Ce livre ressemble à une enquête policière et comme le dit si bien l'auteur dans les croyances populaires, il y a toujours une part de vérité mais quelle est-elle ?
Cette histoire remonte à la nuit des temps, à la civilisation mégalithique qui n'a laissé que des alignements. Mais malgré tout, des rites anciens sont enfouis dans chacun de nous et la religion ne s'est pas trompée en se les appropriant et en les façonnant à son image. L'auteur a balayé d'une manière méthodique toutes les hypothèses en se basant sur des données aussi bien scientifiques qu'historiques.
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Car c’est bien l’ensemble des alignements qui constitue, à Carnac, le centre d’intérêt majeur. C’est d’ailleurs un site unique dans le monde : jamais ailleurs il n’existe un tel assemblage de menhirs plantés selon un plan déterminé – bien que mystérieux et très discuté – et dans un but incontestablement religieux. Que les légendes locales fassent référence à une métamorphose, par miracle, de soldats devenus des blocs de pierre, ne change rien au fait : il y a, à Carnac même et dans les alentours immédiats, une série d’alignements tout à fait extraordinaires et sans nul équivalent. Cela vaut à Carnac le titre de « capitale de la Préhistoire ». Soyons modestes, et disons plutôt « capitale du mégalithisme ». C’est déjà reconnaître la spécificité du lieu et les nombreuses énigmes qui se posent à ce sujet, quelles qu’aient été jusqu’à présent les tentatives de réponses ou
d’explications qui ont pu être proposées.
J’ai connu Carnac assez tardivement. Et c’est à Brocéliande que tout s’est décidé, que tout s’est déroulé, comme si la forêt enchantée de Merlin était le centre d’un monde clos autour duquel je devais rôder avant de pouvoir signifier mon refus de considérer la réalité apparente comme la seule et unique forme de connaissance qu’il soit donné de pratiquer pour les hommes de bonne volonté. C’est au cours d’un voyage entrepris en compagnie de mon père que j’ai enfin découvert Carnac. Et quand je dis « Carnac », j’englobe dans ce nom magique toute la région qui l’entoure, le pays de cette mystérieuse civilisation mégalithique dont, il faut bien l’avouer, nous ne savons rien, sinon qu’elle fut brillante et qu’elle s’étendit sur plusieurs millénaires, bien avant l’arrivée des Celtes sur l’extrême ouest de l’Europe.
Le site le plus étrange, et celui qui est peut-être le plus caractéristique, est celui de la région de Langon (Ille-et-Vilaine), dans la vallée de la Vilaine. C’est d’abord un groupe de menhirs appelés les « Demoiselles de Langon ». Une légende locale y voit une petite troupe de jeunes filles pétrifiées pour avoir préféré le bal aux prières des Vêpres. Il ne reste actuellement que 37 pierres rangées en six files parallèles, sur la lande du Moulin. Mais c’est sur le territoire de Saint-Just que se situent les plus beaux ensembles, sur la lande de Cojoux et celle de Tréal. Le lieu, dont le sol est très pauvre, est resté assez sauvage et secret.
Il y a cependant une grande quiétude dans le bourg de Carnac, comme si les habitants avaient voulu se protéger de l’aura incontestablement agitée qui pèse sur les alentours : Carnac est la capitale de la Pierre, mais la Pierre est loin d’être immobile, elle vit, elle s’étale, elle se meut au gré des croyances et des rites, elle s’éparpille, et se rassemble dans des rondes infernales. La Pierre. Oui, Carnac est vraiment la capitale de la Pierre préhistorique.
POÉSIE MÉDIÉVALE – Qu’est-ce que BROCÉLIANDE ? (France Culture, 1993)
L’émission « La matinée des autres », par Jacqueline Kelen, diffusée le jour de noël 1993 sur France Culture. Invités : Jean Markale, Claudine Glot, Philippe Le Guillou, Pierre Dubois, Patrik Ewen et Jean Thos.