AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Il'â Grigor'evic Èrenburg (Éditeur scientifique)Michel Parfenov (Traducteur)Vasilij Semënovic Grossman (Éditeur scientifique)
EAN : 9782742706235
1129 pages
Actes Sud (04/01/1999)
4.31/5   16 notes
Résumé :

Le 22 juin 1941, les troupes allemandes envahissent l'union soviétique. " L'opération Barberousse ", aux yeux d'Hitler, le début de la guerre d'anéantissement du " judéo-bolchevisme ".

Alors que son armée est obligée de reculer, Staline accepte la création d'un Comité antifasciste juif. Au cours d'une tournée aux Etats-Unis, une délégation de ce comité rencontre Albert Einstein qui suggère que soient désormais consignées dans un " livre n... >Voir plus
Que lire après Le livre noir. Textes et témoignagesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
GLAÇANT, HORRIFIANT, MAIS NÉCESSAIRE POUR « SAVOIR »



Voici un livre qui me hante, qui me pèse. Un livre qui est toujours horrible à lire, qui me tord les viscères, mais qu'il est nécessaire de lire : c'est pour cela que j'ai besoin de vous en parler. Je ne peux pas ne pas parler de cet ouvrage. Il est de cette sorte de livres écrits « afin que cela ne se reproduise jamais », « pour ne pas dire que l'on ne savait pas ». le « Livre Noir » compile des faits vieux de 75 ans désormais, mais il est aussi un recueil également très lourd : lourd de témoignages qui emplissent 1100 pages. Edité en 1995, réédité en 1999, il est republié en 2019.

Jouons cartes sur table : les génocides sont nés avec la civilisation, et je ne crois pas qu'une seule de ces « civilisations » au fil de l'histoire n'aient pas un jour « génocider » ses voisins. Après les juifs, tziganes, communistes, handicapés et autres victimes des bourreaux nazis, d'autres génocides ont eu lieu au cours du XXème siècle : tout le monde dit ne pas répéter les massacres, mais les dirigeants les reconduisent à l'envi – même par idéologie et politique. Les USA – la grande démocratie, phare du monde, qui fait la paix à coup de bombes, mais qui n'a pas délivré l'Europe – ont même fait péter deux villes japonaises avec leur feu nucléaire, et ont failli ensuite vitrifier la Corée. Ils ont aussi, juste après guerre, récupérer des centaines de scientifiques… nazis !
Partout dans le monde et de tous temps, les peuples se sont entre-tués, ciblant des populations particulières cela est vrai. Cela est un premier point. Cependant, avec une telle lecture, on est en mesure de penser que les juifs, si blasphémateurs (lire le blasphématoire livre de Jean-Pierre OSIER – Les évangiles du Ghetto. Comment les juifs se racontaient Jésus) et usuriers qu'ils puissent être, voire déicides, avec leur étrange religion coutumes et rites d'une autre époque, n'ont pas mérités la moindre mort. Rien ne justifie jamais le meurtre de quiconque. Un châtiment, le bagne, la prison oui. Mais chaque vie est pardonnable.

Et dans ce génocide hitlérien conté dans « le livre Noir » – puis dans le stalinien (Staline battit tous les records en nombre de morts) – les juifs ne furent pas la seule population ciblée, mais celle principalement ciblée. Et les camps de travail, les camps de concentration et les camps d'extermination ont bel et bien exister, et pas seulement pour les hébreux. Ce débat-là ne m'appartient pas, mais on ne peut nier ces faits.

On ne peut nier non plus la gigantesque barbarie, la psychopathie, le détachement digne de toxicomanes écervelés, et l'insensibilité inhumaine dont firent preuve les Einsatzgruppen, « troupes de camps d'extermination mobiles ». Car ce que l'on vit avec ces récits – outre l'avancée des Allemands dans les territoires d'Europe centrale et orientale, tandis que le front allemand combattait les Russes – ces que ces troupes de la mort allemandes tuent, une fois l'armée passée, sans façon, à coup de crosse parfois mais surtout avec une balle dans la nuque (la « Shoah par balles »), envoyant femmes et mères, enfants et vieillards, handicapés puis hommes valides dans des fosses profondes de sept mètres qu'ils remplirent à ras-bord… puis qu'ils durent vider afin de brûler ces corps, et ne laisser que d'immenses tas de cendres humaines mêlées de cendres de bois et de suie de gas-oil… Hitler et son organisation souhaitaient effacer les traces de leurs exactions. Mais les témoignages de ce Livre Noir ont rétablis la vérité.

