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EAN : 9782072541186
Gallimard (27/03/2014)
4.18/5   88 notes
Résumé :
Je suis couvert de sang mais je suis bien. Rien à foutre. Dans l'univers cotonneux et chaud de la défonce opiacée, le sang n'est rien. La mort n'est rien. Et moi-même je ne suis rien. Joies et chagrins se succèdent dans une espèce de brouillard confus, un ballet macabre, et rien ne subsiste de tout cela, sinon parfois, au détour du chemin, un sentiment de gâchis irréversible qui me prend à la gorge. Nos vies de parias sont comme de frêles esquifs privés de gouvernai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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sur 88 notes
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Septembre 1999. Un appartement crade aux odeurs pestilentielles. Mille douleurs qui l'assaillent à son réveil. Un corps tenaillé souffrant du manque. Un corps anéanti par la maladie. le goudron de la cigarette lui transperce les poumons. Franck se donne du courage pour se lever et regarde à travers les vitres grises les deux bouleaux qui ploient sous le vent. le miroir lui renvoie une image éclatée, explosée en mille fragments. Comment en est-il arrivé là ? Comment l'adolescent, téméraire et insouciant, qui trainait avec sa bande de potes, la plupart du temps chez Léon, a-t-il sombré ? de magouilles en larcins, du fric qui s'amasse à la poudre qui se répand dans une banlieue livrée à elle-même...

Une plongée en enfer. À la fois tourbillonnante et vertigineuse. Une chute fracassante dont on ressort chancelant, brisé et des bleus à l'âme. Éric Maravélias sait de quoi il parle et pour cause, tout comme Franck, il a connu la déchéance, le manque. Le manque de cette poudre aux yeux. Avec ce roman, au titre si juste, il nous entraine dans les pas hésitants et désordonnés de Franck, dealer camé, au fond du gouffre et cerné par la mort. Avant et après la chute, du début des années 80 à la fin des années 90. Un avant et un après qui se révèlent être tout aussi oppressants, sordides, violents et saisissants. Un roman suffoquant, cru, atrocement noir et tragique habité par un personnage complexe, sombre et pourtant attachant. L'auteur écrit avec fougue, avec rage. Dans l'urgence. D'une plume palpitante, acérée et poétique qui écorche. Et qui laisse le lecteur groggy...
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Franck a sombré...
fini la grande vie
braquages, arnaques faciles
le flouze, le champ' qui coule à flot
les nanas, les potes, la tour d'argent,
la chute est vertigineuse
sous l'emprise d'une héroïne... pure
sa compagne d'infortune
qui prend le dessus
pour ne plus le lâcher
et l'entraîner
dans les bas fonds....

Maravelias écrit cash, avec les tripes, sans fioriture au rythme du palpitant qui cogne
une histoire romancée en partie vécue dans la proche banlieue des années 80 à la fin des années 90
racontée en deux temps, des aller-retours avant et après la chute.
L'histoire, c'est celle de Franck, un homme parmi tant d'autres, sous influence qui a fait une mauvaise rencontre...la dope.
Il narre sans apitoiement et sans concession son addiction, sa mue, sa longue déchéance
qui le conduit à un engrenage infernal, son passage par les institutions (prison, hp) la maladie et  le venin du sida..
Mais aussi, rare, décrit de l'intérieur le milieu des dealers, des junkies, ses compagnons de came et sa haine des autres, tous des larbins...
se remémore sous forme de flashes sa vie dangereuse mais aussi chaleureuse en banlieue, le bar du coin chez Ginette à Chatillon, ses premiers amours
et ses potes, une équipe alors soudée.
Un récit choc qui fout le moral à double zéro et qui laisse des traces,
à mi chemin entre Jérémie Guez et Donald Goines.
La faux soyeuse, un roman qui inocule son venin...noir
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Descente vertigineuse, la tête en plein dans la poudreuse. Tranches de vie, tronches de mort.

Ce roman est une vraie expérience de lecture qui vous plonge profond, très profond dans la tête d'un camé et de l'environnement ahurissant qui l'entoure.

Période des années 80 et 90, la drogue dure qui déferle sur Paris et le sida qui prend possession des corps sans que personne ne comprenne vraiment ce qui arrive.

Une histoire de déchéance, dans l'esprit même d'un drogué perdu pour la patrie. Same player, shoot again.

