Lire ce roman a été pour moi comme une bulle d'oxygène. Tant de tendresse, de douceur, d'honnêteté et d'innocence s'en dégage ! le tout agrémenté d'un doux parfum d'enfance qui offre à l'adulte que je suis devenue une touchante réminiscence que j'ai goûtée comme une friandise, sans me presser et en m'en délectant.
L'histoire est belle par sa simplicité et permet de développer des thèmes profonds comme la mutation des civilisations, le contraste entre un vieux et un nouveau continent, l'évolution des mentalités, les rapports à la société, à la famille, à l'argent, à l'amitié.
Cédric est orphelin de père, cadet d'une noble famille anglaise qui a épousé contre l'avis paternel une belle et jolie Américaine, tendrement surnommée "Chérie", et qui a été renié par son orgueilleux géniteur. le vieux comte dont la suffisance n'a d'égale que sa vanité et dont la fortune est aussi vaste et infini que sa misanthropie, pouvait en effet se permettre de faire une croix sur son indocile rejeton puisqu'il avait deux fils plus âgés pour assurer sa "descendance" et la perpétuation de son nom. Hélas, les susnommés sont emportés dans la fleur de l'âge, rattrapés par l'inconduite et la dissolution de leur existence vaine et oisive... C'est ainsi que Cédric se retrouve contre toute attente en première place pour succéder à son grand-père qui le fait quérir de New York par son homme-lige, Mr Havisham.
Élevé dans les meilleurs sentiments du monde et pétri des valeurs de charité et d'altruisme, Cédric va sans le savoir offrir à son aïeul sa meilleure planche de salut. Conquis en quelques heures par le tempérament et la nature aimante de son petit-fils, le vieux comte, à l'aube de ses soixante-dix ans, va enfin apprendre à se détourner de son ego pour s'intéresser aux hommes et aux femmes qui l'entourent.
Ce roman est beau, tout simplement. C'est un roman "chocs des titans" : jeunesse contre vieillesse ; nouveauté contre tradition ; pauvreté contre richesse ; générosité contre égoïsme ; bienveillance contre préjugés et amour contre mépris. La vérité triomphera de la ruse, l'innocence de l'orgueil et l'amour de la rancune. C'est un bref récit qui réconcilie avec la vie et qui, sous ses allures de conte de fée, recèle une belle réflexion sur notre humanité : la supériorité du coeur ne vient pas toujours de l'élite et la vérité sort souvent de la bouche d'un enfant.
Challenge ABC 2012 - 2013
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Un roman attendrissant dans lequel priment les valeurs d'amitié, d'affection et de bienfaisance. C'est du « feel good » à 100% !
Le jeune Cédric vit avec sa mère, jeune veuve, une existence paisible dans une rue de New York, jusqu'au jour où un anglais lui apporte une nouvelle qui bouleversera sa vie : il est héritier d'une riche comte anglais. Il va alors traverser l'océan et découvrir son nouveau cadre de vie.
Publié en 1886, ce roman a connu un franc succès et a été souvent adapté au cinéma depuis. Il fait partie des classiques pour la jeunesse.
J'aime énormément le style d'écriture soignée et quelque peu désuète dans certaines tournures, bien que l'histoire n'aie pas pris une ride. Nous plongeons allègrement dans l'aristocratie anglaise du 19e siècle, vue à travers le regard innocent d'un enfant.
Les personnages sont bien trempés et existent pleinement au fil des lignes. Si l'on peut s'étonner de la réaction de quelques-uns, l'auteur prend le temps de nous en exposer les raisons avant de poursuivre son récit.
Cette histoire a tout de même de fortes allures de conte de fée mais elle est si bien narrée, et défend de belles valeurs, qu'elle apporte du bonheur au lecteur.
Un livre à partager sans nul doute !
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Cédric ne connaissait rien de son histoire. Quoiqu’il habitât New-York, il savait, parce que sa mère le lui avait dit, que son père était Anglais ; mais quand le capitaine Errol était mort, Cédric était encore si petit qu’il ne se rappelait rien de lui, si ce n’est qu’il était grand, qu’il avait des yeux bleus, de longues moustaches, et qu’il n’y avait pas de plus grand bonheur au monde pour lui, petit garçon de quatre ou cinq ans, que de faire le tour de la chambre sur son épaule. Pendant la maladie de son père, on avait emmené Cédric, et quand il revint, tout était fini. Mme Errol, qui avait été très malade aussi, commençait seule-ment à s’asseoir, vêtue de noir, dans son fauteuil près de la fenêtre. Elle était pâle, et toutes les fossettes avaient disparu de sa jolie figure. Ses grands yeux bruns se fixaient tristement dans le vide.
