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EAN : 9782213682358
288 pages
Fayard (19/08/2015)
4.25/5   14 notes
Résumé :
« L’école, ce n’est pas que des polémiques sur la méthode globale, le poids du cartable ou les rythmes scolaires. Ce sont aussi et surtout des cœurs qui battent, de l’humanité par poignées : enfants chargés d’émotions, instits emplis de convictions, de bienveillance mais aussi de doutes, parents avides de certitudes et de sens.
Ce petit monde qui fait l’école de tous les jours, je le raconte à travers une année scolaire dans des chroniques tour à tour amusées... >Voir plus
Que lire après Vis ma vie d'instit': Les 1001 histoires de ma classeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Il y a quelques semaines, je vois passer sur mon fil d'actualité FB, une publication émanant de la page "L'instit'humeurs" à laquelle je suis abonnée et qui portait sur l'extrait d'un livre, ce livre.
Séduite par ce que je venais de lire, je me suis empressée d'acheter le bouquin, sous le prétexte fallacieux de l'offrir à mon fils. Oui... parce que lorsqu'on a une "Pile-A-Lire" aussi conséquente que la mienne, on se sent un peu obligée de justifier chaque nouvelle acquisition et, comme ce livre ne m'était pas destiné, je l'ai donc lu dès sa réception.

L'Ecole a tenu une place très importante à trois périodes de ma vie. Ne voyez dans ce qui va suivre aucun jugement de valeur du type : "C'était mieux avant" ou "Il était temps que ça change", mais plus modestement une simple évocation de faits.

Née en Novembre 1953, ma scolarité élémentaire se situe donc entre 1959 et 1964. J'ai précisé mon mois de naissance car, à cet âge de la vie, il est à prendre en compte sur le plan de la maturité, forcément en décalage par rapport à l'ensemble de la classe. D'autant qu'à cette époque, à Paris, il n'était pas rare que les classes soient constituées d'une quarantaine de petites élèves. Je dis "petites" car la mixité n'existait pas dans les écoles des grandes villes. Aucune familiarité ni complicité n'étaient envisageables avec l'enseignant, d'ailleurs juché sur une estrade d'une trentaine de centimètres.

Paramètre important, les parents "n'entraient" pas dans l'Ecole et rares étaient ceux qui avaient ne serait-ce que la disponibilité de venir chercher leur enfant à la sortie. Nous rentrions à pieds, entre copains, notre cartable à la main. On ne discutait pas la parole de l'enseignant, pas plus que l'enseignant ne jugeait du travail de la boulangère ou du tourneur-fraiseur. C'était chacun son métier et les vaches étaient bien gardées.
J'insiste sur ce point car à cette époque, lors d'un barbecue ou ailleurs, Lucien Marboeuf n'aurait jamais été harcelé par un dindon prétentieux qui - sous prétexte qu'il vient chercher sa fille chaque soir, a lu un ou deux articles dans un journal réac, ou peut-être même adhéré à une association de parents d'élèves - s'autorise à pérorer sur un sujet qui le dépasse.

Je retiens de cette époque l'étrange impression que les instits avaient une classe mais... pas d'élèves. J'entends par là que les spécificités de chacun n'étaient pas prises en compte. Une classe était perçue comme un ensemble homogène, d'une égalité parfaite : tous les mêmes chances, tous le même potentiel. Et pas de quartiers pour celui qui trébuchait ! En témoigne ce mot de l'institutrice à mes parents :
"Monsieur, Madame,
Je vous communique à nouveau le cahier de votre fille pour que vous preniez connaissance de son travail. Rien qu'en regardant l'écriture (si on peut appeler cela écrire) vous vous rendrez compte qu'elle se moque totalement des conseils et des punitions, puisque tous les jours ce sont les mêmes griffonnages. Si cela persiste je serai obligée de ne plus m'occuper de son cahier où je ne vois jamais aucune application mais seulement les signes de l'indifférence, de la paresse et de la mauvaise volonté la plus évidente.
L'institutrice."
C'était le 3 Octobre 1959, je venais d'entrer en CP et n'avais pas encore 6 ans !