Éric Maravélias sait parfaitement de quoi il parle, il a vécu cette période de l'intérieur. Mais qu'on ne mélange pas les genres, c'est bien d'une fiction dont il est question.

Un roman noir, très noir, d'un réalisme sans égal. Immersion totale, vous dis-je, tant l'écriture de l'auteur sent le vrai, le tangible, le palpable. Détails sordides mais jamais gratuits, prose tantôt sèche tantôt poétique (poésie du désespoir).

Ce "héros" déchu et son héroïne décadente vont vous défoncer le coeur et les tripes par la vraisemblance du propos. Car on ne lit pas La faux soyeuse (quel titre magnifique et si adapté !) comme on va au cinéma. On le lit dans l'urgence, comme si une vie en dépendait.

Aucune complaisance et pas de morale à deux balles. C'est bien pourquoi ce roman fait tant réfléchir. L'intrigue n'est peut-être pas bien épaisse, mais ce n'est pas vraiment le propos. Quand on parle de vie et de mort, il suffit de sonner authentique et avec ce roman, Maravélias a des émotions véridiques à revendre, de celles qui vous collent de gros frissons.

Un vrai choc frontal.
Lien : http://gruznamur.wordpress.c..
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"Mes veines sont comme un fleuve tari, une rivière asséchée et parsemée de cailloux, où la roche affleure, une terre devenue stérile et dure. Elles forment de longues cicatrices qui ne véhiculent plus aucune vie. Ce sont les routes sombres de mon passé que mon sang a désertées."

Je n'ai jamais eu envie de me droguer, mais si je l'avais eu, ce roman m'en aurait dégoûté à tout jamais !

C'est le genre de livre à offrir à une personne qui vous dirait que goûter là a poudreuse le tenterait bien, "juste pour essayer, parce que lui, il saura résister et pas recommencer, pas comme tous ces camés qui n'ont aucune volonté"…

Mettez-lui ce livre dans les mains ! Il est rempli de gens qui voulaient "juste essayer une fois" et qui y sont resté pour toujours, passant des bras de la blanche pour ceux de la faucheuse.

Une fois de plus, un roman noir… mais cette fois-ci, rempli de poudre "blanche".

Si la poudreuse peut-être coupée avec tout et n'importe quoi (strychnine !), le roman, lui, il est pur ! C'est de la bonne, de celle qui arrache et qui te marque à tout jamais, comme "L'herbe bleue" m'avait marqué à vie à l'âge de 16 ans, horrifiée que j'étais de voir qu'ils étaient prêt à tout pour avoir leur came.

Franck "Eckel" est un camé et il est au fond du gouffre, en ce 12 septembre 1999. Il a besoin de sa dose, comme tous les jours, depuis des lustres. Nous le suivrons lors de ses achats et nous écouterons ses pensées. Rien ne nous sera caché ou épargné.

Comment il en est arrivé là ? Il vous le racontera, sans édulcorants, avec son langage à lui, argotique et sans fioritures.

Franck nous fera vivre les années 80 et l'arrivée de la poudre sur le marché, les toxicos utilisant tous la même seringue, se refilant ensuite le HIV. C'est tout un pan d'histoire qui nous est conté, ici. Et il m'a fait frémir.

S'il a commencé "petit", Franck est vite monté vers de la "dure" et dans les doses, n'hésitant pas à prendre des médocs pour avoir son shoot, à cambrioler des pharmacies ou à devenir dealer pour se faire du fric et avoir ses doses à lui.

Volant, agressant, mendiant, implorant,… faisant tout ce qui est possible pour avoir son shoot dans les veines.

Il n'y a pas à dire, un toxico en manque, ça ne manque pas d'imagination pour se procurer sa dope, de l'argent ou le matos pour s'injecter la petite mort dans ses veines.

Ce qui frappe, dans ce roman, c'est la réalité avec laquelle il est écrit ! Tel un Edward Bunker nous parlant de la taule, Maravélias nous parle du milieu des toxicos comme si on y était. Des décors environnants jusqu'à la déchéance des corps et des esprits, en passant pas la crasse immonde, tout est superbement bien décrit.

Comme je vous le disais, l'utilisation de l'argot et des codes des camés ajoutent au texte une réalité qui vous place au centre du jeu avec autant de réalisme que si vous étiez vraiment.