« Chérie, dit Cédric, – son père l’avait toujours appelée ainsi, et l’enfant faisait de même, – Chérie, papa va-t-il mieux ? »
Il sentit les bras de sa mère trembler autour de son cou. Alors il tourna vers elle sa tête bouclée, et, la regardant en face, il se sentit prêt à pleurer.
« Chérie, répéta-t-il, comment va papa ? »
Puis, tout à coup, son tendre petit cœur lui dit que ce qu’il avait de mieux à faire, c’était de grimper sur les genoux de sa maman, de lui jeter les bras autour du cou et de la baiser et baiser encore, et d’appuyer sa petite joue contre la sienne. Alors sa mère cacha sa figure dans la chevelure de son petit garçon et pleura amèrement en le tenant serré contre elle. Il semblait qu’elle ne pourrait jamais s’en séparer.
« Il est bien maintenant, sanglota-t-elle enfin ; il est bien, tout à fait bien ; mais nous, nous n’avons plus que nous au monde ; nous sommes tout l’un pour l’autre. »
Alors, tout petit qu’il était, Cédric comprit que son papa, si grand, si beau, si fort, était parti pour toujours, qu’il ne le reverrait plus jamais, qu’il était mort, comme il avait entendu dire que d’autres personnes l’étaient, quoiqu’il ne pût comprendre exactement ce que ce mot voulait dire. Voyant que sa mère pleurait toujours quand il prononçait son nom, il prit secrètement la résolution de ne plus en parler si souvent. Il se dit aussi qu’il va-lait mieux ne pas la laisser s’asseoir, muette et immobile, devant le feu ou à la fenêtre, et que ce silence et cette immobilité ne lui valaient rien.
Mais c’était sur-tout la galerie de peinture qui lui causait le plus d’étonnement.
« C’est quelque chose comme un musée, dit-il la première fois que l’enfant l’introduisit dans la vaste pièce, entourée de portraits d’hommes et de femmes habillés à la mode du temps passé, les uns couverts d’armures, d’autres portant la grosse perruque à la Louis XIV ; – oui, quelque chose comme un musée ; j’en ai déjà vu à New-York.
— Non, non, je ne crois pas, dit Cédric avec un peu d’hésitation, car il n’était pas bien sûr de ce qu’il avançait ; non, je ne crois pas que ce soit tout à fait la même chose. Mon grand-père n’appelle pas cela un musée : il dit que ce sont mes ancêtres.
— Vos ancêtres ! répéta M. Hobbes, dont toute la généalogie remontait à son père, sa mère étant morte peu de temps après sa naissance, et qui non seulement n’avait jamais vu ses grands-pères et ses grands-mères, lesquels avaient vécu très loin de New-York, mais qui savait à peine qui ils étaient ; vos ancêtres !…
— Oui, le père et la mère de grand-père ; et puis leur père et leur mère ; et puis le père et la mère de ceux-là ; et ainsi de suite, toujours en remontant, jusqu’à… »
Et il leva le doigt.
« Jusqu’à… continua-t-il, ma foi ! je ne sais plus son nom ; je crois seulement que c’était quelqu’un qui vivait du temps de Guillaume le Conquérant. »
« Oh ! Cédric, avait-elle dit à son petit garçon la veille au soir, au moment où il allait la quitter, oh ! Cédric, je voudrai être très vieille, très habile, et posséder beaucoup d’expérience, afin de pouvoir te donner de bons conseils. Mais je te dirai seulement, mon cher enfant : sois bon, sois affectueux, sois sincère ; sois courageux aussi. Alors, non seulement tu ne feras jamais de mal à personne, mais tu pourras empêcher beaucoup de mal, et le monde, le vaste monde, deviendra un peu meilleur, parce que mon petit garçon aura vécu. Et c’est tout ce qu’on peut désirer, que le monde devienne un peu meilleur, même si peu que ce soit, mon chéri ! »
Il n'y a pas d'influence au monde plus puissante que celle d'un coeur généreux [...]
En arrivant d'Amérique, il ignorait tout de la grandeur et des richesses, mais il avait une nature confiante et droite, et ceci vaut tous les trésors du monde.
p 213
"Elles exaucent votre souhait, mais elles en meurent.
Règle n°1 : le berger doit garder secrète l'existence des fées.
Règle n°2 : Jamais il n'exigera de voeu, car chaque voeu tue la fée qui l'exauce.
Règle n°3 : Il leur fournira des fleurs, pour qu'elles conçoivent le miel qui soigne tous les maux.
Règle n°4 : Pour cela, il ira sur les routes et un jour, il leur trouvera enfin UN JARDIN"
Une enquête féérique à la croisée de Beatrix Potter, de l'affaire des Fées de Cottingley et du Jardin Secret de F. H. Burnett, disponible le 1er juin, en librairie : https://www.drakoo.fr/bd/drakoo/le_jardin_des_fees/le_jardin_des_fees_-_vol_01_sur_2/9782490735235
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