On voit dans cette encre noire ces images des nazis vidant, peu à peu, les ghettos de leurs milliers et dizaines de milliers, puis de millions de juifs devenus « inutiles » (les hommes solides vont travailler dans les usines allemandes pour l'effort de guerre : ce sont les sonderkommando), qu'ils abandonnent dans un état de survie permanente, car ils n'ont droit à… rien. Les juifs pourrissent et meurent à petit feu dans leurs ghettos.

On a toutefois le bonheur de voir des résistants juifs s'alliant à des communistes et menant des actions de sabotage et de vols de munitions et nourritures. Des hommes et des femmes mettent leurs vies en jeu (et celles des autres du coup, car les SS tuent « pour l'exemple » et se vengent « au centuple ») afin de combattre l'ennemi et de sauver leurs proches. Bien des adolescents s'engagent, ayant perdus leurs familles entières. Bien des artistes également, qui finissent par organiser, eux, une vie artistique au sein même du ghetto. Mais la vie spirituelle a vite disparu : avec les vélins des torahs, on a fait des sandales. Tout est volé aux juifs – tous leurs biens, toutes leurs richesses et leurs ustensiles cérémoniaux – qui sont rassemblés et parqués dans ces ghettos, abandonnant tout derrière eux : et ceux que l'on expulse de leurs immeubles qui deviendront ghettos, prennent de fait les appartements et maisons abandonnées par les juifs sur ordre des SS.

Dans ma lecture, j'ai pioché de-ci, de-là, car c'est insoutenable et j'ai souvent posé le livre pour reposer mon coeur de ces infâmes horreurs. Je n'imaginais pas tout cela, je n'étais pas niais mais disons que je ne le visualisais pas : l'horreur nazie je la savais, mais sans la goûter. Et je la goûte désormais, mais que sur papier . Heureusement pour moi. Nous pouvons prier pour toutes ces victimes de la barbarie nazie.

Je n'ai jamais compris l'intérêt pour la guerre, le meurtre et les meurtriers. Qui sont ces hommes ? Comment peut-on devenir ainsi ? Ce ne sont plus des hommes, ou bien des pantins habités de démons et devenus des monstres.

C'est à lire, absolument. Même si c'est l'enfer, l'horreur et la monstruosité de l'homme. L'humanité a toutefois toujours gagné sur elle.

ZUIHÔ.
Lien : https://livresbouddhistes.co..
Commenter  J’apprécie          100
Le XXème siècle, n'aura pas été celui où l'être humain aura fait un pas en avant dans le bien. Voici, LE LIVRE NOIR, qui décrit par ces témoignages, tout le principe de mise en place et d'application de l'une de ses nombreuses exterminations de ce siècle qui, celle-ci a eu lieu pendant la Seconde Guerre mondiale de 1939 à 1945, contre la population slave et juive d'Europe de l'est.

Le livre noir, offre des témoignages majoritairement de civils qui ont vécu sous la tyrannie esclavagiste fasciste. Il y aussi d'autres témoignages de militaires soviétiques. Qui tous deux ont vécu des souffrances en captivité dans ces '' prisons '' effroyablement pire que l'existence des soldats au front. Et ainsi que le pire pour la fin du livre, quelques rares témoignages de cette schizophrénie de la part des Allemands, qui se déresponsabilisent de leurs faits et gestes, eux qui ont agi en mal, en reportant cela, sur ceux qui ont donné les ordres, en disant : « Ce sont les ordres ». 

Mais petit moins, on ne sait pas comment s'est fait la transition du retour à la vie '' normal '' de tous ces survivants humains qui ont eu leur existence détruite par cette tempête fasciste.