Pourtant, l'exercice n'était pas facile. En effet, il s'agit tout de même, pour Franck, de décrire des sensations à des lecteurs qui ne les ont jamais ressenties (du mois,, je l'espère pour eux).

Franck n'est pas un personnage que l'on aime, mais on le suit dans sa déchéance, lui, ou les autres, les filles n'ayant pas honte de se prostituer ou de sucer contre une dose. du liquide contre de la poudre…

On a beau ne pas les aimer, savoir qu'ils sont là de par leur volonté – ou par leur manque de volonté – on a mal pour eux, mal de les voir s'enfoncer de plus en plus profondément, sans espoir de retour, dans les sables mouvants que sont les drogues.

"Mon his­toire n'est qu'une suite d'exemples de mon in­com­pa­rable connerie" nous avouera même Franck. C'est vous dire que même lui, drogué jusqu'à la moelle, a encore de la lucidité de temps en temps. Mais il aime trop les sensations que les drogues lui procurent.

Mélangeant habilement les moments de 1999 et ceux des années 80, c'est dans un voyage fantastique que vous emmènera la plume de l'auteur, jonglant avec les époques, avec les personnages tous plus défoncés les uns que les autres, déambulant tous dans les tréfonds de la société, ayant perdu jusqu'à la moindre parcelle de pudeur ou de raison.

"Elle [la came] nous a obligé à faire des horreurs pour pouvoir profiter d'elle et en tirer du plaisir. Elle a fait de nous des parias. Des malades asociaux et violents. Elle a fait de Carole une pute. Sa putain exclusive".

Le ton du texte est juste aussi… Franck a beau être camé jusqu'au sourcils, il reste logique dans ses pensées. Il ne se trouve pas d'excuses, mais il sait le prix qu'il devra payer pour ce qu'il a fait circuler dans son corps.

Quant au final, s'il ne vous arrache pas une larme, je n'y comprends rien. Là, j'ai eu mal. Une douleur sans non quand j'ai compris en même temps que Franck que…

Un texte fort qui se dévore d'une traite – comme d'autre snifferont d'une traite leurs rails de coke – ne vous laissant pour séquelles que le souvenir de toutes ces ombres que vous aurez croisé dans ses pages. Ombres, qui, comme la Blanche, vous laisseront un grand vide lorsque vous refermerez ce livre et vous hanteront comme la fugueuse de "L'herbe bleue" me hante encore.

"La faux soyeuse" porte bien son nom. le jeu de mot est habile, subtil, magnifique et aura le mérite de mettre en garde les imbéciles crâneurs contre cette fossoyeuse !

