AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4

sur 86 notes
5
11 avis
4
16 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En choisissant d'enquêter sur l'assassinat de Maritza Quiroz Leiva, survenu le 5 janvier 2019, Emilienne Malfatto, journaliste française indépendante, va se confronter à l'histoire trouble de la Colombie. Un pays connu pour avoir été durant longtemps le premier producteur mondial de cocaïne et où le narcotrafic fait, aujourd'hui encore, la loi. Un pays ravagé par la violence et la corruption, dans lequel guérilleros et paramilitaires se livrent une guerre sans merci, sans se soucier des victimes collatérales à leurs conflits d'intérêts. Un pays où une vie humaine se monnaie à hauteur de cinq cent mille pesos, soit 114€, et où une simple délation peut suffire à éliminer un rival ou un voisin mieux loti…

Dans un pays gouverné par le chaos, où rien ne semble avoir de sens, difficile de comprendre toutes les motivations qui peuvent conduire au meurtre… Ainsi, lors de l'assassinat de son mari Alvaro, en juin 2004, Maritza n'a d'autre choix que de fuir “El Encanto”, sa maisonnette perdue au coeur de la Sierra Nevada, avec ses 6 enfants, devenant alors “une déplacée par la violence”, une victime du conflit armé. Elle trouve refuge à Santa Marta, dans sa belle famille, un refuge tout relatif dans lequel s'exerce une autre forme de violence, celle administrée par celui qui se sait en position de force et qui vous laisse encore plus démuni…

Mais, en femme battante et courageuse, Maritza parviendra à s'extraire de sa condition miséreuse pour se lancer, plus tard, dans un combat visant à protéger les victimes, comme elle, du conflit armé et plus particulièrement les femmes. Elle deviendra “leader social” et fera entendre sa voix en dépit du danger. Est-ce ce nouveau statut qui a motivé son assassinat ou une parcelle qui faisait des envieux, ou encore une présence gênante pour le narcotrafic? C'est ce qu'Emilienne Malfatto tente de démêler dans ce récit enquête glaçant mais ô combien passionnant!

Le texte est très court (123 pages) et se lit d'une traite. Dans un pays où règne la loi du silence et où un mot malheureux peut coûter la vie, la journaliste d'investigation va se heurter à la peur, aux faux témoignages voire au mutisme des témoins potentiels. L'enquête sera laborieuse et périlleuse mais pas sans résultats, même si un certain nombre d'interrogations demeurent. Un récit courageux et nécessaire, qui aura au moins le mérite de permettre à Maritza Quiroz Leiva et à son combat de ne pas tomber dans l'oubli. Emilienne Malfatto a reçu le Prix Albert-Londres en 2021 pour son texte.
Commenter  J’apprécie          330
Passant du félin aux reptiles, Emilienne Malfatto en profite pour changer de continent et nous plonger, avec Les Serpents viendront vers toi, dans la Colombie des FARC et autres factions rebelles.

Un pays que l'auteure connaît bien pour y avoir vécu et étudié. Un pays dont elle voit les contrastes s'amplifier chaque année, entre la Colombie des plages privées pour touristes jet setters huppés, et celle des quartiers de réfugiés où s'entassent ceux qui fuient l'insécurité et la violence de la jungle et des montagnes.

Car la trêve conclue il y a six ans avec les FARC n'a pas éteint toutes les rancoeurs. Loin de là. Elle a au contraire réveillé l'esprit de vengeance et les appétits des multiples groupuscules qui voient dans cette paix apparente, une occasion de se faire une place au soleil.

Au milieu de cet équilibre impossible, il y a la population pour qui aucun choix n'est facile : soutenir les FARC, les guérilleros indépendants ou les forces armées gouvernementales, c'est prendre le risque de se faire tuer par le camp opposé. Rester neutre, c'est être immédiatement suspect de ne pas l'être. Pour un risque identique.

C'est tout un peuple qui vit ainsi dans la peur, et quelques-uns qui tentent de se sortir de cette équation sans solution, devenant des « leaders sociaux « pour le grand public et des cibles à faire taire pour les factieux.

