Tori Dawson c'est une saga dans une saga. Elle est composée de 8 tomes, dont 6 ont été traduits en français. La saga comporte aussi deux « hors-séries ».
Elle s'insère dans un cycle beaucoup plus large, intitulé The guild codex, qui comprend également la saga
Robin Page (en cours de traduction) et Warped. On voit d'ailleurs apparaître Robin dans la saga Tori Dawson, créant par là un cross over.
J'ai tout lu. Enfin, j'ai lu les 8 tomes du cycle Tori Dawson. Et pourtant, j'ai trouvé cette saga inintéressante, ne cassant pas trois pattes à un canard. Mais ça m'a bien divertie. C'était tout ce que je lui demandais. Mon avis sur ce roman vaut donc pour toute la saga, car selon moi, les tomes se suivent et se ressemblent (enfin, non, pas vraiment, car en avançant il y a encore plus d'abdos et de romance prévisible - donc c'est pire, en fait).
Il est question d'urban fantasy humoristique, qui casse les codes et les clichés. On a une héroïne très peu délicate, qui envoie bouler les gens qui l'ennuient, c'est marrant deux secondes. Mais très vite, ça devient moins marrant. En clair, à part les titres et quelques pages par bouquin, j'ai pas trouvé ça si fun que prévu.
Parce que très vite, on se rend compte que l'humour est toujours le même, construit sur les mêmes ressorts : la nana brute de décoffrage dans un monde qui lui est étranger. Ca crée un effet de rupture qui est drôle une fois, deux fois, et au bout de 36 000 fois devient pénible. L'humour 36e degré associé à un comique de répétition ce n'est pas trop mon truc.
D'autre part, concernant les clichés, c'est pareil : Tori Dawson se joue des clichés du genre deux secondes, pour y replonger à pieds joints ensuite.
Effectivement, ce premier roman s'amuse par exemple des Apollons qui entrent en scène. Comme c'est Tori la narratrice, elle nous offre ce regard décalé dès le départ, se mettant des baffes imaginaires toute seule et se gaussant de ce cliché qui la fait malgré elle baver comme une ado prépubère.
Malheureusement, ce regard décalé ne dure pas, et bien rapidement Tori devient obnubilée par la testostérone ambiante et les abdos saillants de ses trois amis évidemment canons aux yeux pétillants et aux cheveux… bref. (j'ai oublié d'évoquer l'élastique des boxers visible à travers les jeans tombés sur les reins - et c'est important de le noter).
C'est ainsi comme cela qu'on se retrouve avec les ingrédients habituels :
- une héroïne humaine qui se retrouve embarquée dans une guilde d'être surnaturels et devient par là « spéciale », protégée par de beaux mâles aux gros bras mais au coeur tendre,
- des catastrophes catastrophiques ciel c'est terrible, mais ouf, Tori est là et fait face avec ses petits bras et ses cartes à jouer aux pires maléfices, qu'elle est douée dites-donc,
- aucun suspense (parce que les gentils gagnent toujours, même quand ils sont en lambeaux - et on se demande d'ailleurs si les trois bonhommes ne sont pas en carton-pâte à force),
- et des facilités scénaristiques grosses comme ça.
Et donc, bof + bof = très bof.
Je m'attendais à un truc déjanté qui déboulonne les clichés et qui s'amuse, mais en fait je me suis retrouvée avec une saga d'urban fantasy commerciale, sans aucune originalité, avec un énorme déséquilibre récit/dialogues (hyper prépondérants, et jamais suffisamment introduits ni étoffés), et une écriture des plus banales, comportant des tics de langage, une variété de vocabulaire assez pauvre et des répétitions plutôt nombreuses. Et évidemment tous les stéréotypes du genre, dont on avait oublié qu'on devait en rire, plutôt que d'en faire le moteur des bouquins.
Malgré tout, j'ai tout lu, et d'une traite. Parce que vous savez, il y a des moments dans la vie où on est fatigué, et où on n'a pas la possibilité d'être au taquet intellectuellement sur la totalité de la journée. J'avais besoin d'une série au ras des pâquerettes, un page turner qui m'empêche de penser, et
cette série a fièrement relevé le défi.
Je déclare donc Tori Dawson saga parfaite pour cerveau vide, et la remercie de s'être montrée plus qu'à la hauteur sur ce plan.