Lien : http://thecanniballecteur.wo..
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Je referme ce livre en pleurs, sous le choc, chamboulée, perturbée, bouleversée...
Je suis envahie par un tourbillon d'émotions, des sensations qui me sortent de tous les pores, qui me parcourent le corps... impossible de lâcher prise... mon coeur cogne fort, mon estomac est noué, mon esprit digère toute cette saleté et j'ai mal....mal aux tripes! Je pense ne jamais avoir été si profondément touchée par un livre... la preuve, mes larmes coulent encore!
Je viens de vivre une descente au fin fond de l'enfer, une immersion totale dans la vie d'un jeune toxicomane. Cette histoire m'a fait sombrer dans cette défonce jusqu'à atteindre la déchéance humaine, la décrépitude de l'âme, l'anéantissement de l'esprit, quand la seule chose qui vous retient à la vie est « avoir sa dose », quand la seule peur qui vous tiraille est « d'être en manque »!
L'écriture de cet auteur n'est ni coupée, ni diluée, c'est la pure, de la dure tout en étant divine! Elle est si réaliste qu'elle a mis en branle chacune de mes émotions, chacun de mes cinq sens et la moindre parcelle de mes cellules. Les sensations ressenties lors de ce shoot ont été décuplées et dévastatrices, jamais je ne m'étais sentie aussi proche d'un personnage, j'ai senti le mal s'insinuer en lui, couler dans ses veines et envahir son esprit. J'ai vécu ses tourments, ses peurs et ses manques. J'ai partagé ses pensées, ses regrets ainsi que ses angoisses. J'ai été émue par son mal être, sa culpabilité, sa peine...
J'ai été touchée de plein fouet par son histoire, j'ai eu envie de le prendre dans mes bras, de le serrer très fort....et de lui dire que je l'aimais.
Je dois vous avouer que je suis tombée littéralement amoureuse de la prose de cet auteur, c'est un véritable génie des mots!
On ne lit pas son livre..on le vit!
Lien : http://frissonsfoumette.cana..
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critiques presse (1)
Actualitte
08 novembre 2016
Soyez prêt ! Ce roman est une plongée radicale dans les profondeurs d'un corps et d'une âme, dévastés par la drogue, défigurés par le manque et la dépendance (...) et dont la vie s'échappe sans douceur.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Mon quartier me ressemble, ou peut-être est-ce moi qui, peu à peu, par une espèce d'osmose, l'ai rejoint dans la décrépitude. Délabré, sali, abandonné à son triste sort, il couve en son sein des embryons de haine et de désespérance qui s'épanouissent sous l'influence de maîtresses perverses. Le peur et l'indifférence. Mon paysage, fait de tours immenses et ternes, de cités en perdition, abrite une humanité malade et désenchantée, juxtaposition de détresses sans fin, jusqu'à l'extrémité du ciel où l'horizon côtoie les fumées grises et les pigeons malades. Où que se portent les yeux, ce ne sont que fractures et précipices. Amas de blocs ternes sur le flanc des collines, de béton et d'acier, tous ces regards de verre, fenêtres alignées sur un monde aveugle. Quelques étendues autrefois vertes et sauvages résistent encore, vivant à peine, mornes, vite investies par les détritus, les junkies et les bagnoles volées. Et puis, tôt ou tard, des machines en fer, grues et camions, finiront d'anéantir les vestiges de nos souvenirs d'enfants, enterrant sous les murs de béton les dernières traces de nos pas dans l'herbe, l'ultime écho de nos rires. Toute cette insouciance. Le passé ne sera plus très vite qu'un lointain mirage, une chimère échouée sur le sable et noyée sous le flot impitoyable des jours qui s'enchaînent et nous lient.
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Vers huit heures, s'amenaient les accros de service. Les yeux mouillés et le teint ocre, ils n'avaient pas besoin de commander. Léon connaissait leurs habitudes. Leurs préférences. Il déposait devant eux un ballon de rouge ou de blanc, rarement un demi, et il les observait porter le verre à leurs lèvres d'une main tremblante. Certains étaient contraints de se pencher sur le bar, incapables qu'ils étaient de soulever le ballon sans tout foutre par terre. Alors, le premier verre sifflé et un peu apaisés, ils s'imbibaient méthodiquement jusqu'à reprendre une apparence plus ou moins humaine. À partir de là, ils redevenaient presque eux-mêmes et se mettaient enfin à parler, sourire, pleurer. À vivre, quoi. Il y en a dans tous les bars, des comme ça, et à les voir, on ne trouve pas de grandes différences entre eux et les camés. Dope ou biberon, à grosses doses, c'est du pareil au même.
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Le corps a sa mémoire. Une excellente mémoire. Et l'esprit, lui, est sélectif. Il balaie les mauvais souvenirs d'un revers du temps, en quelques années, quelques mois, parfois. Mais il se rappelle le plaisir à jamais. Et plus le plaisir est intense, plus la douleur de sa perte est violente. Si on y réfléchit un peu, on comprend que les choses sont bien faites, car si la mémoire de cette douleur demeurait aussi vive que celle du plaisir, on ne pourrait pas le supporter.
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Nous nous étions plongés corps et âme dans une quête illusoire, et celle-ci coûtait un max. À la recherche de quoi ? Aujourd'hui, je dirais simplement de nous-mêmes. Dans cette recherche, cette quête, un endroit nous fascinait, sûrs que nous étions d'y trouver toutes les réponses à nos questions.
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C'est la fin de la journée et le soir ne va pas tarder à tomber. J'ai toujours eu l'appréhension de ces instants, suspendus entre le crépuscule et la nuit, aux accents douloureux de la nostalgie, de la mélancolie. Ils font naître en moi une sourde peine, un sentiment de désastre, de gâchis infinis.
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Vidéo de Eric Maravelias
[BOÎTE À QUESTIONS] #3 :
À l'occasion de la fête du livre de Radio France, c'est le génial Éric Maravélias, l'auteur de l'exceptionnelle "Faux soyeuse" qui s'est prêté au jeu de la boîte à question. ... Afficher la suite ? avec Eric Maravelias, à Groupe Radio France.
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