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Citations sur Les fiancés (105)

« C’est pourtant une chose étrange, s’écria-t-il, que tous ceux qui règlent les affaires veuillent faire entrer partout le papier, la plume et l’écritoire ! Toujours la plume en l’air ! Singulière manie que ces messieurs ont pour la plume !
— Eh ! brave villageois ! voulez-vous en savoir la raison ? dit en riant l’un des joueurs qui gagnait.
— Voyons un peu, répondit Renzo.
— Là voici, la raison, dit cet autre. C’est que ces messieurs sont ceux qui mangent les oies, et ils se trouvent avoir ainsi tant de plumes, tant de plumes qu’il faut bien qu’ils en fassent quelque chose. »
Tous se mirent à rire, excepté celui qui perdait.

CHAPITRE XIV.
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« Quel est ce coquin puissant ? » dit Renzo du ton d’un homme qui a résolu d’obtenir une réponse précise, quel est ce méchant qui ne veut pas que j’épouse Lucia ?
— Quoi donc ? quoi donc ? balbutia le pauvre curé avec un visage devenu en un instant aussi blanc et aussi flasque qu’un chiffon sortant de la lessive ; et, tout en grondant sourdement, il fit un saut de dessus son grand fauteuil pour s’élancer vers la porte. Mais Renzo, qui s’attendait à ce mouvement et se tenait sur ses gardes, s’y jeta d’un bond avant lui, donna un tour de clef et mit cette clef dans sa poche.
— Ah ! ah ! parlerez-vous, maintenant, seigneur curé ? Tout le monde sait mes affaires, excepté moi. Je veux, morbleu ! les savoir aussi. Comment s’appelle-t-il, cet homme ?
— Renzo ! Renzo ! de grâce, prenez garde à ce que vous faites ; songez à votre âme.
— Je songe que je veux le savoir tout de suite, à l’instant.
Et, en parlant ainsi, il mit la main, sans peut-être s’en apercevoir, sur le manche du couteau qui sortait de sa poche.
« Miséricorde ! » s’écria d’une voix éteinte don Abbondio.
— Je veux le savoir.
— Qui vous a dit ...
— Non, non, plus de chansons : parlez clair et tout de suite.
— Vous voulez donc ma mort ?
— Je veux savoir ce que j’ai motif de savoir.
— Mais, si je parle, je suis mort. Ne dois-je pas prendre intérêt à ma vie ?
— Donc, parlez.
Ce « donc » fut prononcé avec une telle énergie, l’air de figure de Renzo devint si menaçant, que don Abbondio ne put même plus supposer la possibilité de désobéir.
— Vous me promettez, vous me jurez, dit-il, de n’en parler à qui que ce soit, de ne jamais dire ... ?
— Je vous promets que je vais faire quelque sottise, si vous ne me dites à l’instant le nom de cet homme.
A cette nouvelle adjuration, don Abbondio, avec le visage et le regard de celui qui a dans sa bouche tes tenailles de l’arracheur de dents, prononça : « Don ...
— Don ? » répéta Renzo, comme pour aider le patient à mettre au jour le reste ; et il se tenait penché, l’oreille sur la bouche du curé, les bras tendus et les poings serrés en arrière.
« Don Rodrigo ! » dit rapidement le malheureux, précipitant ce peu de syllabes et glissant sur les consonnes, tant par l’effet de son trouble que parce que, appliquant le peu de liberté d’esprit qui lui restait à faire une transaction entre ses deux peurs, il semblait vouloir soustraire et faire disparaître le mot, dans le moment même où il était contraint à le faire entendre.
— Ah ! le chien ! hurla Renzo.

CHAPITRE II.
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Le temps se montrait à lui désormais vide de tous projets, de toute préoccupation, de toute volonté, plein seulement de souvenirs insupportables ; toutes les heures seraient semblables à celle qui, présentement, était si lente à passer, si pesante sur sa tête.

CHAPITRE XXI.
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Il y a des livres qui n’appartiennent pas à une seule nation, mais au monde entier. La beauté littéraire est universelle, et tous ont le droit et le devoir de s’en emparer. Shakespeare, Byron, Goethe, Schiller, Voltaire, Rousseau, Dante, le Tasse, par la nature de leur génie, par la beauté de leurs œuvres, ne sont ni Anglais, ni Allemands, ni Français, ni Italiens ; toute la terre est leur patrie ; leur langage est devenu universel, car tout le monde lettré les comprend, les admire et s’efforce de les imiter. Manzoni, dont le nom est acquis à la postérité, est du nombre de ces hommes universels, moins par la quantité et la diversité de ses œuvres, que par leur beauté, et par l’influence qu’elles ont exercée sur la littérature moderne de l’Italie. Par ses hymnes et par ses tragédies, il a servi de modèle à la poésie romantique ; par son roman les Fiancés, il a montré aux classiques qu’on peut allier l’invention à l’histoire, sans nuire ni aux œuvres d’imagination ni à celles d’érudition.