La seconde période se situe de 1990 à 1995, scolarité élémentaire de mon fils, cette fois. Les choses avaient changé à tous points de vue et j'ai pris un plaisir immense à suivre ses devoirs ou participer aux réunions de parents d'élèves, mais toujours dans un esprit constructif, sans jamais remettre en cause la compétence des enseignants. Et cela non pas parce que je leur vouais une admiration béate - pas plus qu'au médecin ou au garagiste, d'ailleurs - mais tout simplement parce qu'ils ne m'ont jamais donné de raisons de le faire.

Quant à la troisième période, c'est depuis trois ans et pour longtemps, à travers mon fils devenu, par un choix mûrement réfléchi, Professeur des Ecoles - Instit, donc.
Autant vous dire que c'est précisément dans cette troisième période que j'ai perdu toute objectivité et saute systématiquement à la gorge de n'importe quel inconscient qui s'aviserait, devant moi, de critiquer sottement les enseignants - et par conséquent, mon p'tiot (sourire... Mais méfiez-vous quand même ;) )

Quant à ce livre, je ne saurais trop vous le recommander. Il est non seulement édifiant par les informations sérieuses qu'il nous transmet mais, de plus, l'humour, la bienveillance, l'humilité, l'implication et l'humanité de Lucien Marboeuf m'ont énormément touchée.
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Lucien Marboeuf nous entraîne dans sa classe de CE1 pour nous faire partager une année de la vie d'un instit. On y découvre les élèves en difficultés et leurs progrès (ou non), les programmes à boucler difficilement, les rythmes scolaires, les relations avec les parents mais aussi le regard des autres sur ce métier pas toujours facile mais grandement enrichissant.


Si le propos est intéressant, la lecture fluide et facile et les remarques sur les grandes problématiques de l'école souvent très pertinentes, j'ai parfois regretté que l'introspection prenne autant de place. L'auteur passe énormément de temps à se remettre en question sous nos yeux concernant son métier, sa manière d'enseigner mais aussi sa façon d'aborder tel ou tel problème. Ne connaissant par le blog de l'auteur, et donc son style, je m'attendais probablement à autre chose de cet ouvrage, peut-être plus dans l'anecdote venant illustrer différentes situations au vu du sous-titre "les 1001 histoires de ma classe".


Reste que c'est un témoignage édifiant sur ce qu'est l'enseignement en école primaire et que Lucien Marboeuf parvient à nous faire partager son quotidien avec beaucoup de lucidité et de bienveillance, d'humour aussi. On devine un instit investit dans son métier et dans ses élèves, qui semblent bien le lui rendre.
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L'histoire/Le sujet : Suivre un instit' dans son quotidien, avec ou sans les élèves, dans ses doutes et ses colères, dans ses satisfactions, ses joies aussi. Voilà une très bonne idée pour faire comprendre ce qu'est vraiment ce métier ...

Le style : Voici un témoignage qui se lit comme un roman. L'auteur y raconte son quotidien avec une très belle plume, pleine d'humour et de tendresse. Très agréable à lire.

Et la couverture alors ? Une couverture évidente ... Et amusante !

En conclusion ? Je suis le blog de Lucien Marboeuf, via sa page Facebook depuis un bon moment déjà. J'apprécie sa plume et sa façon de voir le métier, très proche de la mienne. Il allait de soi que je plonge dans son ouvrage, et que j'y retrouve son quotidien.
Ce livre se lit comme un roman, chaque chapitre reprenant une période ou une problématique de l'enseignement. On y trouve certains personnages récurrents, certaines situations "à suspens", mais surtout, surtout, on y retrouve un quotidien que l'on vit aussi, quand on est enseignant. Et c'est en cela que ce livre m'a beaucoup plu.
Bien que ne travaillant ni dans la même ville, ni même dans la même académie, je me suis rendu compte que ce que je pouvais vivre, ressentir, que les coups de gueule que j'ai pu pousser jusqu'alors ne me sont pas propres, et ne sont pas propres à l'école où j'enseignais jusqu'en juin. Cela permet à la fois de relativiser et de se sentir moins seule dans cette galère. Mais cela peu aussi poser question quand à la profession et à son évolution, pas toujours positive.

