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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Eivor à la tristesse du temps de ce jour : froid, gris, pluvieux et brumeux. Elle regarde par la fenêtre.
Elle ne rêvait pas de cette vie-là. Elle aurait voulu être libre et indépendante, pas comme sa mère. Jacob n'était pas tout à fait comme les autres. Pourtant un jour il avait oublié de se protéger, juste une fois. Ils s'étaient mariés, ils étaient si jeunes. Jacob avait changé, Jacob n'était plus tout à fait le même.
Eivor comprend à retardement ce que sa mère, Elna, a subi. Elna et sa meilleure amie ont un jour, près d'une vingtaine auparavant, décider d'aller faire un voyage à vélo. La deuxième guerre mondiale gronde juste derrière les frontières de la Suède. Elles rencontreront deux soldats. Elna sera violée par l'un d'eux.
Un roman de Henning Mankell qui nous plonge dans le milieu du vingtième siècle. Plus que plonger je devrais dire nous immerge, tellement cette histoire se déroule au ralenti. Prenant le temps de notre décrire en détail les situations, les réflexions, les états d'âmes de chacun ... ou plutôt de chacune. Les femmes de cette époque n'ont pas voix au chapitre. Les hommes pour cacher leurs faiblesses, leurs petitesses les ignorent, les ridiculisent, les amènent plus bas que terre, pour mieux les enchainer, les asservir. Parfois cela est fait violemment, parfois plus sournoisement, toujours pour le profit des hommes, qui n'ont qu'une envie : satisfaire leurs petits plaisirs. On parle alors de sa femme comme de sa voiture, bien qu'ils passent plus de temps à parader devant ces dernières.
Lors de ce premier roman, la patte de Mankell est déjà là. C'est le regard d'un homme pour dénoncer la condition des femmes. Un premier roman plein de maitrise.
Nous avons enjambé depuis un moment le vingt et unième siècle. La situation-a-t-elle vraiment changé ?
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En ouvrant pour la premier fois un roman de Henning Mankell, je m'attendais à lire un polar scandinave. Grande fut ma surprise en constatant assez rapidement qu'il n'en était rien et que "Daisy sisters" se révélait être un roman social.

De 1942 à 1981, nous suivons le destin plutôt banal et tragique d'Elna Skoglund qui, lors d'une virée estivale avec sa grande amie Vivi, se retrouve enceinte à seize ans. Dans les années 40, autant dire que les mentalités en Suède n'étaient pas encore particulièrement émancipées tendance féministes. Pour Elna, c'est le rejet et les impasses sociales qui se succèdent. Eivor, sa fille, semble connaître, vingt ans après sa mère, les mêmes déboires. Est-ce qu'une fatalité s'obstine à mettre des bâtons dans les roues aux femmes Skoglund ?

J'ai été surprise par le rythme plutôt lent du récit malgré les fréquentes ellipses. Il y a tour à tour de l'action, de la contemplation, de l'analyse et du suspense dans cette narration très colorée Suède, ce qui d'ailleurs a été le point le plus plaisant pour moi qui aime et connaît bien ce pays.

"Daisy sisters" est un roman écrit par un homme en 1982 et, quelque part, c'est un roman social et féministe. Il décrit la condition de la femme suédoise issue d'un milieu populaire et ouvrier et ses tentatives pour accoucher dans la douleur d'une existence qui lui soit propre. C'est un roman qui vibre de colère, de révolte mais aussi de résignation et d'illusions perdues. L'espoir et l'endurance chevillés aux corps, les héroïnes avancent dans la vie en aveugle, subissant plus que faisant des choix. Des vies contraintes, étouffées, des papillons qui ne savent comment sortir de leur cocon et qui, au bord du gouffre, se jettent dans le vide, font le grand saut, se fichant des risques et des conséquences ; un courage et une audace nés du désespoir, quand on se trouve au pied du mur.

Je découvrais le style de Henning Mankell et j'ai globalement apprécié. Mais, je le répète, ce qui m'a le plus séduite fut de me retrouver dans les paysages familiers de Suède, dans des endroits visités, et de me replonger dans cet état d'esprit. Mise à part la cuisine - qui pour un Français est une vraie torture - la Suède mérite qu'on s'intéresse à elle.


