« Vous n'êtes pas une femme de vertu, ma belle dame, vous êtes
une femme d'argent, une femme qui comprend la vie, une femme qui ne se débarrassera pas du jour au lendemain d'idées, de besoins, de satisfactions qui sont les siens depuis dix ans et si bien en elle qu'ils sont sa seconde nature, la vraie celle-là, la solide, celle qui vous a, qui vous tient et ne vous lâche pas. […] C'est une femme de coeur, une femme d'honneur, ce n'est point
une femme d'argent. » ● Coup de coeur ! ● Ne lisez pas le résumé sur Babelio, il en dit beaucoup trop. ● Sous la Restauration, Hyacinthe Charlemont a fondé une banque qui a connu une extraordinaire prospérité, propulsant son fondateur au rang de ministre et pair de France. Mais c'est à présent son fils Amédée qui dirige la banque ; or celui-ci, quoiqu'intelligent, déteste l'effort et n'aime que ses plaisirs. Heureusement, il a en Fourcy, qui a commencé tout en bas de l'échelle, un directeur à la fois honnête et efficace sur qui il peut se reposer. Les deux hommes ont chacun un fils, Robert pour Amédée et Lucien pour Fourcy ; ce dernier a remarqué que ces derniers temps Robert Charlemont faisait des dépenses inconsidérées. Les deux pères s'accordent pour penser qu'il y a une femme derrière ces libéralités, sans doute une femme du monde car on n'entend pas parler de leur liaison, ce qui serait le cas si c'était une actrice ou une « cocotte ». Alors, qui est cette femme ? ● C'est un des meilleurs romans d'
Hector Malot que j'aie lu. Ce que j'apprécie particulièrement avec cet auteur de la seconde moitié du XIXe siècle, c'est que l'histoire démarre sur ces chapeaux de roues et que le rythme narratif se maintient tout au long du roman. ● le récit est ici particulièrement bien ficelé, avec une longue montée, une acmé et une descente foudroyante ; la fin est même un peu abrupte tant elle est rapide. ● On est tenu en haleine pendant tout le récit. ● Tous les personnages sont intéressants et riches, mais la « femme d'argent » est un personnage d'une grande efficacité narrative ; ses propos sont des textes argumentatifs très charpentés. C'est rare pour l'époque de voir un personnage féminin si machiavélique, si cynique et si maître de lui, si supérieur aux autres personnages, notamment masculins. Elle les domine tous de très haut. ● Ce roman est un régal que je recommande !