Bref, j'ai beaucoup aimé ce livre, même s'il m'a plongé dans un certain quotidien dont je me suis un tout petit peu éloignée en changeant de fonction (certains aspects de l'enseignement, comme la "paperasse", les rencontres de parents, les carnets, sont beaucoup moins présents lorsque l'on est remplaçant). J'ai beaucoup apprécié la plume de Lucien Marboeuf, vive et pleine d'humour, jamais plaintive même dans l'épreuve. Un beau témoignage sur les réalités de notre métier, à mettre entre toutes les mains, pour en montrer aussi bien les joies que les travers.
Lien : http://sofynet2008.canalblog..
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Etat des lieux du métier de professeur des écoles (voir son blog : http://blog.francetvinfo.fr/l-instit-humeurs/) et description sans langue de bois avec un peu d'humour et de dérision de la vie d'un instit, ce livre s'adresse à tout le monde
•les parents, les grands-parents, etc …
•tous ceux qui veulent savoir ce qu'est, pour de vrai, ce métier, loin des clichés et des débats stériles (voir les échanges Twitter suite à son passage chez G.BOURDIN le 31 août 2015, affligeants ou juste reflet de la division que la société actuelle développe entre les citoyens ? …)

On ne dira jamais assez que les bases de français sont incontournables : un demandeur d'emploi maitrisant l'orthographe de son CV a 60% de chances d'être convoqué à un entretien !


Lien : https://mesmadeleines.wordpr..
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Un livre qui devrait trôner sur le bureau de chaque ministre de l'Education ! Déroulant le fil d'une année scolaire, Lucien Marboeuf nous décrit ses relations avec ses élèves, ses difficultés à exercer son métier, les relations parfois ubuesques avec les parents ou les incohérences de l'administration. Avec humour, tendresse, sans langue de bois mais sans méchanceté, il dresse un état des lieux de l'éducation aujourd'hui. Pour les parents, c'est l'occasion de mieux comprendre le métier de ceux à qui ils confient leurs enfants 8 heures par jour ; pour les profs ou ceux en devenir, c'est un excellent état des lieux de leur métier ; enfin, les adultes retrouveront avec nostalgie l'atmosphère de l'enfance. Et comme en plus le livre se lit avec plaisir…
Lien : https://www.reseau-colibris.fr
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Je ne l’ai pas vu venir, tout détendu que j’étais, les poumons remplis de frais, une belle herbe verte et grasse sous le pied et un verre de coteaux-du-layon, ambré et vif, à la main. Il m’a demandé, comme on le fait dans ces cas-là, quand on se veut liant, ce que je faisais, bien sûr j’ai répondu instit, comme si je ne faisais que ça dans la vie, il m’aurait demandé ce que j’étais, je lui aurais répondu instit, comme si je n’étais que ça dans la vie – c’est fou l’importance sociale que peut avoir le métier.

Son air, ce quelque chose dans le regard quand j’ai dit instit, m’a mis comme un léger doute – un nuage sur les côtelettes d’agneau, comme un goût de bouchon dans mon layon. Il a pris une mine entendue.
« Instit… Je me trompe où ce n’est plus pareil qu’avant, le métier d’instit ? »
Dans ces cas-là, toujours laisser venir. De toute façon, j’avais la furieuse impression qu’il ne faisait que commencer.
« Je veux dire, de l’extérieur on a l’impression qu’il n’y a plus la même passion, dans ce métier, plus le même enthousiasme. Avant, les instits se donnaient corps et âme à leur travail, qui était tout pour eux, mais maintenant, il n’y a plus la vocation…
– Je n’en sais rien, lui ai-je répondu, je fais ce métier depuis une dizaine d’années, je ne peux donc pas comparer, et pour ce qui me concerne je n’ai jamais eu la vocation, en effet. Ce qui ne m’empêche pas d’aimer beaucoup ce que je fais, de le faire bien, je crois, et d’avoir ma vie à côté. »
Il a souri. Je commençais à entrevoir où il voulait m’amener, le bougre. Il a repris où il était, comme si je n’avais rien dit.
« Un exemple : la semaine dernière j’allais chercher mon fils à l’école, et devine qui je croise sur le chemin ? Son instit, dis donc ! J’ai regardé ma montre, il était 16 h 32, les gamins étaient encore à la porte de l’école et elle filait comme l’éclair ! Tu vois, ça me choque, personnellement. À mon avis, un instit d’avant n’aurait jamais fait ça. »
Les picotements, le long de ma colonne vertébrale. Il commençait à me chauffer, avec son instit en blouse grise.
« Écoute, j’ai dit, l’école termine à 16 h 30. Quand je dois aller chercher mon fils, je ne veux pas être en retard, alors à 16 h 32 je suis dans la rue moi aussi, histoire d’être à son école à lui pour 17 h 30. Je l’ai laissé à 7 h 30 au centre de loisirs et j’estime qu’après la journée de dix heures qu’il vient de s’enfiler, il a bien mérité que son père s’occupe un peu de lui, et de passer avant les enfants des autres, pour une fois.
– L’instit de mon fils n’a pas d’enfant…
– La maîtresse de ton gamin, tu la vois partir parce que tu es là à cette heure-là ! Mais tu es où quand elle part à 18 h 30 après deux heures de corrections ? À 20 h 30, après un conseil d’école ? Quand elle arrive à 7 h 45 pour rencontrer des parents ? Tu vois la partie émergée de l’iceberg et tu cries “un glaçon !” T’inquiète, va, elle les fait ses 35 heures, et même plus. »

