retrouve ce lyrisme et ce stupéfiant talent pour faire éclore poésie, amour et beauté sur le fumier de la brutalité humaine, dans un style qui lui permet de côtoyer parfois la mièvrerie sans jamais y tomber, et une incroyable capacité à construire un monde à partir de valises éculées qui servent de lit, d'une cafetière cabossée et de deux photos jaunies. Chapeau !
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Dans une banlieue pauvre d'une ville de Sibérie à la fin de l'ère soviétique, un adolescent se lie d'amitié avec Vardan, un jeune Arménien contraint à l'exil politique. Un roman qui parle des drames qu'a connu le peuple arménien, de patrimoine culturel, du temps et des souvenirs, qu'il soient communautaires ou individuels. Une langue foisonnante, évocatrice et nostalgique comme le regard d'un adolescent grandi trop vite.
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Après avoir lu ce récit, par plaisir je parcours à nouveau ce livre tant l'écriture d'Andreï Makine est superbe. Il sait si bien décrire les lieux et toutes ces personnes attachantes où se mêlent force et faiblesse.
Il nous entraîne vers cet éphémère "royaume arménien" où règne l'hospitalité, l'amitié, le dénuement. Malgré la pauvreté, iI nous offre une belle lumière, la richesse qui découle de ces conversations avec ces arméniens confinés dans ce quartier le "Bout du diable" subissant dans la dignité leur pauvre condition.
Vardan, Sarven,Chamiram, Ronine, Gulizar...sur des chemins d'exils qui ne laissent pas indifférent car aujourd'hui encore ce peuple est malmené.

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Ce que j'aime dans les livres d'Andreï Makine, c'est la mélancolie de son écriture. Il y a toujours au creux de ses phrases une nostalgie du temps qui passe, des temps lointains liés à son pays natal, même si, né en 1957 en Union Soviétique, cette nostalgie n'est en aucun cas le regret d'un régime politique dont il ne partageait pas les valeurs, loin s'en faut. Non, c'est une autre nostalgie qui naît du souvenir des paysages russes, des neiges hivernales ou des étés lumineux, de la steppe sibérienne, ou encore des visages à jamais perdus de vue.
L'auteur évoque ici un très court épisode du temps de son adolescence, lorsque son chemin croisa à Krasnoïarsk celui de Vardan, un jeune arménien de son âge qui fréquentait la même école. Il faisait partie d'une petite communauté arménienne qui s'était installée dans les faubourgs pauvres de la ville, pour soutenir par leur présence des proches incarcérés à proximité pour antisoviétisme. Après un jugement sans surprise, le "petit royaume d'Arménie" se disloqua et les deux amis ne se revirent jamais.
Ce livre est le récit d'une rencontre de hasard, qui fut, pour le narrateur habitué à l'univers rugueux d'un orphelinat, une parenthèse non seulement d'amitié, mais aussi de douceur auprès de gens chaleureux, et de découverte d'un monde de bonté naturelle, de sagesse, un monde d'une beauté ignorée jusque là.
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Redécouvrir l'histoire d'un lieu où dominait le mont Ararat (1) et qui maintenant symbolise ce pays.
L'Arménie, ce pays où le découpage historique du temps en vigueur en Sibérie :
« Avant 1017, les hommes croupissaient, successivement, dans l'horreur de l'esclavage, les ténèbres du moyen âge et l'enfer de l'exploitation capitaliste. Après 1917, l'histoire engageait une marche triomphale vers l'avenir radieux du communisme »,
n'a jamais eu cours, l'histoire en est beaucoup plus complexe.
Nous partons en Sibérie où à ce moment là, le profil de l'homme nouveau exigeait que l'on écarte tout ce qui pouvait exclure la perfection de ce futur héros, il fallait « être sain de corps, libre de toute ambiguïté intellectuelle, débarrassé des tares psychiques qui rongeaient les hommes du passé » … pas de fou, de déficient mental ou de déviant.
Nous découvrons avec l'auteur un quartier déshérité où essaie de vivre une communauté d'arméniens désireux de se soutenir les uns les autres, étant mis à l'index par le reste des habitants.
Un voyage dans la mémoire, dans les souvenirs et les émotions d'un temps qui s'est enfui.
Une écriture très littéraire, (trop ?), qui nous parle de raison là où peut être on aurait voulu ressentir de l'affection.
L'auteur choisit de passer à autre chose « en oubliant cette poupée aux mains jointes, sur une vieille photo prise en Arménie en 1913 » … je ne partage pas son sentiment … non … je souhaite continuer à vivre avec cette image car ainsi la petite fille qui tenait cette poupée continue encore et toujours de vivre …

