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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
"Ce que je nomme pas, n'existe pas !" C'est un peu ça cette histoire colombienne que nous raconte Emilienne Malfato.
Changement de décor radical avec Que sur toi se lamente le tigre. Ici nous sommes en Colombie, où la guerre a sévit. Bien que l'accord de paix entre "eux" (ces narcotraficants, assassins qui ne sont jamais nommés clairement par peur des représailles) accord de paix, disais-je, soit signé avec le gouvernement en 2016, celui ci fait preuve de pacotille car soit tu fais partie des FARC soit tu vis avec une épée de damoclès sur la tête.
Emilienne Malfato connaît bien la Colombie et ses problématiques pour y avoir fait ses études, elle remonte ici le fil avec une enquête bien compliquée : comprendre pourquoi Maritza Quiroz Leiva, cette mère de 6 enfants a été assassinée le 5 janvier 2019. Comprendre pourquoi jusqu'à aujourd'hui son meurtre reste impuni alors qu'il a eu un écho retentissant.
Est-ce parce qu'elle était un leader social ? Est-ce parce qu'elle a participé au projet productif pour les victimes du conflit armé ? Est-ce parce qu'on la jalousait pour son lopin de terre ? E.Malfato a rencontré ses enfants et quelques protagonistes de l'époque mais, chacun à une version déformée, oubliée, édulcorée de cet événement.
E.Malfato s'adresse directement à Maritza, telle à une amie. C'est touchant et glaçant à la fois. Mais une fois de plus, E.Malfato confirme à quel point elle est intéressante à lire et même à travers cette enquête on retrouve sa plume poétique !
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Après des années d'insurrections sanglantes, gouvernement colombien et FARC ont signé la paix. Il y a seulement cinq ans. Les Colombiens l'ont-t-ils trouvée pour autant ? La réponse est non. Tristement non. Dramatiquement non.
Depuis cette date, des femmes et des hommes se battent pour les droits les plus fondamentaux : le droit à la justice, à la propriété, au respect, aux droits sociaux…
Depuis cette date, ces femmes et ces hommes, appelés “leaders sociaux”, font l'objet d'une répression meurtrière par les groupes paramilitaires colombiens.
Maritza Quiroz Leiva est l'une d'entre eux. Comment une femme de soixante et un ans en vient-elle a être assassinée de quatre balles à bout portant au beau milieu de sa finca, sous les yeux de son fils ?

Plutôt que de mener froidement son enquête de journaliste en géopolitique, Emilienne Malfatto prend le parti d'un récit intimiste. Il ne s'agit pas d'un documentaire sur les guérillas, sur les FARC ou sur les leaders sociaux.
Car qu'importent les causes si les conséquences sont humaines.
Nous lisons ici les confessions de la journaliste qui s'adresse avec humilité à son sujet. C'est à Maritza qu'Emilienne écrit, comme pour lui apporter enfin les réponses dont sa vie de fuites, de sacrifices et de souffrances l'a privée. Emilienne Malfatto lui confie combien cette quête de la vérité a été difficile à mener au beau milieu de ces terres du silence, où la méfiance est reine et où chacun cultive la discrétion. Elle révèle les étapes de son enquête et fait état des avancées aberrantes qui la jalonnent. Lecteurs impudiques nous lisons. Atterrés.

Emilienne Malfatto oscille entre un récit journalistique et cette lettre des plus intimes sans jamais perdre pied. L'émotion est palpable et le drame omniprésent.
A la manière de son premier roman, absolument terrible, “Que sur toi se lamente le Tigre”, ce texte est un nouvel hommage sensible et poétique aux combats résignés que mènent encore trop souvent les femmes.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Découvert grace à un concept ludique et réjouissant de "livre mystère" chez les Parleuses. le principe est simple : un livre (joliment) emballé, pas d'influence donc de la couverture ni de la 4e ... il faut juste prendre le risque (mesuré) faire confiance à sa libraire !

Petit livre très intéressant de la journaliste Emilienne Malfato, distinguée par le prix Albert-Londres, où elle mène l'enquête sur les meurtres de leader sociaux en Colombie, en choisissant intelligemment de la centrer sur un cas particulier, l'assassinat de Maritza, quelque part dans les montagnes qui bordent le Pacifique.