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Un roman très émouvant, de beaux portraits de femmes.
Elna a 17 ans et des projets d'avenir, lorsqu'un soldat la viole. Enceinte et écrasée de honte, elle doit subir l'échec d'un atroce avortement clandestin, puis se battre pour préserver sa dignité et élever sa fille, Eivor. À son tour Eivor voit ses rêves brisés par des circonstances tragiques. Sa vie n'est qu'une succession de coups du sort, dont elle se relève avec une force incroyable, mais comme le dit son amie finlandaise Liisa : "Tant qu'elle ne cherchera pas les explications à l'extérieur d'elle-même, elle sera condamnée à avancer dans la vie comme une handicapée à qui on a volé ses béquilles." Liisa représente la conscience sociale et politique d'Eivor.
On traverse l'histoire de la Suède entre 1941 et 1981 : la complaisance au nazisme et la "neutralité" pendant la Seconde guerre mondiale ; puis les Trente Glorieuses qui voient le pays s'ouvrir au monde, à la modernité et à l'américanisation. Enfin on voit arriver la crise des années 70.
Ce roman est une plongée dans la classe ouvrière suédoise. C'est le portrait de toute une génération, une génération qui a rêvé de posséder sa propre voiture (de préférence une américaine pleine de chromes) à une époque où le carburant ne coûtait presque rien ; tandis que les mères, elles, se relevaient de leurs parquets frottés à genoux, pour adopter le lino et l'aspirateur.
Une génération qui a cru à l'ascenseur social, et qui se retrouve en rade au pied de l'escalier. Les conflits politiques et syndicaux sont évoqués, mais au travers des portraits d'Elna et Eivor, c'est avant tout l'histoire de l'émancipation féminine qui est retracée avec une grande justesse par cet auteur masculin.
Traduction parfaite d'Agneta Sigol et Marianne Sigol-Samoy.
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Challenge Solidaire
LC thématique de juillet 2022 : "Les prénoms, saison 2"
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Le temps qui file dans ce premier roman de Mankell n'est pas toujours rempli de bonheur et loin d'être un roman qui aspire à la vie pleine de joie et d'amour.
Justement les personnages de ce roman sont des victimes qui subissent une vie chargée de déboires,  des responsabilités à assumer, une vulnérabilité et un manque d'amour qui les mène à une vie mouvementée et pas forcément réussie. le transgénérationnel est bien présent dans l'histoire, on a donc Elna, mère très jeune, d' Eivor qui elle aussi, mettra au monde des enfants dont une fille qui enfantera à son tour au même âge et auront leur vie en Suède pleine de rebondissements.
On est loin du registre pathétique avec Mankell, fort heureusement, son écriture est toujours aussi délicate mais il est vrai qu'à certains moments le récit met mal à l'aise quant à la suite des événements existentiels des personnages...
Cela dit c'est un très bon roman et qui réconcilie merveilleusement bien si l'on a été un peu déçu avec les bottes suédoises. ..un roman posthume à découvrir absolument .
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Bien que je lui ai trouvé quelques longueurs à certains moments, j'ai apprécié découvrir ce premier roman de Mankell, auteur que chéri de plein d'amour. Un livre dense, riche d'un pan de l'histoire de la Suède que Mankell nous décrit par le biais de deux femmes, pour lesquelles je me suis prise d'affection... de grosse thématiques sont abordées dans ce roman, d'une plume pleine de sens et d'équilibre... Mankell nous parle, entre autre chose, de la condition féminine, de viol, d'avortement, des désastres de l'alcoolisme. Un roman très riche, avec quelques petits défauts que nous pardonnons facilement à l'auteur... Un roman à découvrir, même si ce n'est pas un coup de coeur...
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Difficile de qualifier cette lecture, à la fois intéressante et à la fois un brin longuet.
Je retiendrai un pan d'histoire en Suède, et la condition féminine sur 40 ans durée sur laquelle s'étale le récit.
Je dois dire qu'Eivor m'a quelque peu énervée, j'avais bien envie de la bousculer, et j'ai trouvé peu crédible ses grossesses accidentelles, le coup pas de chance mais trois fois d'affilées ça fait un peu trop. Enfin passons ce détail, ce n'est qu'un roman après tout.
Sinon on peut également apprécier la solidarité féminine, les difficultés qu'elles ont subi dans le monde du travail notamment en sidérurgie et comment elles ont du se battre pour garder la tête haute.
je ne pense en garder un long souvenir de ce roman.
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Un été sans trop de soleil, un été sans trop de chaleur, une humeur mollassonne, pas vraiment envie de grand chose, et brusquement une bonne idée, chercher un livre à lire qui redonne un peu de peps....
Et voilà comment on se retrouve à prendre un titre d'une valeur sûre, un petit Henning par exemple. Ce sera "Daisy sisters".
Le premier roman de l'auteur, paru en 1982 en Suède, avant même la série des Wallander. Je suis toute émue de retrouver ce grand monsieur dans une oeuvre de jeunesse. Les critiques ne sont pas excellentes et alors, on s'en fout, c'est parti pour un voyage dans le passé.
Une description minutieuse de la vie de femmes suédoises dans les années 40, 50, 60 selon les chapitres. Les problèmes rencontrés ne sont pas très loin de ceux qu'ont rencontrés les femmes françaises de l'époque.
Tout y est, c'est une belle démonstration de la longue lutte que ces femmes ont dû mener pour l'émancipation. Il n'est pas question là de la lutte pour les droits civiques, même pas, nous en étions au stade de la lutte pour la reconnaissance de la possibilité de choisir la vie que l'on souhaite mener, avec ou sans enfant, avec ou sans mari, avec ou sans compagnon. Depuis la société a évolué mais les Daisy sisters nous montrent toutes les générations de femmes sacrifiées pour en arriver où nous en sommes.