(1)
Le mont Ararat est le sommet le plus élevé (5 137 mètres d'altitude) de Turquie.
Ce volcan au sommet recouvert de neiges éternelles se situe sur le haut plateau arménien, à l'est du pays.
Bien que le mont Ararat soit aujourd'hui situé en Turquie, il est le symbole national de l'Arménie.
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Presque tout est dit dans la première phrase du roman : "Il m'a appris à être celui que je n'étais pas." Et dans celle qui suit : "Dans ma jeunesse, j'exprimais ainsi ce que la rencontre avec Vardan m'avait fait découvrir de mystérieux et paradoxal derrière le manège du monde."
William Shakespeare disait : "Nous savons ce que nous sommes, mais nous ne savons pas ce que nous pouvons être". Mais il suffit parfois d'une rencontre pour le découvrir.
La rencontre a lieu dans une école de Sibérie centrale. Rencontre de deux jeunes garçons âgés de treize et quinze ans, tous deux marqués par la vie. Celui qui raconte est orphelin et l'autre, Vardan, un arménien atteint de la "maladie arménienne". Ce dernier et les siens se sont exilés pour être plus proches de membres de leur famille, prisonniers et déportés en Sibérie en attente de jugement. Ils habitent de façon précaire dans la partie du village dénommée le "Bout du diable" mais qu'ils appellent "Royaume d'Arménie". Un paradoxe, où les valeurs de leur pays d'origine et les traditions sont leur richesse et font leur unité, leur force. Un " bout du diable" où l'espoir règne, où le ciel est à portée de mains comme Vardan le montrera : "là, à notre hauteur, c'est le même air qu'au milieu des nuages, n'est-ce pas ? Donc le ciel commence à partir d'ici, et même plus bas, tout près de la terre – en fait sous nos semelles ! " Cette affirmation ouvre un horizon nouveau pour le jeune orphelin. Une rencontre, une amitié, qui feront être autrement et voir le monde différemment.
Vardan est de ces êtres qui vous révèle et vous hisse. A moins d'être ingrats, on ne peut les oublier. Jamais le narrateur n'oubliera Vardan et sa maladie destrctrice, ni les habitants du "Royaume arménien".
Marguerite Yourcenar a écrit : "Tous, nous serions transformés si nous avions le courage d'être ce que nous sommes." Progressivement, à travers notre contact au monde, aux autres, nous pouvons nous humaniser et devenir ce que nous sommes appelés à être en vérité. A condition d'ouvrir les yeux, de se laisser toucher.
Dans ce roman qui le touche de près, Andreï Makine, nous fait entrer dans la vraie lumière, celle qui brille dans le coeur des êtres courageusement humbles et authentiques. L'écriture est magnifique, mais ai-je vraiment besoin de le souligner ? Si peut-être, pour ceux qui ne connaîtraient pas encore Andreï Makine.
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Une découverte, ce récit initiatique, hymne à la tolérance et au respect de la différence, mais sans illusion sur la nature humaine. On est au coeur des sensations du jeune adolescent essayant de comprendre la signification de ce qu'il voit dans ce camp de nomades arméniens en Sibérie près d'une prison, jeune orphelin qui découvre la force des liens familiaux face à la barbarie de l'histoire.
Une leçon d'humanité très prenante et très émouvante malgré son pessimisme.
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L'ami arménien convoque une double nostalgie : celle de cette petite communauté arménienne pour son pays natal et celle de l'auteur pour son ami disparu qui souffrait de la « maladie arménienne ». Ce roman nous embarque en plein coeur d'une communauté exilée, certes pauvre, mais digne et ô combien riche de l'essentiel. Probablement parce qu'il est orphelin, le narrateur tel un papillon, est irrésistiblement attiré par la lumière et la chaleur qui émane de ce "royaume d'Arménie", de sa générosité et de son hospitalité. "Le bout du diable" est un lieu où l'histoire de l'Arménie ne meurt jamais, elle se transmet. À travers ce peuple déraciné et son ami, l'auteur va découvrir les horreurs que les arméniens ont subies. Il va découvrir aussi la solidarité, la fidélité avec Gulizar la soeur de Vardan, mais aussi la sagesse avec Sarven. Malgré l'oppression, le déracinement, leur misérable condition de vie, l'incertitude du lendemain, cette communauté offre une belle leçon d'humanité et d'espérance.

