Un ouvrage qui examine avec finesse la relation entretenue par le PCF avec le monde du cinéma tant sur le versant économique et industriel que dans sa dimension esthétique avec en lien entre les deux , l'articulation politique et idéologique et ses différents champs de force parfois contradictoires.
Actif au sortir de la guerre dans la mise en place de structures visant à protéger économiquement le cinéma Francais de la production de Hollywwod , le PCF adjoint à son patriotisme patrimonial une dose de moraline ou le cinéma US est renvoyé au spectacle vulgaire et complaisant du crime et de la luxure en opposition au cinéma hexagonal édifiant et paré des valeurs les plus nobles. le bouillonnement intellectuel autour du Parti et la lucidité des critiques de la presse communiste vont toutefois amener rapidement cette dernière à se positionner plutôt sur un axe films d'auteurs/ Films Commerciaux et qui lui donnera l'occasion de ne pas manquer le rendez vous avec la Nouvelle vague qu'elle soutiendra globalement même si le modèle économique bricolé qu'elle représente a dans un premier temps semble mettre en danger le statut des travailleurs de la profession duquel le PCF restera toujours soucieux, comme pour combler l'écart manifeste entre la Cinéphilie de sa Critique et les goûts grand public de son électorat.
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Tout en se revendiquant depuis Daquin en 1944, l'exception culturelle, le PCF s'est fait l'allié objectif du "petit capitalisme" du cinéma français, comme se fut ouvertement le cas au début des années 60 et le demeure lorsqu'il soutient les producteurs, distributeurs et exploitants du cinéma indépendant, les "artisans" contre les grands groupes de communication mondialisés. Le Palmarès du festival de Cannes 2005 , couronnant "l'Enfant" des Frères Dardenne, consacre selon Jean Roy" le mode production français" et ses "petites ou moyennes sociétés". Défendre ce système et revendiquer un soutien public à la création tient plus aujourd'hui d'une social-démocratie bien comprise que d'un projet révolutionnaire."
Par delà leurs divergences les critiques du Parti ont navigué entre les exigences d'une corporation divisée mais inquiète, celles de lecteurs plus ou moins ouverts à l’innovation et habitués à plus d’homogénéité ,et leurs propres inclinaisons et appétits de cinéphiles. (...) La diversité des publications du PCF comme l’élargissement de l'assise sociologique ,électorale et militante du Parti ont certainement joué un rôle dans le pluralisme affiché qui a permis a certains de défendre les Charlots et d'autres Pasolini ou Jean Eustache .
Il n' y a plus au sein de la critique communiste, la dichotomie qui existait pendant les années 60 (...) Au contraire des années 1950 1960,les goûts du public et ceux de la critique communiste ne se croisent plus, en ce début de XXI e siècle, que par intermittence. La couverture du cinéma indépendant, du cinéma d'auteur et des cinémas émergents accaparent désormais l'essentiel des rubriques cinéma de la presse communiste.
Le cinéma américain se sert de la psychanalyse comme instrument de propagande. Pour les films importés des USA ou inspirés par eux ,la falsification consiste à faire croire que l'ensemble des difficultés morales ,sociales matérielles, se ramène a des problèmes psychologiques voir même psychopathologiques." - Dr Sven Follin, psychiatre in "La Nouvelle Critique" - 1949
Le tournant résolument auteuriste de la critique communiste fait également écho à la mutation sociologique du PCF. Plus la composition et l'électorat du Parti Communiste se sont éloignés, des classes populaires phénomène qui s'est dramatiquement accentué au cours des années 1990 2000 , moins les critiques ont consacré&é d'espace au cinéma de divertissement ."