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EAN : 9782358730440
304 pages
Le Bruit du Temps (23/10/2012)
4.38/5   4 notes
Résumé :
Après un séjour d’une année à Slavgorod, ville de l’Altaï où il a été assigné à résidence à sa libération du camp, Margolin est rapatrié au printemps 1946 vers Lodz et Varsovie avec d’autres victimes polonaises des déportations staliniennes, pour regagner à l'automne Tel-Aviv en tant que résident de la Palestine mandataire, en passant par Paris et Marseille. Le récit de voyage, qui avait fourni le schéma pour relater l’expérience du Goulag, modèle également le retou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Interné au goulag pendant cinq ans, Julius Margolin en est libéré en juin 1945. Après un an d'assignation à résidence à Slavgorod dans l'Altaï, il entreprend son retour vers la Palestine où l'attend sa famille. Ce voyage qui dure plusieurs mois l'amène à traverser toute l'Europe jusqu'à Paris puis Marseille, avant d'embarquer pour son pays.

Ce Livre du retour est en fait une compilation de textes parus dans différentes revues. La première partie, le chemin vers l'occident, regroupe des récits des étapes de son retour. Il prend conscience qu'un monde a disparu, celui des shtetl et de la vie juive d'Europe de l'est et il est convaincu que le sionisme est la seule solution pour les Juifs.

Il profite de la vie. A Marseille, par exemple : "J'allais au cinéma pour voir Marlene Dietrich et Fernandel. En cet automne 1946, la France vivait dans la pénurie, mais je ne m'en apercevais pas : pour moi c'était l'abondance. A minuit, je mangeais des sandwiches dans la rue et faisais la queue pour acheter des marrons grillés."

Sur le bateau qui le ramène vers la Palestine, il entreprend la rédaction de Voyage au pays des ze-ka. Il sait que son expérience en Sibérie l'a marqué à jamais : "Nous autres (...) qui avons laissé un bout de notre coeur dans les camps et les lieux de relégation, possédés que nous sommes à tout jamais par le fantôme du passé, un passé qui survit dans le présent."

La deuxième partie, Huit chapitres sur l'enfance, est celle qui m'a le plus touchée. Il s'agit des premiers chapitres d'une autobiographie jamais terminée. Julius Margolin y présente une enfance aux confins de la Russie et de la Pologne, ballotée de poste en poste au gré des mutations d'un père caractériel. Ce sont surtout les sentiments qui sont racontés. La honte, petit, devant les colères de ce père, puis le mépris à l'adolescence, enfin la pitié. Il y a aussi de superbes descriptions du cadre de vie, c'est fort bien écrit et ça donne un sentiment de nostalgie.

"Dans mon souvenir, cette vieille synagogue se dresse encore comme un chêne géant en pierre blanche. A l'automne, au pied de sa muraille, des marchandes emmitouflées sont assises dans la gadoue avec leurs paniers recouverts de serviettes. Dans les paniers, des épis de maïs chauds, tout dorés. Son odeur douce et humide, semblable à celle du chaudron dans lequel on fait bouillir le linge à gros bouillons, est entré dans mes narines dès mon enfance pour y rester toute ma vie : l'odeur de Pinsk qui rappelle les ruelles aveugles, les murs de guingois, les fenêtres à double vitrage où, l'hiver, on met du coton et de petits gobelets multicolores."
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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critiques presse (2)
Telerama
12 décembre 2012
Ce livre, tendu par l'écriture magnifique de Margolin, témoigne d'une période où un homme tente de se reconstruire avec dignité.
Lire la critique sur le site : Telerama
Liberation
19 novembre 2012
Huit brefs et merveilleux chapitres d’enfance, publiés à la fin du livre, sont les traces d’une autobiographie avortée.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
C'est quoi, l'Orient ? demanda alors notre hôte.
L'Orient de notre époque est très loin des contes arabes ou soviétiques. C'est le fanatisme de masse, bestial, aveugle, impitoyable envers l'allogène. L'Orient, c'est le fait de s'aplatir devant le Collectif. C'est un Nous avec un grand N. Sa Majesté le Parti, Sa Majesté le Peuple Elu, Sa Majesté la Classe Elue, et Mort aux Infidèles. De nos jours, plus une personne est faible, démunie, seule, plus elle est tentée de se mettre sous la protection d'un grand Nous oriental.
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J'avais derrière moi les années de guerre, la déportation, la Sibérie, des années de détention dans des prisons et des camps soviétiques. Ceux qui s'inquiétaient y avaient laissé leur vie. Les nerveux, les personnes qui avaient du mal à s'adapter avaient péri, tandis que nous autres les survivants avions appris à considérer la cruauté absurde et la bestialité obtuse comme des phénomènes ordinaires et naturels, comme une norme de ce monde. S'il m'arrive d'être étonné et sincèrement ému, c'est chaque fois que je me trouve face à un acte de bonté, une attention à l'humain, une manifestation de l'intelligence et de l'humanité dans les relations sociales.
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"Aucun homme ne sait ce qu'est l'Etat s'il n'a pas été en prison", a dit Tolstoï. Je pense qu'aucun homme ne sait ce qu'est l'Etat s'il n'a pas été dans une prison soviétique.
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