Dans cette chronique d'un meurtre annoncé, la vivacité de la plume d'Emilienne Malfato incarne d'une façon très concrète la peur et la violence dans laquelle la société colombienne est toujours piégée, malgré l'accord de paix avec les FARC. Une violence crue, omniprésente, entre les groupes paramilitaires et les gangs qui tiennent la production et le trafic de drogue, exercée par les petits caïds ou, plus subtilement maus aussi plus brutalement par les narcos les plus influents, qui gangrènent la société colombienne.
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Voici un très (trop) court récit qui nous parle de l'assassinat d'une femme en Colombie. Maritza n'était pas une activiste écologique mais c'était une femme de conviction et qui oeuvrait en tant que leader social. Et bien souvent ces meurtres ciblés restent impunis. Ce récit est une enquête qui cherche à comprendre pourquoi ce meurtre a eu lieu et qui était cette femme de 61 ans et mère de 6 enfants qui a péri un soir de janvier 2019 dans sa ferme.

J'ai trouvé cette enquête et cette immersion en Colombie très intéressantes. Mon seul (petit) bémol est que l'autrice s'adresse directement à la victime. Même si cette figure de style peut nous faire nous sentir proche de Maritza, cela m'a empêché de m'immerger totalement dans le récit.
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J'ai adoré cette enquête que Émilienne Malfatto choisit d'écrire comme si elle écrivait une lettre à Maritza, une des nombreuses victimes de cette « guerre » dont on ne sait rien chez nous.

Une missive où elle lui conte les avancées de son enquête. Emilienne Malfatto veut comprendre pourquoi Maritza a été assassinée si froidement. Qui a ordonné cette exécution car c'en est une. Qui sont le/les commanditaires ?

Je n'ai pas posé mon livre avant d'avoir lu les 135 pages.

J'ai été intéressée par l'histoire de Maritza, je me suis sentie très proche de l'autrice et de Maritza sans doute grâce au procédé d'écriture.
Elle tutoie Maritza, elle te parle, tu ressens tout. Les espoirs, les doutes, la peur, les non-dits, la peine de sa famille, tout, tu sens tout. Tu ressens tout, tu observes tout.




Mon avis :

Deux claquements secs, deux coups de feu.
Un corps qui s'affale.
Les cartouches vides tintent en tombant.
Ça s'est fini comme ça et cela commence comme ça.

Quatre balles dans le corps. À plat ventre sur les pentes de la Sierra Nevada de Santa Marta, ces montagnes qui plongent dans la mer caraïbe, là où vivent les Indiens et nichent les aigles, où poussent les plantes sacrées et celles qui rendent les hommes fous.
Là où cette histoire a commencé 15 ans auparavant.

Maritza était au départ un point sur une carte, une statistique dans un tableau sur les assassinats de leaders sociaux.
Un leader social est un terme très utilisé en Colombie, il désigne toute personne qui se consacre à La Défense ou la promotion de droits.
Les siens, une communauté, de l'environnement, de travailleurs, etc.
Quiconque, en Colombie, se met en travers de puissants, ou de leurs intérêts économiques (narcotrafic, grands projets agricoles ou miniers, etc.) est éliminé.
Il y a trop d'argent en jeu pour que la vie humaine fasse le poids.

Revenons à Maritza.
Émilienne Malfatto connaît sa fin.
Son assassinat le 5 janvier 2019.
L'autrice retrace le récit d'une vie à travers les témoignages de sa famille.
Elle a déroulé les liens familiaux comme une pelote de laine.
Elle a rencontré ses enfants, son frère, sa mère.

« En 2016, 97 leaders sociaux ont été assassinés. En 2017, 149. En 2018, 172. Et en 2019, 250. En mathématiques, on appelle ça une croissance exponentielle. On pourrait aussi appeler ça un massacre. »




Une enquête dans la Sierra là où on peut toucher les nuages.
La réalité qui t'est racontée n'a rien d'un rêve.