Grand reporter et romancière, Emilienne Malfatto choisit de conjuguer ses deux talents dans un même livre, nous emmenant sur les traces de Maritza, lâchement assassinée à la porte de sa maison pour avoir juste voulu faire valoir ses droits à un peu de terre. À un peu de stabilité. À un peu de paix.

Reportage densifié et stylisé, Les Serpents viendront vers toi est rédigé comme une adresse directe et poétique à Maritza, et comme un questionnement sans toujours beaucoup de réponses, de 130 pages.

Le plaisir de retrouver le style élégant d'Emilienne Malfatto et l'intérêt politique et sociétal de son enquête sont bien là. L'empathie et l'émotion vis-à-vis de Maritza et des siens, un peu moins, me laissant en partie à distance du livre, comme gêné dans cet entre-deux éditorial un brin frustrant. Mais avec l'envie profonde d'en savoir davantage sur cette « guerre qui ne dit pas son nom ».
Commenter  J’apprécie          332
Les serpents viendront pour toi, un titre qui résonne comme une funeste prédiction...

Je lis habituellement peu de livres de non-fiction, mais cet ouvrage a retenu mon attention lors de la dernière opération masse critique de Babelio pour deux raisons :
- d'abord car il a été écrit par Emilienne Malfatto, l'auteure de « Que sur toi se lamente le Tigre » qui a reçu le prix Goncourt du Premier Roman et qui a fait l'objet de très belles critiques de la part de certains amis babéliotes,
- ensuite car le thème abordé, l'assassinat des « leaders sociaux » en Colombie, m'était inconnu, et j'étais curieuse d'en apprendre davantage à ce sujet.

Car en Colombie, malgré l'accord de paix conclu entre les FARC et le gouvernement en 2016, des centaines de leaders sociaux, (responsables associatifs, travailleurs sociaux, syndicalistes... ou pour reprendre la définition de l'auteure : « toute personne qui se consacre à la défense ou à la promotion de droit ») sont assassinés chaque année sans que les responsables soient retrouvés ou condamnés. Ces vies brisées semblent avoir bien peu de valeur aux yeux des autorités qui tentent de minimiser ce phénomène : « En décembre 2017, le ministre de la Défense a déclaré publiquement que l'immense majorité des assassinats de leaders sociaux étaient le résultat de disputes de voisinage et d'affaires de jupons ».

Pour incarner toutes ces victimes qui meurent dans la quasi-indifférence et qui retombent aussitôt dans l'anonymat, ne représentant qu'un numéro parmi les statistiques, Emilienne Malfatto a choisi de raconter l'histoire de Maritza, assassinée en 2019 dans sa ferme perdue au milieu de la jungle de la Sierra Nevada. L'auteure va mener une enquête minutieuse au plus près du terrain, en visitant les lieux dans lesquels elle a vécu et en rencontrant ses proches, les personnes qui l'ont côtoyée, et peut-être même son meurtrier, pour tenter de démêler les fils de cette histoire et comprendre les raisons de ce meurtre révoltant.

A travers cette enquête, l'auteure nous fait découvrir le contexte politique complexe de ce pays. Si depuis la fin officielle du conflit avec les FARC, certaines villes côtières de Colombie sont devenues une destination prisée des touristes, derrière l'image de carte postale et de sécurité apparente, se cache une réalité plus sombre.

De son écriture à la fois sobre et percutante, Emilienne Malfatto dépeint cet univers de violence dans lequel la population se retrouve prise en étau entre les FARC et les paramilitaires. Un monde dans lequel les narcotrafiquants règnent en maîtres, et dans lequel la recherche de la vérité peut s'avérer dangereuse.