Mais dans cette majorité d'êtres humains qui ont été violentés par le sadisme de leurs bourreaux, il ne faut pas oublier qu'une minorité sur ces millions de gens, se sont rebellé, par des actes héroïques ou suicidaires : de combats, de sabotages, de fuites... en déployant une force surhumaine de survie.
Sans oublier, qu'il y avait, parmi la population alentour, des gens qui pour eux leur devoir étaient d'aider ces gens persécutés par les fascistes, en risquant à leur tour violences et mort. Et qu'il y avait aussi dans cette même population des gens qui pour eux, c'était agir avec bienveillance et, ou par intérêt et, ou par haine de dénoncer ces gens persécutés.


Il y a un fossé immense entre le vécu et la lecture de ces témoignages, que l'unique moyen de comprendre, de compatir est → de le vivre soi-même. Mais hélas ce qu'on vécut ces gens par des sadiques qui par leur statut social et le pouvoir que leur accorde leur uniforme, qu'ils soient militaires, médecins, politiciens, ... ils ont infligé : séquestration, maltraitances, torturent, violences, viols, vols, famines, maladies, peurs, terreurs, humiliations, esclavagismes,... jusqu'à ce que mort s'ensuive, sur des êtres masculins et féminins de tout âge qui ne pouvait pas se défendre. Et ce même genre de gens, continuent encore de nos jours, à faire le mal en toute impunité sur d'innocentes personnes qui en souffrent moralement, psychologiquement et physiquement de cela. Impossibles pour ces victimes en détresses d'avoir de l'aide, ni de combattre, et encore moins de mettre fin à leur existence pour ne plus souffrir de cette bestialité monstrueuse humaine.

Et c'est à se demander pendant et après lecture : Quand l'être humain sera '' intelligent '' ? → pour stopper ces violences humaines … Mais non, non rien n'a changé. Tout, tout à continué.

