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4,31

sur 804 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Trois étoiles pour le triste hommage rendu aux femmes, victimes éternelles dans trop de pays où les pratiques criminelles des hommes, validées par la famille tout entière, malgré les réticences et les larmes de quelques-uns, leur promettent un avenir de malheur au moindre écart de lois vides de tout sens.

Pas de sens humain dans ces lois, pas de sens religieux surtout si l'on se réclame d'Allah ou Dieu, c'est le même, pas de sens du tout finalement quel que soit l'angle sous lequel on regarde ces martyres d'une civilisation sans amour et sans pitié.

Dans ce livre, c'est le fleuve Tigre qui regarde et se lamente, à travers quelques strophes poétiques qui apportent plus que le texte assez pauvrement rédigé par Emilienne Malfatto. Si la structure est cohérente en faisant parler et réagir tour à tour les membres de la famille et la victime elle-même jusqu'au dernier moment, c'est le côté littéraire auquel j'ai trouvé de nombreuses carences, des constructions grammaticales incorrectes, un manque d'énergie. Peut-être ce dernier était nécessaire pour traduire l'inaction de la famille, de la mère, du frère cadet, devant le drame qui va détruire la soeur qui n'a pourtant commis aucune faute divinement ou humainement répréhensible dans un acte d'amour consenti, encore une fois pour faire plaisir à l'homme malgré les risques découlant de cet acte puni par une loi inique lorsqu'il n'est pas accompli dans le respect de règles insensées.

Au final, hélas, rien de vraiment porteur dans ce texte hormis les lamentations du Tigre.
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Voilà bien des prix et des éloges pour ce court texte qui a même l'honneur (tout est relatif) de paraître dans une édition scolaire. Bon. C'est compliqué d'être critique vis à vis d'un récit qui coche toutes les cases - et il est sans doute bon que des élèves en prennent connaissance. Mais, cela étant posé, peut-on dire qu'il s'agit de littérature?
Il y a clairement une certaine ambition de ce côté-là: polyphonie, mise en perspective (les salauds aussi sont humains), prosopopée (ouais, y'a un fleuve qui cause, quoi) extraits de L'Épopée de Gilgamesh, référence à la tragédie classique (la mort de l'héroïne est inéluctable) ou plus exactement, d'ailleurs, au revival de la tragédie porté par les dramaturges de la 2de guerre mondiale, la prise de parole des différents personnages me faisant irrésistiblement penser au prologue d'Électre, la pièce de Giraudoux.
Mais une fois qu'on a dit ça, il n'en reste pas moins que le texte de Malfatto enfonce consciencieusement les portes ouvertes: la guerre, ça tue; les sociétés patriarcales, ça opprime; les crimes d'honneur, ça existe.
Non seulement le livre ne dit rien d'autre que ce qu'il dit, mais encore il ne dit rien de plus que ce qu'on peut trouver dans n'importe quel reportage sur le sort des femmes au Moyen-Orient.
Donc c'est ça qu'on lit et pas Chahdortt Djavann -moi, la première. Quelle tristesse.
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"La mort est en moi. Elle est venue avec la vie".
Cette vie qui n'a pas de prix.
Moins qu'un chien et plus que rien.
Même si rien, c'est quand même quelque chose.
Il est court ce livre d'Émilienne Malfatto.
Comme un constat.
Sujet, verbe complément.
L'essentiel est dit et bien dit.
"‌Dans ce pays de sable et de scorpions, les femmes payent pour les hommes".
Aujourd'hui encore !
Ici comme ailleurs....
et jusqu'à quand ?
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Emilienne Malfatto a obtenu le prix Goncourt du premier roman pour "Que sur toi se lamente le Tigre"

Dans une alternance de poésie et des points de vue en prose de tous les membres d'une famille irakienne et du fleuve pluri-millénaire Tigre, l'auteure aborde l'abominable guerre qui met fin aux vies des enfants, des femmes et des hommes à chaque coin de rue et le redoutable sens de l'honneur qui exige le sacrifice des femmes qui portent la vie sans être mariées.

On ressent une connaissance intime du monde irakien et la force poétique de ce court roman est inspirée.

Cependant je l'ai moins aimé que "Le colonel ne dort pas", injustement sans doute du fait de son thème : l'abomination de la guerre, la grande souffrance des femmes soumises aux violences des hommes qui vont jusqu'au meurtre de sang froid sous des prétextes d'honneur familial (l'assassinat, lui, ne semble pas déshonorer), sont tellement évoquées sans résultat dans les littératures actuelles, que la nausée prend à lire ces lignes évoquant toujours la même brutalité masculine, la même apathie féminine, chacun pris dans un étau qu'il ne peut apparemment pas desserrer.