Quant à Andréï Makine, avec sa plume poétique, il rend un bel hommage à son ami disparu et aux siens, ces « copeaux humains, vies sacrifiées sous la hache des faiseurs de l'Histoire. » Un seul bémol, à vouloir poser sur son récit un voile de pudeur, l'auteur tient un peu le lecteur à distance, sentiment accentué en raison de son style d'écriture. Malgré cela, L'ami arménien est à lire pour ne pas oublier et pour la plume de l'académicien, Andréï Makine.
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Vous est-il déjà arrivé de croiser des gens qui donnent l'impression de ne pas appartenir à ce monde ? Des êtres lunaires, avec une vision si singulière de l'existence, qu'ils la traversent sans vraiment se prendre au jeu, en bouleversant vos certitudes au passage.
C'est ce genre de rencontre qu'évoque Andreï Makine dans "L'ami arménien". Plus qu'un roman, il s'agit là de souvenirs, d'impressions remontant à l'adolescence de l'auteur. Des souvenirs qui prennent place dans la Sibérie soviétique des années 1970. Et qui ont pour point commun Vardan, jeune arménien de quatorze ans, dont Makine s'est fait un ami. Vardan souffre d'une maladie congénitale. Peut-être est-ce elle qui lui a donné la précocité d'un sage. Ou bien est-ce le poids de ses origines ? Car à travers Vardan, c'est la condition de tout le peuple arménien que Makine va découvrir. Les maltraitances infligées par le régime soviétique, les douloureux stigmates du génocide. Mais aussi la chaleur de ce peuple, la dignité qu'il conserve malgré le dénuement, son hospitalité. La communauté arménienne sera comme une bulle de réconfort pour l'enfant Makine, alors orphelin livré à l'inhumanité des institutions.
D'abord tendre, quand il s'agit de raconter l'amitié adolescente, la figure presque prophétique de Vardan, le livre devient de plus en plus dur et amer face à la rudesse de la vie, l'injustice faite aux peuples.
Un petit ouvrage authentique, plein d'humanité, de réflexions et de drames.
Impossible d'oublier Vardan après une telle lecture.
Lien : https://mediatheque-lattes.f..
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Le narrateur est un jeune garçon qui vit dans un orphelinat, en Sibérie. Il se lie d'amitié avec Vardan, jeune arménien fragile, vivant dans la précarité avec sa communauté venue soutenir leurs proches emprisonnés non loin.
S'ensuit une belle histoire d'amitié mêlant blessure historique, déracinement, culture et loyauté. S'ensuit une histoire qui raconte les âmes blessées qui se retrouvent, se soutiennent parfois dans le silence, parfois dans la peine, mais toujours dans le partage.

Ce roman très émouvant est une ode aux déracinés, aux belles âmes qui survivent malgré l'injustice et un hommage aux oubliés.

L'auteur a une belle plume, riche, mature, poétique et mélodieuse. Il écrit avec intensité et profondeur, propose des descriptions qui transportent faisant de la culture arménienne un récit d'une grande beauté.

La violence et la précarité sont très présents dans cet ouvrage, ce qui le rend bouleversant.
On ne peut qu'être touché lors de cette rencontre littéraire qui décrit une amitié si sincère et qui est pleine d'humanité!

Finalement la finesse de la plume et la lenteur du récit sont deux éléments qui m'ont permis de me mettre en posture contemplative, chose qui m'a vraiment beaucoup plu!
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