[Préface - B. Melzi]
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L'une des plus grandes consolations de cette vie est l'amitié ; et l'une des consolations de l'amitié est d'avoir à qui confier un secret. Or, les amis ne vont pas deux à deux, comme les époux ; généralement, chacun en a plus d'un : ce qui forme une chaîne, dont personne ne saurait trouver la fin. Lors donc qu'un ami se procure cette consolation de déposer un secret dans le sein d'un autre, il donne à celui-ci l'envie d'éprouver la même consolation, lui aussi. Il le prie, il est vrai, de n'en rien dire à personne ; et cette condition, prise au sens le plus rigoureux, trancherait immédiatement le cours de ces consolations. Mais la pratique veut qu'on s'impose seulement de ne confier le secret qu'à quelque ami qui soit également sûr, en lui imposant la même condition. Et c'est ainsi que d'ami sûr en ami sûr, le secret circule par cette immense chaîne, et qu'à la fin il arrive aux oreilles de celui, ou de ceux, à qui le premier qui avait parlé entendait justement le soustraire à jamais. Il serait ordinaire qu'il dut faire un grand bout de chemin, si chacun n'avait que deux amis : celui qui lui dit, et celui à qui il répète la chose que l'on doit taire. Mais il est de ces hommes privilégiés, qui comptent de tels amis par centaines ; et quand le secret arrive à l'un de ces hommes, sa circulation devient si rapide et fait de si multiples détours, qu'il n'est plus possible d'en suivre la trace.

Chapitre XI, p. 283 - 284
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Le temps était bas, l’air pesant, le ciel partout voilé d’une vapeur brumeuse, uniforme, inerte, qui semblait refuser le soleil sans promettre la pluie. La campagne des environs, en partie sans culture, se montrait tout entière desséchée par les ardeurs de la saison : toute verdure était fanée ; et nulle goutte de rosée matinale n’humectait les feuilles flétries sur l’arbre dont une à une elles se détachaient. Cette tristesse de la nature et, par surcroît, cette solitude, ce silence tout auprès d’une grande cité, ajoutaient une sorte de terreur à l’inquiétude de Renzo, et rendaient plus sombres toutes ses pensées.

CHAPITRE XXXIV.
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Vous savez ce que c'est que l'attente. Elle se crée des images; elle y croit; elle est sûre de son fait; à l'épreuve ensuite, elle est difficile, dédaigneuse; elle ne trouve jamais son compte parce que, dans le fond, elle ne savait pas elle-même ce qu'elle voulait; et elle fait payer sans pitié la faveur qu'elle avait accordée sans raison.
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Le comte leur oncle, homme de robe, et l'un des anciens de ce Conseil, y jouissait d'un certain crédit ; mais pour le faire valoir et fructifier auprès d'autrui, il n'avait pas son pareil. Un parler ambigu, des silences significatifs, des demi-mots, un clignement d'yeux qui voulait dire "je ne puis parler" ; une manière de flatter sans promettre, de menacer avec cérémonies ; tout était dirigé à cette fin, et tout tournait, plus ou moins, à son avantage. À tel point qu'un "je ne puis rien à cette affaire", dit quelque fois en pure vérité, mais de manière à n'être point cru, lui pouvait servir à renforcer l'idée, donc la réalité de son pouvoir : comme ces boîtes, que l'on voit encore dans certaines boutiques d'apothicaires, et où sont écrits des mots d'arabe, mais sans rien à l'intérieur : elles entretiennent le crédit de la boutique.

Chapitre XVIII, p. 417
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Don Abbondio avait beau lui commander fermement, et la prier cordialement, de se taire ; elle avait beau lui répéter qu'il n'était pas même besoin de lui suggérer chose si claire et si naturelle ; le fait est qu'un grand secret, dans le coeur de la pauvre femme, était, comme dans une vieille barrique mal cerclée, un vin très jeune, qui bouillonne, et gargouille, et fermente, et qui, s'il n'envoie pas le bondon en l'air, suinte tout autour, sort en écume, transpire entre les douves, et goutte même ça et là, si bien qu'on peut l'essayer, et dire à peu près ce qu'il est.

Chapitre XI, p. 280
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Il y a parfois, sur le visage et dans le maintien d'un homme, une expression si immédiate, et comme une effusion, semble-t-il, du plus profond de son cœur, qu'une foule entière de spectateurs jugera ce cœur unanimement.
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