Mais ce qui surprend toujours, c'est l'absence apparente de culpabilité des hommes, les hommes en tant que sous-groupe social, ceux qui se taisent face aux exactions de leurs semblables. Comme si être un homme exonérait de la honte du sang versé.


Le paléoanthropologue Pascal Picq, dans son dernier ouvrage, "Et l'évolution créa la femme" (2020) précise : « Les mâles de notre espèce sont parmi les primates les plus violents envers leurs femelles, les femmes (...) le contrôle des femmes et leur coercition s'aggravent avec la recherche de statuts sociaux chez les hommes, notamment plus âgés. »

Si au moins on ne témoigne pas sans relâche pour ne pas oublier les fléaux engendrés par l'exercice de la violence et prendre conscience nous-même de la fragilité de nos propres acquis, de quoi témoignerions-nous d'autre ?

Bravo donc à Emilienne Malfatto !
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En Irak, dans certaines régions rurales, porter la vie condamne à mort.
Elle l'a su, dès qu'elle a ressenti les coups sous la peau tendue de son ventre.
Elle, la presque fiancée. Celle qui a partagé un moment avec l'homme qu'elle aimait, celui qui lui était destiné. Sa famille avait accepté, ils ont juste pris un peu d'avance. Un moment douloureux, avant qu'il ne parte à la guerre. Un moment sans plaisir qui lui ôtera toute chance de survie dans un pays qui fait faner les femmes.
Mohamed est mort, une victime de plus de la guerre qui ravage le pays. Une victime qui emportera avec elle celle qu'il aimait et leur futur bébé.

Ce court roman, distingué par le Goncourt du premier roman, alterne les points de vue : ceux de la famille, de la jeune fille puis du fleuve. le tigre, témoin depuis des siècles de la barbarie de l'homme.

Les courts poèmes qui ponctuent le récit empruntent la voie du fleuve et narrent l'épopée de Gilgesh. Ils sont sont beaux. Cruels.

Je mets par contre un gros bémol au récit en lui même. Froid, sans vraiment d'apport sur la construction des personnages, leur point de vue ou leurs émotions.
J'ai un goût d'inachevé en bouche, un soupir au bout des lèvres.
Dommage …
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Nul doute que pour un premier roman, c'est une véritable réussite qui tient surtout à sa concision (pas la peine d'en rajouter) et son modernisme dans la forme (citations, récit et interprétation par chacun des personnages).
Bien joué! Sa brièveté fait qu'on n'a pas le temps de s'ennuyer ni même de lui trouver des défauts.
Enfin, comparaison n'est pas raison mais sur un sujet similaire, le voyage au bout de l'enfance de Rachid Benzine m'a plus touché.
C'est pourquoi je vous conseille la lecture des deux !
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"Dans ce pays de sable et de scorpions, les femmes payent pour les hommes".

Elle, celle qui n'a pas de nom, parce qu'elle est toutes les femmes, d'ici ou d'ailleurs qui plient encore sous le joug de l'homme, des traditions. Elle qui ne s'appartient pas parce qu'elle est l'ombre. Elle, qui va payer de sa vie parce qu'elle n'a pas dit non au désir d'un homme, un homme qui avant de mourir voulait jouir, posséder.
Rien ne viendra changer le sort qui lui est réservé.

Un roman très court, mais percutant.

"Nous naissons dans le sang, devenons femmes dans le sang, nous enfantons dans le sang. Et tout à l'heure, le sang aussi. Comme si la terre n'en avait pas assez de boire le sang des femmes."