La Colombie le pays des trésors indiens, des villes perdues et des jaguars.
Un paradis perdu.
Une vallée où l'on croit au présage et au mauvais oeil.
Des terres disputées par les narcos trafiquants ; les guérillas et les farcqs

Lentement, très lentement, l'autrice déroule le fil.
De discussions en rendez-vous manqués, de mensonges en silence.
Elle a rencontré les collègues, les amis.
Tous semblent dire « tous menteurs sauf moi »
qui dit vrai ?
Qui ment par intérêt ou par peur de représailles ?

Émilienne Malfatto va faire face à une omerta, un casse-tête.
Elle va se heurter à des paradoxes, des versions contradictoires et des mensonges, des omissions volontaires ou non.
Rien n'est clair.
Rien n'est précis, rien n'est sûr, même pas sa vie !
La vérité s'échappe dans cette jungle tropicale.

« Je n'établirai pas la vérité, et justice ne sera probablement jamais faite. Et tu tomberas dans l'oubli. Une pierre tombale dans la touffeur des tropiques. Une ligne de plus dans les registres d'un État corrompu. »

L'enquête, la lettre que Émilienne Malfatto écrit à Maritza n'empêche pas la poésie de l'autrice. J'ai adoré découvrir cette plume visuelle, une prose que l'on n'en rencontre pas souvent et qu'on ne s'attend pas du tout à croiser dans un récit d'enquête.

Emilienne Malfatto avec ce texte donne une voix à ces oubliés, elle leur rend hommage, ici elle, ils ne sont plus uniquement une statistique, un chiffre en bas de rapport.

J'ai été révoltée par ce que j'ai lu, je me suis depuis évidemment un peu plus renseignée et je t'invite à faire de même.
Soit en lisant ce texte soit en fouillant sur le net.

Lien : https://unesourisetdeslivres..
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En lisant ce... reportage ? Récit de la vie et de la mort de quelqu'un d'autre. J'ai pensé à cette BD que j'ai lu il y a peu "Prison n°5" de Zehra Dogan et qui abordait la question des Kurdes en Turquie. Quand on lit ce genre de livre, quand on se prend en pleine face des réalités qui sont si loin de celle que nous connaissons au quotidien, on se demande si c'est le même monde que nous partageons, on se demande comment on peut avoir la chance insensée d'avoir la vie si facile (et pourtant !) tandis que d'autres vivent dans une misère noire et n'ont pas le droit ne serait-ce que d'élever la voix.
La situation en Colombie est dramatique, la vie humaine ne représente rien, celle des femmes encore moins. le patriarcat et la corruption (la dernière découlant de la première) font des ravages que rien ne semble pouvoir arrêter. Je me demande ce que signifie le mot "humanité", quel sens lui donner en lisant la vie de Maritza ? Assassinée pour rien, sans que jamais justice ne lui soit rendue. Quel sens donner à "l'humanité" en croisant la route de personnage comme "El Patron" ? J'ai le sang glacé en lisant que cet homme règne sans partage, dans la violence sur toute une zone de la sierra nevada, qu'il est responsable de dizaines et de dizaines de viols, dont sont issus ses enfants qui aujourd'hui l'aident à entretenir le règne de violence qu'il a instauré. Dans quel monde vivons nous pour que rien ne soit fait contre ce système ? Il a purgé une peine de 8 ans aux états-unis pour des faits de drogues, les crimes contre l'humanité n'ont pas été retenus (!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!????????????)
Je SAIS, je SAIS que ça existe, c'est comme un lointain cauchemar, quelque chose dont on parle vaguement de temps à autre mais qu'on croit (qu'on espère plutôt) d'un autre âge, en perdition.
Et je me demande pourquoi on n'entend pas plus parler de ces exactions, pourquoi est-il toujours question de ce qui se passe dans les pays arabo-musulmans ? Est-ce parce que ces monstres qui commanditent meurtres et viols sont de bons chrétien ?
Je suis écoeurée de ce monde. Effrayée aussi. Mais eh, ce n'est qu'une femme de plus qui meurt sous les coups du patriarcat. Pas de quoi en faire un plat.
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