Il a sorti sa vapoteuse, calmement. D’habitude ce truc me fait penser à un calumet de la paix, mais là, non, ça m’a plutôt paru l’inverse.
« À vous écouter, les profs, on dirait que vous bossez douze heures par jour. Il faut arrêter, en primaire vous avez 24 heures de boulot par semaine, trois ou quatre heures de correction en plus, deux semaines de vacances toutes les sept semaines et deux mois en été.
– Primo, c’est pas trois ou quatre heures, comme tu dis, c’est plutôt dix ou quinze heures de correction et de préparation, pour ce qui me concerne, et encore, ça, c’est maintenant, parce que je connais mon boulot, au début c’était beaucoup plus. Deuzio, les vacances, crois-moi qu’on les paie au prix fort, je donnerais volontiers quelques semaines pour qu’on arrête de me casser les bonbons avec ça dans un barbecue, par exemple. »

J’avais dû monter d’un ton sans m’en apercevoir, plusieurs convives nous regardaient, et j’ai croisé le regard de ma belle qui m’a interrogé silencieusement. Je lui ai fait mine de ne pas s’inquiéter, que tout allait bien, la preuve : je me suis resservi du layon. Cette discussion, je l’avais déjà eue plusieurs fois, sur les réseaux sociaux, dans des termes équivalents, ou avec des amis, sur un mode nettement plus compréhensif et constructif. Avec le temps, j’avais pris soin d’affûter mes lames.
L’autre idiot a repris, en changeant d’angle. J’aurais droit au catalogue complet.
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D'abord, je constate une fois de plus que chacun a un avis sur l'école, sur ses contenus les plus précis et sur la manière même d'aborder les apprentissages. Je ne sache pourtant pas qu'il existe un tronc commun universel en sciences de l'éducation et pédagogie !
Je suis toujours étonné de ce que je considère comme une forme de déni de professionnalisme, comme si notre savoir et notre savoir-faire étaient à ce point évidents qu'on pourrait leur opposer une "opinion".
Vais-je voir le boulanger pour lui conseiller telle levure, le maçon, tel ciment ? le pilote de l'avion pour lui proposer un plan de vol, l'ingénieur informatique pour lui suggérer tel protocole ?

Je comprends l'entraîneur sportif qui, après une semaine passée à étudier l'adversaire sur vidéo, à potasser les données biométriques de ses joueurs sur les huit dernières semaines, puis à mettre au point une stratégie, à composer une équipe en fonction de l'adversaire et des caractéristiques de ses joueurs, de mille autres choses que lui seul sait, le jour du match voit son expertise balayée par le premier supporteur qu'il croise et qui lui dit "il fallait mettre Tartempion à droite !".
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D'une part, il arrive que, si on ne voit pas le sens d'une notion, la logique d'une étape, ce n'est pas forcément qu'elles n'en ont pas, c'est juste qu'on ne les voit pas.
D'autre part, si l'école doit évidemment préparer les élèves à un métier et leur donner les principales clés pour être opérationnels dans la société, elle doit aussi leur apporter bien plus que ce qui leur sera "utile", elle doit enrichir davantage que du "nécessaire" - sinon on peut se passer de littérature et se contenter de lire des recettes de cuisine ou des notices.
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