Il y a des jours où ça fait du bien de se rappeler que des choses comme ça on été écrites :
"La mort guette toujours derrière la porte quand il est question d'avortement clandestin. Si un seul homme haut placé, un politicien, un pasteur, un tambour major, peu importe, si un seul d'entre eux se trouvait allongé sur une table crasseuse, les jambes écartées, et qu'un ivrogne aux mains tremblantes essayait d'introduire une sonde sale... Si un seul de ces hommes vivait ça... Les choses seraient différentes."

Il y a des jours où ça fait du bien de se dire que c'est vrai qu'il faut du temps pour s'apercevoir que l'on n'est pas habillée comme la personne que l'on est mais comme celle que nous pensons devoir être, parodie du dialogue entre Eivor et Liisa.

Il y a des jours où ça fait du bien de penser à ne pas oublier qu' "il ne faut pas mourir étranglé par des serres en acier".

Forcément, il y aura dans ma vie d'autre jours où je n'aurais pas trop le moral, d'autres jours où j'aurais envie de découvrir la vie racontée par Henning, mais voilà, maintenant Henning garde pour lui tout seul ces belles histoires, il n'a plus la possibilité de nous les faire partager ... C'est triste l'absence, mon cher Henning tu me manques !
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En 1978, Henning Mankell écrivait dèjà très bien. Mais ce qui m'a le plus étonné c'est le déterminisme social ou familial qui habite Evior. Cette destinée pré-écrite n'apparaît pas dans les autres romans de ce grand auteur suédois.
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Inconditionnel de Mankell que j'ai eû l'immense chance de rencontrer, j'ai aimé l'un de ses derniers livres publiés.
les "Daisy sisters" sont 2 amies suédoises mais elles auraient pû être soeurs : elles ont une quinzaine d'années, au début des années 40. Pourquoi Daisy ? elles ne le savent pas elles-mêmes (mais à cette époque on était très pro américain.
Ce livre est en fait l'histoire de 4 générations de femmes suédoises (des années 40 aux années 80) dans ce pays que beaucoup citent comme exemple mais ....La grand-mère, la mère, la fille et la petite fille vivent en fait les mêmes espérances, les mêmes aspirations d'émancipation et de bonheur mais, encore un mais, la Suède comme une majorité de pays que l'on dit évolués, était en fait machiste, phallocrate ...Toutes les quatre sont victimes de violences sociétales, conjugales (allant jusqu'au viol)
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Seconde guerre mondiale. Elna et Vivi, deux jeunes filles, partent rejoindre un oncle d'Elna pour la fanaison. En chemin, elles rencontrent deux jeunes soldats. Elna est violée.
Elle découvre très vite qu'elle est enceinte. Dans la Suède des années 40, c'est Elna la fautive, qui doit vivre avec la faute morale de ce qu'elle a subit.
Puis, le livre passe à Eivor, l'enfant d'Elna, devenue adolescente. Une vie difficile à vivre depuis, alors que sa mère ne lui a jamais caché qu'elle était un accident qui l'avait privé de sa liberté. Eivor va mener une vie chaotique, dans l'impossibilité d'aimer et d'avoir une relation stable pendant des années, et qui va elle aussi tomber enceinte très tôt.
Enfin, le roman fait évoluer en parallèle ces deux femmes, la mère et la fille.

J'ai trouvé que ces personnages manquaient parfois de profondeur.
J'ai apprécié en filigrane sur l'ensemble du livre l'histoire sociale de la Suède qui explique les réactions et le comportement des personnages.
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