"Dans cette famille, une femme déshonorée est une souillure que seul le sang peut laver. On jettera des pelletées de sable sur son corps et sur son souvenir, on l'oubliera au vent du désert et aux pluies de décembre, jusqu'à ce que tous, nous puissions prétendre qu'elle n'a jamais été."
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"Que sur toi se lamente le Tigre" le premier roman d'Emilienne Malfato est une très belle découverte.
Un récit court, mais les 80 pages suffisent à nous plonger dans l'histoire de l'Irak et de cette jeune femme, scellée par son destin: la mort.
En ayant commis une relation hors mariage elle sait qu'elle a commis l'irréparable, on découvre comment les membres de sa famille vive le drame car ils racontent tour a tour leurs ressenti.
Les récit de l'épopée de Gilgamesh et le fleuve du Tigre nous accompagne le long de l'histoire, c'est d'ailleurs se dont j'ai le moins compris au récit car j'ai eu du mal à interpréter le sens des récits en italique avec le cour de cette histoire.
Ce roman reste tout de même très poignant
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Que sur toi se lamente le Tigre fait passer un message fort, il nous décrit la dureté d'un monde où le poids de la tradition est insupportable; tout le monde le sait, et pourtant tout le monde se conduit de la manière dont on s'est conduit dans ce pays depuis des siècles.
Le message est précieux, car il est important d'ouvrir les yeux de ceux d'entre nous qui ignore ce qui se passe dans le reste du monde. Mais le style est lourd, et qu'est-ce qu'on s'ennuie en lisant ce livre !
Je ne recommande pas cette lecture, même s'il a le mérite de mettre en lumière un sujet dramatique mais oh combien réel
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Le délit de grossesse

« Que sur toi se lamente le Tigre » de Emilienne Malfatto est une histoire qui se passe en Irak, elle va nous raconter l'histoire d'une jeune fille tombée enceinte avant le mariage, un délit punit de mort dans son pays. Pendant cette lecture nous allons avoir le regard et l'avis de différents personnage de son entourage, leur ressentit ou encore des moments de leurs vies.
Malgré le fait que l'histoire raconte la vie personnelle de cette fille, ce livre nous décrit aussi la place de la femme et de l'homme dans ce pays, la souffrance installé par la guerre, la peur devenue omniprésente...etc

Le fait que ce roman traite d'un sujet si sensible, avec un schéma d'écriture peu banal est plutôt intéressant. Pourtant je n'ai pas particulièrement apprécié les poèmes assez abstraits qui se trouvent entre chaque interventions de personnage. de plus je trouve qu'il aurait été intéressant de plus détailler comment se sentait cette femme dans son pays, au lieu de d'écrire chaque histoire de chaque personnages. Quand j'ai finit le livre j'ai été frustrée de ne pas avoir eu plus de détails. Comme ci on racontait une histoire mais en restant à la surface.

Je ne pourrais pas donner un moment marquer en particulier, mais plutôt plusieurs, par exemple quand cette femme apprend être enceinte et que nous nous rendons compte que même le médecin ne peut rien faire contre son exécution, apprendre qu'elle n'a plus de maris, un enfant qui ne va sûrement jamais voir le jour et aucun membre de sa famille pour réellement la soutenir. Tous ces éléments m'ont fait ressentir comme privilégiée d'habiter dans un pays comme la France, où une femme peut avorter, tomber enceinte sans être marier ou pleins d'autre situation qui serait punit de mort en Irak.

L'histoire est racontée par plusieurs personnes, chacune va parler comme si ils se décrivaient et raconter leur propre histoire mais c'est cette jeune femme tomber enceinte sans être mariée qui est la personnage principal et de qui nous allons avoir le plus de détails sur son parcours de vie.
Sa belle soeur, Baneen, est une épouse soumise qui répond aux besoins de son mari, Amir (frère de notre personnage principal) sans se plaindre. Amir au contraire de son petit frère Hassan, est autoritaire et doit faire appliquer les règles aux femmes de la maisons, rongé par la guerre où il a perdu un de ses meilleurs compagnon, Mohammed. Layla est la petite soeur de la famille, innocente, celle qui devra faire comme si sa soeur n'avait jamais existé après sa mort.
Et pour finir Mohammed, celui qui a donné la vie à notre héroïne et sans le vouloir, sa mort puisqu'il n'est plus là pour elle, mort à la guerre.

Comme je l'ai dit au dessus en lisant ce roman, je me suis sentie privilégiée mais aussi j'ai ressentit la souffrance de cette femme, cette sensation de vide et d'incapacité à pouvoir se rebeller contre sa propre famille. C'est ce qui nous donne envie de venir la sauver de ses règles qui ne prônent que l'honneur.
Ensuite cette oeuvre est accessible a tout publique adolescents et adultes, mais je pense qu'il faut apprécier la lecture assez poétique. Cependant elle peut pousser les lecteurs a vouloir d'avantage en savoir sur ce pays où tout est tu, se qui et intéressant.


En conclusion le sujet de se livre est très intéressant et les sentiments que l'autrice réussit à nous transmettre sont très touchants. Cependant je trouve dommage qu'autant de personnages apparaissent dans un si petit ouvrage, se qui fait que nous n'avons pas vraiment le temps de s'imprégner de leurs histoires.

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