Так было, так есть и так будет всегда !
Ce fut ainsi, c'est ainsi, et ce sera toujours ainsi !
Commenter  J’apprécie          101
Le Livre noir est une sélection de documents:témoignages,lettres,journaux intimes...sur le génocide de la population juive de 1941 à 1945 dans les régions occupées de l'URSS (Ukraine, Bielorussie, Lituanie, Lettonie) et dans les camps d'exterminations en Pologne (Ponary,Treblinka, Sobibor, Auschwitz).
Le Livre noir, plus de 1000 pages qui vous emplissent l'âme d'une souffrance indicible, des horreurs qui vous glaçent le coeur, un coeur serré par la peine, la tristesse.Des crimes monstrueux qui dépassent l'entendement humain, des images de malheur et de peine qui restent gravées et qui vous empêchent de dormir.
Commenter  J’apprécie          130
Terribles pages d'histoire directe et témoignages bouleversants.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
p.399.400.
À présent, elle était seule dans la forêt, ni mère, ni père, ni frères, ni coreligionnaire. Mais si cela fait peur d'être dans une fosse, dans la forêt, c'est encore plus effrayant de savoir qu'on est environné d'assassins et de bourreaux [les Allemands]. Un seul espoir soutenait Hinka : les Allemands seraient chassés ! Cela lui donnait des forces et elle continuait à aller la nuit au village où des femmes compatissantes lui donnaient en cachette un morceau de pain.
Imaginez un peu ! Une nuit d'hiver, la tempête fait rage, des pins centenaires se courbent sous le vent déchaîné, et sur la neige glisse, solitaire, une petite silhouette à demi nue, avec une croûte de pain serrée dans sa menotte gelée ; elle se hâte de rejoindre sa tannière étroite et glacée pour ne pas être surprise par le jour, pour rester là, tremblante de froid, jusqu'à la nuit suivante.
Nos mitrailleurs l'ont retrouvée là, dans la fosse, dans une forêt proche du village de Golachi, à dix kilomètres à l'est de Zambrov.
''Je ne sais pas si j'ai su faire ressentir cette tragédie comme je l'ai éprouvée moi-même. Lorsqu'elle a terminé son récit, nous autres, soldats, qui en avions vu de toutes les couleurs, avions peur de regarder nos copains en face. Nous avions honte vis-à-vis de cette enfant qu'il y ait encore sur cette terre des salauds portant la croix gammée, que l'auteur de Mein Kampf ne se balance pas encore au bout d'une corde, que le chantre de la haine raciale Alfred Rosenberg soit encore en vie.''
C'est ainsi que se termine le récit de Hinka Vroublévitch transcrit pas l'officier de l'Armée rouge V. Krapivine, qui lui a sauvé la vie.
Commenter  J’apprécie          40
Puisse la mémoire des hommes conserver jusqu'à la fin des siècles le souvenir des souffrances et des morts atroces de ces millions d'enfants, de femmes et de vieillards assassinés.Puisse la mémoire sacrée des suppliciés être le gardien formidable du bien, puisse la cendre de ceux qui furent brûlés interpeller le coeur des vivants pour enjoindre les hommes et les peuples à la fraternité.
Commenter  J’apprécie          80
P.1042.
Moi et quatre soldats nous sommes mis à l'ouvrage, sous la direction de Hossgrebe. Nous placions les Juifs face à la fosse, l'extrémité du canon de nos carabines touchait presque leur nuque. Quelques femmes menaient des enfants par la main. On tuait les gosses en premier. Ça avançait lentement, du fait qu'on faisait venir les gens par groupes de six au plus. J'ai été obligé de tuer parmi d'autres une toute jeune fille. Elle m'a dit en allemand : « Comment pouvez-vous tuer des gens ? » J'ai répondu : « Ce sont les ordres », et j'ai tiré. Ce jour-là, j'ai exécuté en tout vingt-cinq personnes, peut-être davantage, je ne peux pas dire exactement. Les autres en ont tué plus.''
Commenter  J’apprécie          40
C'est seulement lorsqu'on aura créé des conditions de vie non attentatoires à la dignité de l'homme,égales pour tous,qu'on aura assuré leur protection,et qu'elles seront reconnues et ressenties comme une obligation commune à tous les Etats et à tous les hommes,qu'on sera autorisé,dans une certaine mesure,à parler d'une humanité civilisée.
Albert Einstein
Commenter  J’apprécie          80
p.244.
Puis ce merveilleux, cet heureux moment où notre chère Armée rouge vint nous délivrer arriva. Dorénavant, il fallait que j'élève ma cousine moi-même. J'avais des affaires chez ces paysannes, Liéna Mostentchouk, Anna Moroz et Voubski. J'allai les voir pour qu'elles me les rendent, mais en vain. Je leur dis de se mettre à notre place et leur demandait de nous rendre ce que nos parents avaient acquis au prix de rudes efforts, mais elles refusèrent, malgré mes prières et mes larmes. Les autorités de l'Armée rouge se montrèrent, elles aussi, indifférentes. L'année scolaire commençait, mais ni moi ni ma cousine ne pouvions aller étudier, car nous n'en avions pas les moyens. Je devais penser non pas à l'école, mais à nous procurer un morceau de pain. L'hiver arrivait et nous n'avions rien à nous mettre, alors que nos vêtements étaient portés par d'autres que la guerre n'avait nullement éprouvés et qui avaient gardé leurs familles, ce qui n'était pas notre cas.
Nous n'avions toujours pas de nouvelles de Micha. Quant à notre premier sauveur, il était à présent dans l'Armée rouge.

Témoignage de Lucia Guechman.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Ilya Ehrenbourg (2) Voir plusAjouter une vidéo

[Le Livre noir]
Olivier BARROT présente "Le Livre noir", ensemble de textes réunis par Ilya EHRENBOURG et Vassili GROSSMAN dès 1942 et portant sur l'anéantissement des Juifs par les Allemands, en Union Soviétique. - En 1947, la publication du livre avait été interdite en URSS. Elle n'a pu avoir lieu qu'en 1993, en Russie, à Vilnius où tous les Juifs russes ont été assassinés pendant la guerre.
>Histoire générale de l'Europe>Histoire de l'Europe depuis 1918>Seconde guerre mondiale: 1939-1945 (252)
autres livres classés : shoahVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (87) Voir plus



Quiz Voir plus

C'est la guerre !

Complétez le titre de cette pièce de Jean Giraudoux : La Guerre ... n'aura pas lieu

de Corée
de Troie
des sexes
des mondes

8 questions
1125 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , batailles , armeeCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..