Le livre d'Éon

Selon mes standards personnels , ce roman est une « presque perle « de la collection anticipation et c'est une oeuvre isolée dans la bibliographie de l'auteur qui a écrit des romans dont , je le crains , la valeur se mesure au poids papier plus que par des qualités littéraires , légères et éthérées .
Mais ce Livre d'éon vaut son poids de moutarde précieuse !
Pourquoi ? :
Parce que ce petit roman populaire est intensément centré sur le huit-clôt d'un vaisseau génération avec des personnages palpables et un univers étudié dans ses moindres recoins .
C'est fait tout en mobilisant les personnages pour animer ce petit monde en vase clos et l'imprégner d'affects subtilement dégradés selon un panel riche en nuances , parfaitement en résonance avec cet univers imaginaire aussi imaginaire qu'il est présent , d'une force .
Le roman est bien rythmé et c'est un très bon exemple de bonne littérature populaire soignée et il en a d'ailleurs tout à fait le charme spécifique et les caractéristiques ( de bon dialogues , de bonnes descriptions , du rythme et une caractérisation de valeur )
Ce texte affiche aussi quelques faiblesses qui ne font pourtant que le rendre plus attachant !
La couverture est une toile impressionniste au propos quasi psychédélique ( elle est visible sur Babelio ) et si elle a l'air à côté de la plaque du point de vue environnement spatial , elle illustre pourtant superbement la fin du roman .
Cette fin , il faut le mentionner , est superbe , surprenante et intense .
Bref : disons que ce petit voyage dans l'espace possède 87 pour cent de qualités pour 13 pour cent de défauts ( sourires ) .
J'adore ce texte .

Donc : pour les amateurs de petits « fleuve noir « de qualité c'est ici .

Thème que l'on retrouve dans "Croisière sans escale" de Brian Wilson Aldiss, le vaisseau est en errance dans l'univers depuis si longtemps que la société qui vit en son sein a perdu tous repères, ici sous la forme d'une religion abrutissante.
Neal semble un peu plus lucide que les autres, les drogues perdent leur effet sur lui, le voilà lancé dans la recherche de la vérité.
C'est simple et efficace, on est pris par l'intrigue, et je suis d'accord avec finitysend pour dire que c'est une petite perle de la collection Fleuve Noir Anticipation.

Le principal protagoniste du roman, Neal Eard, jeune homme né et vivant dans l'astronef, réussira peu à s'affranchir de l'abrutissement qu'on lui fait subir au sein de cette société totalitaire. Frank Dartal ménage le suspense tout au long de cet excellent roman, le héros ne découvrant la terrible vérité au sujet de ce voyage interstellaire qu'au terme de l'histoire. On est toujours loin de la fin optimiste que Frank Dartal écrivit pour Les Brumes du Sagittaire, mais une lueur d'espoir perdure pour Neal Eard à la fin du roman, contrairement au destin tragique que connurent les héros de Les Neuf dieux de l'espace et de le Règne du serpent.

Dans l'astronef, qui parcourt le cosmos sans fin, Neal Eard, un horticulteur, se pose des questions sur son but.
Sainte Gude, qui régit le vaisseau selon les lois d'Eon, ne cache-t-elle pas quelque chose ?

Un roman que j'ai dévoré de bout en bout, captivé par ces détails sur la vie en vase clos dans un astronef qui traverse l'espace depuis des siècles !
Tout est décrit avec un luxe de détail impressionnant et on suit avec beaucoup d'intérêt les découvertes de Neal de son monde miniature jusqu'à la découverte finale.

Un des meilleurs FNA que j'ai pû lire à ce jour !
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