Merci à Babelio et aux éditions les Arènes pour cette lecture puissante et poignante.
Commenter  J’apprécie          257
La ferme.
Je suis restée bloquée sur ce mot tout au long de la lecture. Avec un point d'exclamation à sa suite, l' expression prend un tout autre sens... et pourtant c'est ce qui a été. On t'a fait taire Maritza. Pourtant la ferme était tout ce que tu voulais. C'était à peine une ferme, « une masure de béton et de bois perdue » un lopin de terre pour avoir un toit et y nourrir tes enfants après tant de souffrances. La ferme s'est refermée sur toi. En pleine nuit. Deux coups de feu.
Un récit hommage au courage des femmes. Celui d'une mère, celui d'une journaliste qui ne veut pas que cette mère soit à jamais oubliée, en Colombie et par-delà les mers. Maritza, aujourd'hui je connais une partie de ton histoire. Une page se referme, pas l'espoir. Il en faudra tant que la drogue aura plus de prix que la vie humaine, que les hommes privilégieront la violence à l'amour.
« Là-haut, depuis cette maison d'où on a la sensation de dominer le monde, j'ai pensé que, peut-être, les gens pouvaient changer. »
Commenter  J’apprécie          242
Son premier roman "Que sur toi se lamente le tigre" avait été un véritable coup de foudre. Je n'ai pas hésité un instant – et sans même savoir de quoi il parlait – à choisir sur la table de mes libraires ce nouvel ouvrage d'Emilienne Malfatto, au titre énigmatique, "Les serpents viendront sur toi". le plaisir de lecture fut au rendez-vous.

"Ce récit est le résultat d'une enquête menée à l'automne 2019…Depuis, certaines choses ont changé.", annonce l'auteure en postface. C'est donc bien d'une enquête qu'il s'agit, "une histoire colombienne" comme indiquée sur la couverture. Un récit en forme de lettre adressée à Maritza Queroz Leva, assassinée le 5 janvier 2019, dans sa maison "sur les pentes de la Sierra Nevada de Santa Marta". Elle était "leader social".

L'auteure enquête, rencontre les enfants de cette femme tombée sous les balles, mais aussi la guérilla des FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie) ou plutôt "ex-guérilla" depuis 2016, date à laquelle est signé l'accord de paix avec le gouvernement. Elle entend alors parler du Vieux, ou encore "El Patrón", Hernán Giraldo…le coupable ? Allez savoir ! Elle se rend vite compte qu'elle n'avance guère dans la résolution de ce crime non élucidé et doit se contenter d'émettre des hypothèses. Elle remonte l'histoire, visite les lieux de vie de Maritza, interroge sans fin.
D'une écriture simple, directe, vive, journalistique, ponctuée de passages empreints d'une grande poésie, Emilienne Malfatto nous raconte la Colombie, la violence des narcotrafiquants, des rebelles et des paramilitaires. Elle nous relate des chiffres, ceux des morts mais aussi des "déplacés internes", ceux qui ont tout perdu, à qui l'Etat a failli, qui fuient et terminent généralement dans les bas-fonds des grandes villes...qui, en 2004, représentaient officiellement plus de trois millions de Colombiens – plus de 7 % de la population de l'époque."

Un ouvrage à la fois littéraire, poétique, historique, politique et d'un grand intérêt qui met en lumière la Colombie, les défenseurs des droits humains et rend hommage à ceux dont les crimes n'ont toujours pas trouvé leurs coupables.
Commenter  J’apprécie          160
Bienvenue en Colombie. Les FARC, les narco trafiquants, les paramilitaires, autant de groupes s'y disputent les terres, les richesses.

Face à eux, des civils tentent de s'en sortir. Ils y parviennent, parfois, pour un temps. Car les assassinats sont légions surtout quand on a le tort d'être considéré comme un leader social, ou comme quelqu'un qui veut faire valoir ses droits.

Maritza était veuve, avait 61 ans et six enfants. Elle mourut assassinée sur le pas de sa porte, le plus jeune de ses fils caché sous son lit, ne s'en sortant que par miracle.

Émilienne Malfatto décide de mener l'enquête, de remonter le fil de la vie de cette femme pour comprendre, trouver pourquoi la mort l'a frappée.

Comme la journaliste, l'on se retrouve happé par la violence endémique de ce pays. Par une sensation qui s'accroche aux pages d'une violence qui semble sans fin.

D'un pays en guerre même si les FARC ont déposé les armes, d'un pays où l'on ne peut s'exprimer à haute voix et librement sur certains sujets.

