À Bodnath, les tempo (sortes de camionnettes à trois roues qui fonc-tionnent à l’électricité), les motos, les habitants, les vaches, les chiens se croisent dans un vacarme serein. La mélodie de klaxons n’est pas perçue comme une invective mais comme un véritable langage. Les rétroviseurs sont des accessoires inutiles aux yeux des Népalais qui se servent avant tout de leurs oreilles pour interpréter les situations. Hé-ritage de l’Empire britannique en Inde, imité au Népal, la circulation se fait sur la gauche de la chaussée.
C’est bien la seule règle qui semble être en vigueur. Toutefois, elle reste tributaire des trous et des passages boueux (le goudron se fait rare) qui amènent le conducteur à zigzaguer et à venir sur la voie de droite. En toute décontraction, il vous fonce dessus et c’est à vous de vous décaler le plus possible pour le laisser passer. J’ai longtemps cherché une règle de priorité. Mais mon esprit cartésien occidental ne s’y retrouvait pas.
« Le moine reprend sa dure besogne quand Tempa se jette sur lui et s’agrippe sur ses épaules pour augmenter le poids. Le moine est surpris et vascille. Tous deux éclatent de rire en se roulant par terre. »