Pourtant une grande humanité se dégage de ce livre car Émilienne Malfatto réussit à faire vivre Maritza, son mari et ses enfants. Leur force et leur dignité, leur souhait de vivre tout simplement une vie paisible, tranquille.

Un souhait si humble mais parfois juste impossible à atteindre.

La journaliste montre ici, encore, son talent pour rendre une voix, un visage à celles et ceux que l'on voudrait faire taire.

Un livre que je vous recommande.
Commenter  J’apprécie          80
Bonsoir, ma lecture finie je viens vous en parler. E.Malfatto nous fait par de son enquête sur l'assassinat de Maritza,mère de 6 enfants vivant en Colombie. Enquête très bien menée et écrite comme une lettre à Maritza. Mais une question se pose pourquoi cette mort??? Malheureusement n'oublions pas que nous sommes en Colombie !!! Qui dit vrai?? Qui se vante?? Les on dit??? Des jalouses?? J'ai bien aimé l'écriture mais je reste sur ma fin!!!(c'est un clin d'oeil) mais ceci n'est que mon avis personnel comme d'habitude
Commenter  J’apprécie          71
J'ai acheté ce livre souhaitant retrouvant l'écriture de cette auteure que j'avais découvert avec Que sur toi se lamente le tigre.
Ici c'est un style différent, celui d'une enquête, d'une enquête journalistique dont le sujet est la Colombie et les meurtres en série qui touchent les leaders sociaux.
J'ai appris beaucoup de choses sur ce pays, sur ces crimes qui restent impunis.
C'est glaçant et réel ce qui rend le sujet effrayant.
L'écriture est incisive et on suit pas à pas le déroulé des recherches de l'auteure avec en parallèle sa propre vie.
Une lecture riche et très intéressante.
Commenter  J’apprécie          60
Après le succès du premier roman d'Emilienne Malfatto, Que se lamente le tigre, Prix Goncourt du Premier roman 2021, c'est avec impatience que je me suis plongée dans son nouveau livre. Un essai qui emmène cette fois-ci le lecteur, en Colombie.

Journaliste, L'auteure enquête sur l'assassinat de Maritza, mère de six enfants et nous raconte le destin tragique d'une famille colombienne dans un pays où se mêlent groupes armés, narcotrafiquants et mafieux.

Un récit court abordant un sujet rare et percutant sur la situation des leaders sociaux qui sont tués en toute impunité et dont les coupables ne sont jamais inquiétés. Omerta, peur, menaces, la violence sévit dans ce pays sur fond de trafic de cocaïne. Des meurtres commis dans l'indifférence totale.

Une lecture édifiante dont la belle écriture et sensible de l'auteure m'a embarquée dès les premiers mots. Un ouvrage donnant la voix aux victimes et dénonçant des actes intolérables présents encore de nos jours.
Lien : https://leslecturesdeclaudia..
Commenter  J’apprécie          40
C'est ici une enquête journalistique menée par Émilienne Malfotto, journaliste spécialisée de l'Irak et de l'Amérique du Sud. Un fait divers en Colombie, l'assassinat de Maritza, leader sociale, va attirer son attention. le nombre d'assassinats de ce genre ne fait qu'augmenter en Colombie malgré la dissolution officielle des groupes paramilitaires en 2016.

Son récit est écrit comme une lettre adressée directement à Maritza. Lettre dans laquelle elle lui raconte les avancées de son enquête durant laquelle elle va essayer de connaitre les raisons de cet assassinat et le nom du commanditaire. On est confronté à la misère et à l'ultra violence de ce pays où la beauté des paysages ne peut atténuer la peur perpétuelle ressentie par les habitants.

Le danger est partout, tout le temps mais j'ai trouvé ce livre passionnant. Ce n'est pas un documentaire sur la Colombie, même si le pays devient personnage, mais une lecture riche, empathique et pleine d'émotion envers la victime et ses enfants (dont il aura fallu changer les noms pour leur sécurité). À découvrir absolument.

Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (207) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1728 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}